10: Fuite dans la nuit sombre

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- Vous partirez ... commença Mme Teiera, alors qu'elle racompagnait Louis jusqu'à sa chambre.

- Tu. S'il te plaît j'ai l'impression d'être vieux quand vous me vouvoyer, le coupa le jeune homme avec un petit sourire.

Depuis que le majordome avait fait la fête en compagnie des autres employés de la villa, Louis avait réussi à oublier momentanément la tristesse de la disparition de son père et de son emprisonnement.

La dame aux cheveux grisonnants hocha la tête doucement. Elle avait compris que ce garçon était d'une gentillesse hors du commun. Peut être que lui ...? Non elle ne devait pas y penser ... même si l'idée était tentante.

- Très bien, fit-elle finalement. Alors fais pareil. Tutoie moi, s'il te plaît. Tout à l'heure je voulais te demander si tu dormirais ici ce soir avant de partir ? ajouta-t-elle après un petit silence.

- Oui ... mais je pense que je vais rester.

Mme Teiera eut un grand sourire et se tut jusqu'à la chambre du jeune prisonnier. Ce dernier, n'étant pas fatigué, avait déjà en tête de visiter les lieux durant la soirée ... et peut-être la nuit qui sait ?

- Avant de te laisser, je tenais à te préciser. Si jamais tu as l'idée de te balader dans la villa ... ne t'aventures pas dans le côté gauche après l'escalier de l'entrée ... s'il te plaît.

Le regard de la nourrice de William se fit inquiet. Elle avait peur que le jeune homme aux cheveux châtains se promène dans la demeure et se retrouve dans les chambres où vivait celui qui l'avait enfermé, provoquant probablement une colère noire chez ce dernier.

Louis hocha la tête, tout de même curieux de savoir ce qui se trouvait dans la partie de la villa qui lui était interdite.

- Bonne nuit ... termina-t-il en fermant doucement sa porte de chambre.

Il attendit patiemment quelques minutes, cherchant un élastique pour ses cheveux qu'il avait laissé détachés. Quand il eut trouvé l'objet de ses convoitises il partit dans le couloir, bien décidé à aller découvrir ce qui se cachait dans la partie gauche de la villa.

Louis repassa devant le grand tableau familial le laissant pour la deuxième fois ébahi face aux détails qui recouvraient la peinture.

Du côté gauche de la villa, les pièces semblaient plus sombres, plus mystérieuses. Louis avançait tout en regardant autour de lui, marchant parfois en arrière pour admirer ce qui était dans son dos.

Il arriva finalement devant une multitude de portes. La première était fermée sur une immense salle de bain, la deuxième sur une pièce vide, à l'exception d'un grand miroir sur tout un pan de mur et de deux barres, au parquet verni.

Un petit escalier menait à l'étage supérieur.

Sentant la curiosité devenir de plus en plus forte, Louis gravit les marches caressant doucement la rambarde de bois qui les ornaient. Il se retrouva devant une porte de chêne blanc, entrouverte. Une faible lueur s'échappait de l'ouverture.

Louis s'avança, poussant délicatement la porte et entra dans la pièce. Ce qu'il vit le laissa sans voix.

Un majestueux lit à baldaquin rouge trônait au milieu de la chambre avec à son bout un coffre de bois plat où l'on pouvait s'y asseoir. Un grand tapis pourpre recouvrait une petite partie du sol, témoignant de l'immense superficie de la pièce.

Au fond de la chambre, se trouvait un escalier de pierre de quelques marches mettant sur un pied d'estrade une petite table ronde.

Posée dessus, un napperon blanc était recouvert d'un pot en verre où poussait une rose rouge.

Louis était émerveillé par la fleur à l'apparence délicate. Il était si absorbé par les pétales carmins qu'il ne vit pas le nouvel arrivant qui l'observait, un mélange de colère et d'inquiétude dans les yeux.

William grimaça quand Louis approcha doucement ses doigts de la fleur. Sa fleur. Il ne devait pas la toucher. Elle était à lui. Elle était celle qui l'avait enfermé ici.

Il se dirigea rapidement vers le jeune homme qui sentit une présence à ses côtés et se retourna d'un seul coup.

En voyant celui qui l'avait enfermé, Louis eut la peur de sa vie. Effrayé par le jeune homme qui lui faisait face, il recula de plusieurs pas, heurtant le mur près de la fenêtre.

- Vous n'avez rien à faire ici ! cria William d'une voix dure.

Ce dernier jetta un coup d'oeil à sa rose tandis que Louis, pris d'une frayeur sans nom, partait de la chambre en courant. Le jeune homme aux cheveux mi-longs dévala l'escalier de bois puis celui de l'entrée.

Attirés par le cri de leur maître ainsi que par les bruits de pas qui résonnaient dans la nuit calme, les employés de la villa se dirigèrent d'un accord commun vers les appartements de leur maître. Ils aperçurent au loin Louis qui courrait en direction de la porte, comme s'il voulait s'enfuir de la villa.

A peine eut-il posé un pied sur le perron de pierre, que le jeune homme aux yeux noisette regretta ce qu'il avait fait.

En jetant un regard derrière lui, toujours effrayé par le comportement agressif de celui qui l'avait enfermé, Louis décida qu'il était temps pour lui de partir.

Alors qu'il courrait, presque pieds nus dans l'herbe fraîche de la nuit, la neige se mit à tomber, le faisant grelotter de froid après quelques minutes.

Louis arriva près du portail de fer et s'accrocha aux détails fisselés de la grande porte de métal.

Il voulait partir.

Le jeune homme réussit à l'ouvrir après plusieurs efforts, commençant à ne plus sentir ses doigts.

Il trouva cela étrange, dans ses souvenirs, le majordome lui avait dit que le portail était toujours fermé à clé et que cette dernière était détenu par leur maître. Cependant, il n'y pensa plus, se disant que c'était une chance pour lui, et s'enfuit dans la forêt d'arbres dénudés.

Une heure plus tard, Louis s'arrêta et se blottit contre un rocher, la nuit l'empêchant de voir où il allait. Il tremblait comme une feuille, il fallait dire que le jeune habitant de Venise était vêtu seulement d'un tee-shirt à manche courtes, d'un pull et d'un pantalon de tissu plutôt léger.

Alors qu'il fermait les yeux, pensant qu'il allait finir comme la petite fille aux allumettes dans le conte de Andersen, quelque chose le souleva.

Il s'endormit contre un torse chaud, remerciant son sauveur dans un dernier murmure.

Le Beau et la Bête [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant