Le Beau et la Bête [BxB]

25: Non !

Le silence qui suivit le coup éclatant fut à la fois long et court. Pendant un instant, Louis fut incapable de bouger, la déflagration résonnant encore à ses oreilles. Durant ce petit moment, le jeune homme put fixer William du regard avec soulagement mais lorsque ce dernier esquissa une grimace de douleur, le plus jeune des deux eut un mouvement vers lui.

Cependant, quelqu'un l'arrêta à l'aide d'une pression sur son bras.

Il regarda alors, impuissant, celui qu'il aimait tomber à genoux au sol une main sur son épaule. De la où il était, Louis aperçut un liquide rouge couler sur le parquet de la bibliothèque.

- William ! hurla le jeune homme en se dégageant de l'emprise qui le retenait.

Il se retourna pour faire face à Élise. Le garçon aux cheveux chatains avait bien compris que la jeune blonde était derrière tout ça. Cette dernière, le visage déformé par la colère, pointait une arme à feu droit sur lui. Ses yeux verts étaient injectés de sang. Le doigt sur la gâchette, elle patientait, jouant avec sa proie. Après tout, c'était elle le chasseur !

- Élise... où as-tu eu ça ? demanda Louis en reculant d'un pas.
- Mon père le garde toujours dans son bureau. D'ailleurs, c'est lui qui m'a appris à tirer, pas mal non ?

Pas toujours, pensa le garçon en fixant l'arme.

- Bouge toi de la, Louis ! s'exclama alors la jeune fille. Si tu ne t'écarte pas de mon chemin, je n'hésiterais pas à tirer.
- Je peux pas faire ça et tu le sais très bien Élise.
- Je dois terminer mon travail !
- Quel travail ? s'écria le garçon en reculant encore d'un pas.
- C'est un monstre ! Laisse moi le debarasser de ta vie ! Ça sera beaucoup mieux pour nous deux !

Louis eut envie de vomir. Comment pouvait-elle dire ça ? Comment pouvait-elle ? Le jeune homme baissa la tête en murmurant :

- Je ne te laisserais pas passer.
- Alors tu ne me laisse pas le choix, constata Élise en s'approchant.

La blonde arriva à sa hauteur et essaya de le dépasser mais le garçon avait d'autres projets pour elle. Quand elle se décalait vers la droite, il faisait de même, puis quand elle voulait le contourner par la gauche il se mettait devant elle. Une bataille de regard complétait la confrontation entre les deux jeunes adultes.

Noisette contre émeraude. Amour contre haine. L'un voulant protéger celui qu'il aimait, l'autre voulant le tuer.

Énervée, Élise poussa de toutes ses forces Louis qui, sous l'étonnement, tomba en arrière. Il essaya tant bien que mal de se rattraper aux étagères mais le garçon ne fit qu'entraîner les livres qui les comblaient. Il se frotta le dos pour faire passer la douleur et écarta rapidement les romans qui étaient étalés sur lui. Louis aperçut l'un des livres qu'il avait voulu lire durant la convalescence de William. Le prince des glaces.

- Non ! s'exclama la voix d'Élise derrière lui.

Le jeune homme se retourna vivement en se relevant. Sa tête lui tourna un peu mais il n'y prêta pas attention. Sa priorité était William... qui n'était plus assis sur le sol.

Sur le parquet, là où se trouvait avant le maître des lieux, il n'y avait plus qu'une grosse tâche de sang écarlate.

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William marchait dans les couloirs de la grande maison. Ou plutôt se traînait, les couloirs lui servant d'appuis.

Son épaule droite lui faisait horriblement souffrir. La balle tirée par Élise s'était figée dans sa clavicule et n'était pas ressortie. William fit une petite pause. Il commença à être essoufflé et sa tête lui tournait. Le jeune homme aux cheveux noirs eut l'impression de brûler avant d'être pris par un froid glacial. Sans comprendre, il se mit à trembler.

Il se remit à marcher, chaque pas lui semblait être plus lourd que le précédent. Le garçon avait l'impression que tout son corps devenait de la pierre. Seul son coeur ne pouvait pas devenir aussi dur que du granit car il l'aimait.

- Louis...

William réussit à arriver jusque dans sa chambre où il s'allongea sur son lit. Il ferma les yeux, redoublant d'effort pour ne pas pleurer ou crier de douleur. Je ne te laisserais pas passer. Je ne peux pas faire ça. C'est un monstre. Ça sera beaucoup mieux pour nous deux. Je ne te laisserais pas passer. Ces mots tournaient en boucle dans sa tête. Louis avait essayé de le protéger et lui, tout ce qu'il avait pu faire, c'était fuir comme un lâche.

- Je suis désolé...

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- Élise ! Arrête !

Louis courrait après la jeune fille depuis un petit moment déjà. Enfaîte, depuis qu'elle avait quitté la bibliothèque par une porte qui menait à une pièce adjacente à celle remplit de livre. Le garçon avait une peur qui grandissait au fur et à mesure que le temps passait. Il savait qu'Élise était prête à tout pour faire disparaître William et il était terrifié à l'idée de ne pas réussir à l'en empêcher.

Bientôt, la blonde arriva devant une porte que Louis connaissait bien. La chambre du maître des lieux.

- Non... fit-il en comprenant.

William s'était probablement traîné jusqu'ici et maintenant il était bloqué dans la pièce.

- Non, non... non, paniqua le jeune homme alors que celle qu'il détestait ouvrait la porte.

Louis se précipita derrière elle. Élise avait ressorti son arme à feu et la pointait maintenant vers William qui était assis sur son lit. Celui ci fixait le plus jeune du regard. Il gravait dans sa mémoire le souvenir du garçon. Il se rappela tous les moments passés avec lui, les rires qu'ils avaient échangé, les confidences... le plus vieux eut alors l'impression que sa vie avait commencé le jour où Louis était apparu.

Mourir avec celui qu'il aimait comme dernière image ne le dérangeait pas. Bien au contraire. Il arriva à se lever. Son père lui avait appris que si jamais il devait être tué, c'était plus courageux debout et la tête haute.

- Je t'aime, murmura-t-il en direction de celui qui faisait battre son coeur.

Ce fut les mots de trop pour Élise qui appuya sur la gâchette au moment où Louis se jetait sur elle.