Nous survivrons..

Chapitre 20

Non, non... je ne peux pas faire ça. Je me lève plus rapidement que je ne l'aurais voulu. Le capitaine me fixe, il semble avoir compris la situation, il se lève à son tour.

« -Je suis désolé Emma..Je ne voulais pas, excusez-moi. Ce n'étais vraiment pas...
-Arrêtez. C'est de ma faute. C'est moi qui..je suis désolée.
-Je ne vous en veut pas. Pas du tout même. »

Pas du tout ? Comment ça pas du tout ? J'ai peur de comprendre ce que le capitaine cherche à me dire. Et en réalité, je ne sais même pas si je suis vraiment désolée. Est-ce que je l'ai vraiment voulu ? Oui. Est-ce que je voulais vraiment le faire ? Non. Pourtant c'est plus fort que moi. Quelque chose me donne envie de le connaître un peu plus, de glisser mes doigts dans ses cheveux toujours en bataille, de savoir par cœur les différentes nuances dans ses yeux. Est-ce que je suis vraiment en train de dire ça ? Comment ça a pu si vite basculer. Je le détestais, je l'ai toujours détesté. Non. Je ne l'ai jamais détesté, et ça n'a jamais basculé, c'est comme ça depuis le début. Le combat qui se déchaine dans mon subconscient m'a complètement emportée, à tel point que je n'ai pas vu le capitaine se lever pour venir tout près de moi.

« -Vous réfléchissez trop Emma. Vous savez parfaitement ce que ça veut dire, arrêtez de ne pas vouloir comprendre.
-Pourquoi ? Depuis quand c'est comme ça ? J'ai jamais voulu quelque chose pareille !
-Croyez moi, moi non plus. Et encore moins avec vous.
-Alors on arrête. A partir de maintenant je n'existe plus, je ne suis plus qu'une invitée, tout comme Lou ou Alan. Plus de combat, plus de cours. Plus rien.
-Vous en demandez beaucoup Emma. Je ne sais pas si je serais capable...
-Vous serez obligé.
-Tres bien. Si c'est vraiment ce que vous voulez. »

Et merde. Est-ce que c'est vraiment ce que je veux ? Il m'a eu. Encore une fois. Je veux vraiment qu'il m'ignore. Ou pas. Lucas n'est plus la, il est même peut être mort à l'heure qu'il est. Je pense sérieusement à ça ?! Je ne sais pas pourquoi le capitaine a un tel effet sur moi. Je n'ai pourtant pas voulu que les choses dérapent ainsi. Mais je suis sure que je ne veux pas que ça aille plus loin. Malgré ce que je peux ressentir.

« -Oui. Je veux que ça s'arrête.
-D'accord. Bonne nuit Emma.
-Bonne nuit. »

Sur ce, le capitaine me tourne le dos, repartant à l'intérieur. Je vais rester ici un peu. J'ai besoin de réfléchir. Est-ce que c'est vraiment ce que je veux ? En fait, je ne sais pas. Le temps semble durer une éternité. Les étoiles brillent de plus en plus fort, et je reste là à les regarder. Ça brille. Beaucoup. Beaucoup trop même. J'essaie de distinguer mais je n'y arrive pas dans la nuit sombre. Derrière la forêt. De la fumée, du feu. Pourtant Cameron et le capitaine m'ont dit qu'on se trouvait à l'écart de toute humanité mais la forêt ne doit faire que quelques kilomètres d'épaisseur. La fumée n'est pas loin. De la civilisation. Je dois avertir le capitaine. Et si jamais ? Si jamais il était là-bas. Si jamais il y avait Lucas. Je descend du toit en trombe avant de toquer à la porte du bureau du capitaine.

« -Oui, Hendrick ? Le suspect est-il éliminé ? »

Éliminé ? Le suspect est-il éliminé ? De quoi veut-il parler ? Quel suspect, et ça veut dire quoi « éliminé ». Le capitaine a raison, je réfléchis trop. Je sais très bien ce que veut dire éliminer. Je ne veux pas y croire, qui aurait-il bien pu éliminer ? Non..il n'est pas comme ça. Pourtant..

« -Hendrick ? Vous l'avez fait ? Tous ? »

Tous ? C'est plus fort que moi, je sais que je devrais fuir. Si le capitaine sait que je sais qu'il « élimine » les suspects, il risque de m'arriver là même chose qu'à eux. Pourtant ma main agrippe la poignée, le baisse et la porte s'ouvre tout doucement. Le capitaine me regarde. De la colère ? Non de la peur ? Peut être même de la culpabilité ? Tout un tas d'émotions traversent ses yeux sombres.

«-Emma ? Qu'est-ce..que vous faites ici ? »

Réponds. Réponds putain. Aucun son ne veut sortir. Mes cordes vocales semblent en grève et ma langue n'est plus capable de faire un mouvement, complètement déshydratée.Le capitaine se lève, passe une main dans ses cheveux bruns. Ce geste qui m'attirait tant sur le toit, me dégoûte désormais. Qu'a-t-il fait avec ses mains ? Combien de gens a t'il pu tuer ? Je me recule lentement, c'est lorsqu'il m'attrape le poignet que je daigne enfin répondre. J'ingurgite péniblement ma salive.

« -De la fumée. De l'autre côté de la forêt. »

C'est tout ce que je peux dire. Je me détache de sa prise et m'en vais précipitamment. Je cours jusqu'à ma chambre. Je me jette sur mon lit, et alors seulement, j'essuie mon visage trempé de larmes. Des gens biens ? Des résistants ? Non, ce laboratoire n'est qu'en fait une prison. Une prison où l'on tue. Où il tue. Lui. Je déteste pleuré, mais je ne peux plus contrôler, de grosses perles d'eau salée roulent sur mes joues. Mes draps sont trempés. Depuis combien de temps est-ce que je pleure ? Le capitaine m'a t'il vu ? Je n'en sais rien, je ne veux pas savoir. C'est décidé, je vais me casser, me casser de ce putain de laboratoire. Et si mes amis ne veulent pas, je reviendrai les chercher plus tard. Mais avant tout je dois absolument me rendre au « sous-sol ». Et si il y avait d'autres otages. Je sais que celui qu'ils ont emmenés tout à l'heure est un renégat, mais si il n'était pas mauvais ? Si il venait juste secourir ses camarades ? J'ai toujours pensé que le capitaine nous caché quelque chose. Et si c'était ça ? Je m'endors petit à petit. Mon plan se dessinant peu à peu dans ma tête pour essayer de secourir les résidents du sous-sol. La capitaine ne peut pas être un homme bien, je l'ai senti dès le début.