23: Je l'aime

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- Papa, comment...? Élise, fit Louis en comprenant soudain la raison de son père dans un taxi fermé.

Maurice Rowe hocha tristement la tête, sans vraiment d'entrain. Il se contentait de détailler son fils du regard, heureux de le voir après tant de jours sans lui. Toujours silencieux, il enlaça le jeune homme et plongea ses mains dans ses cheveux.

Il lui avait manqué terriblement.

- Papa ? Il faut que je sorte d'ici.
- Tu veux déjà me quitter ? demanda-t-il avec un sourire taquin.
- Papa, lui répondit Louis en lui rendant son sourire mais haussant tout de même un sourcil pour montrer l'importance de la situation.
- J'ai déjà essayé, mais ils ont du mettre la sécurité pour enfants ou un truc du genre.

Il soupira d'épuisement tout en se gratouillant la mâchoire à l'aide de son index. Ce tic apparaissait quand le père de Louis était nerveux. Plus tard, le jeune homme aux cheveux chatains avait pris la même habitude.

- Si seulement j'avais quelque chose de fin... mmh... assez grand... et euh... un peu pointu, je pourrais peut être y arriver, fit le plus vieux en mimant un objet.
- Comme une aiguille ? Ou... ça ?

Louis présenta à son père l'une des attaches qui retenait ses lourdes mèches. Les deux hommes eurent un regard complice avant que Maurice s'attaque à la portière sous les yeux amusés et reconnaissant du plus jeune.

- Dis Louis, pourquoi tu veux repartir ?
- Euh... Il faut que je prévienne William, fit le garçon en détournant le regard, rougissant légèrement.
- Et c'est qui ce William ?

Louis baissa la tête, sentant ses joues brûler. Son père, quand à lui jetta un coup d'oeil dans sa direction, avant de sourire et se reconcentrer sur son travail.

- Il n'était finalement pas méchant.

Le jeune homme releva ses yeux noisette pour observer l'ancien styliste d'intérieur, choqué par ses mots. Jamais le garçon aurait pensé que son père puisse déduire que celui qui l'avait enfermé soit gentil. Après tout, William l'avait un peu malmené.

- Je...
- Qu'est-ce que tu ressens pour lui ? le coupa Maurice Rowe sans quitter des yeux ses mains.

Louis ne sut quoi répondre. C'est vrai que quand il pensait à lui, son coeur s'emballait et quand il prononçait son nom ses joues se coloraient de rouge mais... qu'est-ce qu'il ressentait ?

- Je sais pas...
- Viens m'aider s'il te plait, murmura son père.

Le garçon s'approcha de lui, tant bien que mal, et s'empara délicatement de l'objet de fortune afin que son père puisse continuer son travail de l'autre côté de la vitre.

- Est-ce que ton coeur bat plus vite quand tu le vois ? demanda l'habitant de Venise.
- Oui, mais...
- Est-ce que tu penses constamment à lui ?
- Oui, par contre...
- Est-ce que quand tu as besoin d'aide c'est lui qui te vient à l'esprit en premier ? le coupa-t-il une deuxième fois.

Louis ouvrit la bouche pour répondre avant de la refermer. C'était inutile de parler puisque la réponse était encore "oui".

- Ça veut dire que tu l'aimes. fit calmement son père avant d'entendre un petit déclic. Oh ! C'est bon.

Il descendit la fenêtre, regarda dehors si personne ne pouvait les voir et ouvrit la portière de l'extérieur. Il sortit de la voiture puis aida son fils à faire de même.

- Alors ? Tu l'aimes ?
- Je...

Louis ferma les yeux avant de répondre :

- Oui je l'aime.

Sa voix sonnait comme une constatation, un peu triste, sans vraiment d'entrain. Après tout son père accepterait-il cette relation ? Et surtout William l'aimait-il ?

- Formidable ! s'exclama le plus vieux des Rowe.
- Tu... tu ne m'en veux pas ? demanda Louis sans comprendre.
- Pourquoi j'en voudrais à mon fils d'aimer une personne ? Que ce soit une fille ou un garçon peu importe ! Tant que tu es heureux c'est suffisant.
- Donc ça ne te dérange pas... ? fit encore une fois le plus jeune en fixant son père.
- Non. Ce qui me rends le plus triste, c'est que je n'aurais jamais de petits enfants. Mais si ! Vous pourrez toujours en adopter. Donc, non, ça ne me dérange pas.

Louis eut un sourire reconnaissant et se jetta dans les bras de son père. Il le serra fort mais celui ci le repoussa doucement.

- Vas-y.

Le garçon hocha frénétiquement la tête avant de marcher vers la sortie de Venise. Quand il fut à quelques mètres, la voix de son père l'arrêta et il se retourna :

- Et Louis, ça te va bien le jaune !

Le jeune homme lança un regard vers ses vêtements avant de le remercier et de se remettre à marcher.

- Louis ? le rappela le plus vieux alors que le garçon se retournait une fois de plus. Dépêche toi.

Son fils eut un mouvement imperceptible du menton. Maurice eut un petit rire avant d'ajouter :

- Ça veut dire : courre.

Le jeune homme aux cheveux chatains eut un dernier regard vers son père avant de courrir dans les rues de Venise.

- Et, toi !

Le père de Louis se retourna d'un seul coup vers la voix qui l'avait interpellée.

- Oui ? fit-il avec ironie en direction de l'homme qui était censé le surveiller.
- Je peux savoir ce que tu fais dehors ?
- Un tennis.
- Je te demande pardon ?

Maurice Rowe eut un rire. Décidément, c'était drôle d'être insolent envers une personne qu'il n'aimait pas. Et si ses actes pouvaient permettre à Louis de partir rejoindre celui qu'il aimait alors pourquoi pas ?

- Sans vouloir vous offenser, vous n'êtes pas vraiment doué pour surveiller quelqu'un.
- Je... fit l'homme en voyant rouge.
- Élise vous avez pourtant prévenu de ce qui se passerait si Louis ou moi même sortont de la voiture, non ?

Le père du garçon eut un sourire narquois. Vas-y, suis moi, pensa-t-il. Comme s'il avait entendu ses pensées, celui qui les surveillait se dirigea droit sur lui. Parfait !

- Et le vieux ! Si tu rerentres dans la voiture sans faire d'histoire, je ne ferais rien.
- Le vieux, comme tu dis, est plein de ressource, rétorqua Maurice avant se dirigeant vers la rue opposée à celle qu'avait pris Louis de façon à être suivi par le garde d'Élise.

Le Beau et la Bête [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant