Chapitre 40

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J'ai passé le reste de la matinée à m'entraîner. Je n'ai jamais été autant épuisée, je ne sens plus mes jambes ni mes bras, en revanche, en a peine 3h j'ai senti ma respiration se ralentir. Mon pouls ne s'accélère plus comme la veille où les jours auparavant. Ma maladie n'est pas si horrible que l'on me l'a décrite, à vrai dire, je n'ai jamais beaucoup couru avant la guerre mais en tout cas, je ne vois pas de changement depuis que je l'ai. Il est 14h, je ne sais toujours pas comment faire, l'idée de Cameron est loin d'être mauvaise, c'est une idée que j'aurai même pu avoir en situation de danger, mais me dire que consciemment avec considération je vais assommer un homme, j'ai une boule au ventre. Un noeud se forme dans ma gorge, je ne sais pas trop pourquoi mais je me laisse aller, les larmes chaudes coulent le long de mes joues. Moi qui m'étais promis de ne plus pleurer, presque 3 mois ici et j'ai faillit plus d'une dizaine de fois à ma promesse. Je ne sais pas bien, est-ce que je pleure d'appréhension, de manque peut être ? Je me craque les doigts sans cesse, j'essuie au passage un filet de bave qui s'échappe se mélangeant à mes larmes. Je dois vraiment faire pitié. Je déteste ne pas avoir le contrôle sur les choses que j'entreprends, je tiens sûrement ça de ma mère, ce côté maniaque, peut être même commandante...certains peuvent voir ça comme un défaut, je le vois comme une qualité. Je prends les choses en main, je respire, analyse, pense, réfléchis et trouve la solution la plus adaptée tout en prenant compte des risques et des probabilités. Plus je réfléchis au plan de Cameron, plus je pense à abandonner, il faut que tout soit prévu dans le moindre détail. Je regardais beaucoup de reportage de meurtriers avant la guerre avec mon père, on pouvait passer des heures dans le sofa à enquêter et trouver toutes les failles d'un plan, ou encore chercher les moindres indices pour trouver qui était le coupable. Certains d'entres eux n'étaient vraiment pas bons, ils laissaient de lourdes traces qui les conduisaient derrière les barreaux alors que des fois, seulement un peu de jugeote aurait suffit. Les détails sont importants, parfois bien plus que le plan en lui même. Si je veux que cette évasion soit réussie, je dois choisir un soldat de ma taille, de mon épaisseur, un soldat moins important pour ne pas qu'on remarque son absence ou du moins qu'on ne fasse pas attention à lui. De plus je dois trouver un soldat...mauvais ? Je ne veux pas m'en prendre à un innocent, qu'au moins il est un comportement, je ne sais pas...
16h. L'évasion est d'ici 7h, je n'ai toujours pas trouvé comment procéder afin de pouvoir participer à l'évasion, j'ai beau me creuser les méninges, a part l'idée de Cam, je n'ai rien trouvé d'autre. J'ai décidé de sortir faire un tour, après mon entraînement intensif de ce matin, je n'ai pas réellement envie de retourner courir. J'aurais bien fait un tour dans les jardins du laboratoire, mais il fait beaucoup trop froid, j'adore la pluie, le bruit des gouttes qui s'écrasent sur l'asphalte, l'odeur petrichor de la terre après la pluie, ça m'inspire. Je trouve ça bête que les gens n'aiment que le beau temps, le ciel bleu, le soleil. A vrai dire, je n'ai jamais aimé ce qu'aiment les gens, je suis à part, un gâchis, une perdante, celle qui reste seule puisqu'elle n'a pas les mêmes goûts. En tout cas, pas de tour dans le jardin, la température extérieure est frigorifiante. Je sais, la bibliothèque. Depuis que je suis arrivée, j'ai eu l'occasion de lire quelques livres, rien de bien nouveau, j'en connaissais déjà plus des trois quarts, j'ai toujours aimé lire. Mais une bonne lecture me permettrai de me relaxer un peu pour pouvoir reprendre mon plan. Je me dirige donc au quatrième étage, le couloir est vide comme à son habitude, très peu doivent venir ici, après tout si ils y viennent c'est pour la bibliothèque et à part Maya je n'ai jamais vu personne ici. Je pousse la grande porte au fond en faisant le moins de bruit possible, si le capitaine et à son bureau je veux éviter toutes confrontations. Lorsque j'entre, le silence est lourd, trop lourd, quelque chose cloche. Je déambule dans les rayons à la recherche de ce qui ne va pas, rien ne semble anormal, pourtant en m'enfonçant un peu plus je commence a entendre:

« -Laches moi Max...s'il te plaît...je t'ai déjà dit...
-Mais on s'aime, tu peux pas le refuser ça, j'ai bien vu comment tu me regardais ce midi.. »

Son regard est plein de sous-entendus, ça me dégoûte, je me rapproche un peu plus pour mieux entendre la conversation.

« -Allez dépêche, embrasse moi rien qu'une fois...peut être que tu veux plus alors ?
-Non Max, lâches moi tu me fais mal...
-T'aimes quand ça fait mal pourtant non ? Salope, t'aimes quand je t'appelles comme ça non ?
-Max.. »

La voix de la fille est étouffée, elle semble pleurer, angoissée...mais c'est quoi ce type. Je me rapproche encore, je les vois dans le rayon. Un certain Max, agrippe une jolie blonde par le bras, il l'agrippe si fort que son bras en est bleu. La fille se cache la bouche de sa main libre et la deuxième main de Max est...sous sa robe. Je m'avance dans les rayon le plus discrètement possible. Un bruit sourd résonne dans l'énorme bibliothèque, et merde putain. J'ai accroché un des livres et celui ci est tombé par terre, les deux têtes se tournent vers moi d'un même mouvement. La jeune fille me lance un regard suppliant, quant à Max, son regard passe de mes pieds à ma tête, s'arrêtant un instant de trop sur ma poitrine.

« -Deux pour le prix d'une...c'est une aubaine.
-Dégages sale chien.
-Hum, j'aurais dit que c'était toi la chienne...mais bon tu m'as l'air plus appétissante que cette blondasse. »

Ce mec me dégoûte il parle de moi comme d'un steak, au moins il a lâché la fille qui s'en va en courant de la bibliothèque. Elle me lance un merci insonore et je me contente de lui répondre d'un mouvement de tête. Très bien, tu vas voir de quel bois je me chauffe.

« -Aller viens n'est pas peur...je suis très doux quand je le veux.
-C'est pas mon truc de faire dans la douceur.
-En plus elle est sauvage !
-Plus que tu ne l'imagines. »

En deux secondes je lui attrape le bras, le mec se retourne, son regard est plein de haine et de...faim. Je réprime un haut le cœur, je lui mets un coup de genou dans le torse, lui fou un coup de poing dans le menton mais Max reste debout. Merde ce type est coriace, je vais devoir me fatiguée un peu alors. Je fais une prise que Lucas m'a enseigné et fais passer le mec derrière mon épaule avant de l'étaler par terre, je ne manque pas de faire tomber tous les livres du rayon. Si je me fais choper c'est mort, le capitaine débarquera et je ne préfère même pas imaginer. Il faut que je règle ça vite fait bien fait. Je lui attrape le bras de nouveau et lui passe derrière le dos, j'enfonce mon pied entre ses deux omoplates et le coince face contre sol.

« -Laches moi petasse !
-La jeune fille te l'a demandé. Tu l'as laissé partir ? Non. Alors...1...2...
-Putain salope !
-...3. »

J'entends ses os craquer, je viens sûrement de lui casser le bras, mais il relève à nouveau. Il me fou pas mal de coups de poings aussi, j'en reçois un dans le nez et je sans le sang couler. Il faut que je le termine rapidement si je ne veux pas avoir d'ennuis. J'attrape la première chose qui me passe par la main, or me voilà peux avancer avec un bouquin. Je lui jette quand même dans la tête, ça ne lui fait aucun effet, il en rit même.

« -Oh. Un livre, le magicien d'oz ? Super sympa. »

Alors même qu'il est encore en train de rire l'étagère énorme du rayon commence à tanguer, j'ai à peine le temps de m'écarter qu'elle se fracasse au sol, écrasant Max sous son poids. Je me rapproche, celui ci est évanoui pour au moins une bonne dizaine d'heure, je fouille ses poches et tombe sur ce à quoi je m'attendais. En effet, pour se battre de la sorte, cet homme était un soldat, Max Fralissino. J'espère que personne ne viendra ici avant l'évasion, si on le voit ici, je ne pourrait pas partir. Je parlerai de lui à Céleste et lui demanderai de le soigner tout de même. Qui aurait pu croire que l'idée de Cameron allait fonctionner ?

Nous survivrons..Où les histoires vivent. Découvrez maintenant