Chapitre 45

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Il doit être à quoi ? 800, 700, 500 mètres ? Je ne saurais le dire. Mais je le reconnais, je n'en doute pas une seconde. Ses cheveux couleur sable, même à cette distance, je peux voir le bleu océan de ses yeux. Je le reconnais dans tous ses traits, son attitude, sa grandeur. Tout. C'est lui, je le cherche depuis 3 mois, je ne pense qu'à lui depuis 3 mois, je n'ai que son prénom qui tourne en boucle dans ma tête. Il est là à portée de main, je ne peux pas laisser passer cette occasion. Je cours en direction inverse, je cours aussi vite que possible, je pourrais être là bas en à peine 1 minute. Il ne m'a pas encore vu, il regarde les corps, un par un. Il relève la tête, la tourne légèrement vers sa gauche, puis vers sa droite, puis sur moi. Ses yeux, les miens. Mon cœur manque un battement. Je m'arrête net. Je le fixe, ses yeux transperçant les miens, je n'ai jamais rêvé un plus beau moment que celui-ci. Je n'ai jamais aimé quelqu'un a ce point, l'aimé tellement a ce que ça m'en fasse mal à la poitrine. Je pourrais tuer, mourir pour lui, je pourrais tout faire pour lui. Il me sourit, ce même sourire qu'il m'a rendu lors du bombardement, un sourire vrai, un beau sourire, mais un sourire triste. Je le vois, une larme perlant dans le coin de son œil, il me murmure un dernier « je t'aime » que j'arrive à lire sur ses lèvres. Et juste un instant plus tard, il n'est plus là. Lui aussi court, mais loin, vers la forêt, il s'en va. J'ai attendu 3 mois, plus ou peut être moins ? Je ne sais même plus...je me suis languis de nos retrouvailles, j'ai rêvé de lui tous les jours. Je l'ai aimé encore plus fort. « Je t'aimerai toujours Emma. » il m'aimera toujours. Mais il fuit. Je ne sais pas...peut être que c'est ce foutu camp, ce foutu gouvernement qui l'en empêche. Mais je le vois partir au loin, et moi, je n'ai qu'une option: le suivre. Je cours encore plus vite, Lucas est doté d'une vitesse surhumaine, j'aurais du mal à le dépasser mais je dois tenter. Je traverse le champ de bataille, j'écrase même des corps...mais plus rien ne compte. Je ne peux pas le laisser partir. Je ne veux plus perdre d'êtres chers..

« -Eh ! Regardez ça ! Y'a une fille, attrapez la ! »

Et merde, lorsque je me retourne, une horde de soldats est à ma poursuite. Ça s'annonce encore plus compliqué, je vais devoir géré ces mecs en même temps que de rattraper Lucas. J'entends vaguement le capitaine hurlé mon prénom mais je ne m'arrête pas pour autant, bien au contraire, me voilà foncé encore plus vite. Ma respiration n'a jamais été aussi performante, chaque bouffée d'oxygène provoque en moi une remontée de force et d'énergie. C'est de ça dont parler le capitaine, ma capacité à courir extrêmement vite sur courte distance. Lucas doit être à 500 mètres devant moi, si je continue à cette allure, je pourrais le rattraper bien vite surtout qu'il n'est pas bien loin. Je profite de ce nouveau « don » et cours à toute vitesse à travers les bois. Les ronces griffent mes jambes et certaines branches me fouettent le visage. Mais je ne ressens plus aucune douleur, à part celle de perdre Lucas, une fois de plus. Les soldats qui étaient derrière moi semble avoir disparu, je les ai surmener semé. Je continue de courir comme ça encore une quinzaine de minutes. Ce n'est pas possible, avec ma vitesse, j'aurai du rattraper Lucas depuis un moment, je ralentis le pas, je sens ma respiration se faire plus rare et saccadée. Mais merde putain il est passé où ?! Il a sûrement du tourner à un moment sans que je m'en aperçoive. Fais chier ! Mes poumons heurtent ma poitrine de plus en plus fort. De plus, j'entends les soldats de tout à l'heure revenir à la charge, tant pis je chercherai Lucas après, maintenant je sais qu'il est là, pour l'instant ma préoccupation c'est d'échapper à ces mecs. Je me remets à courir, mais mes forces sont affaiblies, ma poitrine tambourine, j'ai un point de côté dans tout mon côté droit. Je vois de plus en plus flou, ja ralentis, mes jambes m'abandonnent et je tombe raide. Je n'arrive même plus à marcher ou à ouvrir mes yeux. Je tombe, comme ça, laissant à jamais Lucas loin de moi. Je n'ai plus aucune forces, les types vont certainement me rattraper, si ça se trouve, ils me ramèneront avec eux, me feront subir ce qu'à subit Maya. Je les entends s'approcher. Ils sont juste là.

« -Eh ? Tu crois qu'elle est morte ?
-Je sais pas, on dirait qu'elle respire plus.
-C'est pareil couillon.
-La ferme. Tu crois qu'on la prends quand même ?
-Je sais p.... »

Je n'arrive même pas à entendre ce qu'ils disent. Je m'endors complètement, comme si on était en train de me faire une sorte d'anesthésie générale. Je ne peux pas lutter contre, même si je meurs d'envie de me lever pour repartir dans une course effrénée à la recherche de Lucas. Mon Lucas...

Je me réveille dans une chambre inconnue. Je ne sais pas très bien ce qui s'est passé, je me rappelle de l'expédition, d'avoir retrouver Lucas puis plus rien. Je ne sais pas très bien où je suis non plus. On dirait que ce n'est pas le labo, peut être le camp de la forêt m'a t'il recueillie ? Les murs sont tapissé, la chambre est spacieuse, il n'y a que quelques meubles pour agrémenter la pièce. Le lit à baldaquin dans lequel je suis allongée occupe une très grande partie de l'espace. Dans le coin à droite une commode en bois massif prend tout le long du mur jusqu'à une porte. Sur celle-ci, tout un tas de lettres, de papiers, un cactus et un portait. Une jolie photo dans un cadre, une magnifique femme, une brune aux yeux verts, ses traits sont fins mais semblent ridés par le travail. Elle n'en reste pas moins très jolie, elle me fait penser à ma maman. Elle tient un petit garçon par la main, il a son visage, mais ses yeux ne sont pas aussi verts que les siens. Il sourit de toutes ses dents, il a l'air innocent et heureux. Je ne peux m'empêcher de voir maman et Aaron. Je continue à faire le tour de la pièce, effleurant les murs du bout des doigts, une grande armoire longe le lit. Je me rassois, sur la petite table à chevet de trouve un grand vers d'eau que je bois en une gorgée. A côté de l'armoire, une deuxième porte. Deux portes ? Je me lève une deuxième fois afin d'aller ouvrir celle-ci. Si je suis vraiment au camp de la forêt, Lucas doit se trouver la aussi. Lorsque je regarde ma tenue, je fais aussitôt demi tour. Quand est-ce que j'ai bien pu me changer, me voilà en culotte avec un grand teeshirt, le genre de teeshirt que papa me prêtait tout le temps. Et puis merde, j'en ai rien à foutre. Je vais ouvrir cette satanée porte. Mais alors que je m'apprête à l'ouvrir, celle-ci s'ouvre en même temps. Je me retrouve nez à nez avec lui.

Nous survivrons..Où les histoires vivent. Découvrez maintenant