12: L'espoir

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- Comment va-t-il ?

Louis revenait dans la chambre de William pour prendre de ses nouvelles chaque jours depuis une semaine. Il fallait dire que depuis sa fuite dans la nuit, il s'inquiétait pour celui qui l'avait sauvé même si ce dernier n'avait pas toujours été gentil avec lui.

Il avait toujours été comme ça, à s'inquiéter et à penser aux autres avant son propre bonheur... ou dans le dernier cas : sa liberté.

- Il s'est endormi. fit Mme Teiera en regardant le jeune homme qui dormait tranquillement.

- Dit... J'ai une question à te poser. Pourquoi vivez vous tous ici et que je ne vous ai jamais vu à Venise ?

La dame aux cheveux grisonnants le regarda avant de détourner le regard vers l'horizon.

Louis suivit son regard, ne voulant pas la forcer. Il observa cependant les délicats pétales de la rose, raison même de sa fuite quelques jours plus tôt. Ses yeux se posèrent ensuite sur le jeune homme qui dormait paisiblement, tourné sur un côté, le bras droit sous sa tête. La lumière qui illuminait légèrement son visage ne semblait le déranger.

Le jeune homme aux cheveux mi-longs se surprit à penser que malgré ses airs d'insensibles, le garçon endormi n'était en réalité pas si effrayant.

- En réalité... William n'a pas toujours été comme ça, murmura tendrement Mme Teiera sortant Louis de ses pensées.

Elle marqua un silence qui ne dura que quelques minutes. La femme en avait profité pour s'asseoir sur le coffre de bois qui trônait au bout du lit.

- William... a perdu sa mère lorsqu'il avait huit ans. A la fin, elle n'arrivait plus à marcher et lui criait dessus pour un rien. Finalement la tumeur du cerveau qu'elle avait l'a tué... William en a été dévasté. Son père, lui, a décidé de l'endurcir. Après la mort de sa femme, il est devenu violent avec son fils.

Au fur et à mesure que la mère de Tazza lui confiait le passé du jeune homme blessé, Louis sentait une vague de compassion grandir en lui. Il regardait le principal concerné d'un autre oeil. Il n'éprouvait pas de pitié, non... Louis savait juste ce qu'il ressentait.

William grogna légèrement et Mme Teiera ferma ses yeux chocolat.

- La seule chose qui permettait à William de garder un peu d'humanité, c'est la rose que sa mère lui avait offerte avant sa mort. Depuis il s'en occupe avec tout l'amour qu'il peut. Si jamais cette fleur venait à mourir... je ne sais pas ce qu'il se passerait...

Mme Teiera se leva, elle avait terminé son récit. Maintenant, si le jeune homme aux yeux noisette voulait plus de réponses ou avait plus de questions, il devrait les poser directement à William. Elle en avait déjà beaucoup dit.

Elle partit, laissant l'amoureux des livres au chevet de celui qu'elle considérait comme un fils. Elle l'avait à moitié élevé après tout.

Louis, quand à lui, s'assit sur le lit, près de William et l'observa. Finalement, alors qu'il lui changeait son pansement afin de nettoyer sa plaie, le jeune homme aux cheveux châtains l'imagina, plus petit, près de sa mère qui venait juste de mourir.

Louis se demanda même si il valait mieux ne pas avoir connu celle qui l'avait mise au monde ou avoir comme dernier souvenir d'elle, son corps mort sur un lit.

Alors qu'il partait, le jeune homme ne remarqua pas que William avait ouvert les yeux et le regardait avec un petit sourire.

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Devant Louis, Mr Candeliere et celle qu'il aimait dansait sur un morceau plutôt lent que jouait le seul musicien de la demeure. A ses côtés, la mère de Tazza observait le couple d'un oeil triste tandis que son fils courait tout autour de la pièce.

- Si seulement, nous pouvions sortir de cet endroit... murmura-t-elle en baissant sa tête.

- Peu importe, ce que l'on peut penser. On s'est juré de rester ici pour William. Et puis... la vie ici n'est pas si terrible ! affirma Mme Abito, celle qui connaissait tout de la mode et qui aidait autrefois William à choisir ses vêtements, en regardant son mari qui jouait au piano.

Ce dernier fit une fausse note, le faisant grimacer, et sa femme soupira tristement en détournant le regard.

- Vous savez... je sais ce que vous ressentez, fit gentiment Louis. Ayant perdu ma liberté il n'y a que quelques semaines...

- Il faut arrêter de ne pas y croire ! Un jour nous pourrons être comme avant et flâner dans les gondoles de Venise ! s'écria Mr Candeliere en s'approchant d'eux, les mains croisées dans celles de sa petite amie et alors que la chanson venait juste de se finir.

- Et je retrouverais mon épouse... soupira Kremlin en secouant désespérément la tête.

Les habitants de la villa parlaient entre eux de leurs souvenirs, de ce qu'ils étaient. Louis les regardaient, réfléchissant à son propre bonheur et se demandant si il pouvait les aider.

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Dans la forêt, couché dans un lit inconnu, Richard Rowe venait de se réveiller. Il tourna la tête de droite à gauche, essayant de se rappeler comment il était arrivé là.

Alors que la porte de la chambre s'ouvrait, l'homme se toucha la nuque... elle lui faisait mal. Une femme aux cheveux blonds clairs entra dans la pièce.

- Oh ! Tu es réveillé ! Comment vas-tu ?

Richard la reconnu aussitôt, c'était Anna, une jeune infirmière qui s'était occupé de lui un jour où il s'était cassé un pouce.

- Ça pourrait aller mieux...

Elle haussa un sourcil, penchant légèrement sa tête sur le côté, lui donnant un air innocent. Elle déposa au côté du blessé une tasse de café fumant tout en lui demandant de lui raconter ses problèmes.

Il fallait savoir qu'Anna était très curieuse et s'intéressait particulièrement à la vie tourmenté de ses patients. Celui-là plus précisément car la jeune femme l'avait retrouvé endormi au beau milieu de la forêt, la neige le recouvrant peu à peu.

Richard, d'ailleurs, regardait les flocons qui tombaient par la fenêtre de la chambre avant de commencer à expliquer ce qui le tracassait. En parler avec Anna ne le dérangeait pas.

- Mon fils s'est retrouvé enfermé dans la villa tout près d'ici ! Par ma faute en plus ! Je voulais juste lui offrir une rose, je savais que c'était sa fleur préférée... elles étaient si belles...

- Je connais cette villa ! murmura Anna en fixant le ciel bleu tacheté parfois de nuages blancs.

- Vraiment ? Dis moi que je pourrais revoir mon fils et qu'il sortira de cette magnifique prison ! demanda le père de Louis en se rapprochant de la jeune infirmière.

- Va savoir... termina cette dernière en dissimulant un sourire.

Le Beau et la Bête [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant