19: Quelques pas de danse

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Il est magnifique.

Ce fut les premiers mots que pensa William quand il aperçut Louis.

Son costume, couleur du soleil, le faisait rayonner plus que d'habitude. Le haut était décoré de jolis fils d'or qui traçaient des motifs sans formes précises. Ses manches n'était en réalité que deux voiles de soie qui retombaient sur ses avants bras. Ce que le plus vieux avait pris pour un tee-shirt se releva être une veste qui lui retombait au niveau des genoux. Son bas, plus clair, était décoré d'une ceinture presque blanche. Ses cheveux, habituellement coiffés en une couette basse ou détachés, avaient été attachés en un chignon lâche. Plusieurs mèches rebelles s'en échappaient mais la plupart restaient accrochées à l'aide d'un fil doré.

De son côté, Louis détaillais également William du regard.

Ses habits, couleur bleu roi, le rendait plus imposant. Ses manches longues se finissaient par de la dentelle fisselée et retombaient sur ses poignets. Le col de sa veste était attaché à l'aide de dentelles, qui ressemblaient à celle qui se trouvait aux manches. Son bas, lui arrivait au niveau des genoux tout comme sa veste. Les bordures étaient décorées de fils d'or. Ses cheveux noirs, plus courts, étaient coiffé de façon à être décontractés tout en étant chics. Et même ses deux cicatrices, qui d'habitude lui donnaient un air plus méchant, le rendaient maintenant plus attachant.

Quand les deux jeunes hommes se retrouvèrent, en bas de l'escalier, William commença à se sentir mal à l'aise et joua avec ses manches.

- Tu... tu es beau ce soir, murmura-t-il doucement.

Louis le remercia avec un grand sourire. Le jeune homme entraîna alors le plus vieux vers la salle à manger, impatient d'attendre plus longtemps. Pas qu'il avait faim, mais l'envie de lui montrer ce qu'il savait faire en danse était trop forte.

- Louis ! Attends ! s'exclama le maître des lieux en s'arrêtant devant la porte de chêne de la salle à manger. Je... je voulais...

- Oui ? demanda le plus jeune, après quelques minutes, lorsque William s'arrêta de parler.

- Pour les vêtements... je suis désolé qu'ils soient aussi vieux. Ils appartenaient à mon père. Enfin, il les avait commandé pour une fête et c'était le thème... euh, je veux dire, c'étaient les habits de l'ancien temps qu'il fallait mettre... et du coup...

- William, le coupa tendrement le jeune homme habillé en jaune. Calme-toi, je les aime bien ces habits, ajouta-t-il pour le rassurer.

Ces quelques mots firent l'effet escompté sur le jeune homme aux cheveux noirs qui se dépêcha d'ouvrir la porte donnant sur la salle à manger. Elle laissa place à un grand buffet garni de mets, de toutes couleurs, les plus extravagants possibles. Pendant quelques minutes, le maitre des lieux observa le plus jeune discrètement.

- Ça te plaît ? demanda finalement William, soucieux.

- Bien sûr !

- Pourtant, tu ne manges pas beaucoup, remarqua le plus vieux en observant l'assiette encore pleine devant Louis.

- Oh, euh... en fait, je pense que je suis trop stressé pour manger quelque chose et les nombreux choix possibles jouent aussi beaucoup, s'expliqua le jeune homme en posant ses coudes sur la table et sa tête dans ses mains.

- Stressé ? Tu sembles plutôt détendu...

Le plus jeune sourit sous la remarque de William. Il but finalement un petit peu sa soupe orangée, sous les yeux attentifs du maître des lieux. Ce dernier mangeait tranquillement sans quitter du regard l'ancien habitant de Venise, soucieux de son bien être. Il avait enfin réussi à se détendre malgré la présence, pourtant apaisante, du jeune homme aux cheveux châtains. William ne comprit pas ce qu'il se passait lorsque Louis se leva avant de se diriger vers lui.

Le jeune homme en avait marre d'attendre, trop impatient de montrer à son aîné ce qu'il savait faire en danse. Il l'entraîna alors hors de la salle à manger, sans un mot mais avec un sourire rassurant. Le plus vieux resta silencieux ne voulant pas gâcher ce moment enchanté.

Pour la deuxième fois depuis qu'il était ici Louis le touchait volontairement, et pas pour le soigner cette fois-ci. William avait oublié à quel point son contact était magique. Ce dernier lui procurait d'ailleurs une étrange chaleur dans son coeur. Le jeune homme habillé en bleu s'accrocha plus fermement à celui vêtu de jaune. Le concerné sentit les mains puissantes de William se resserrer contre les siennes et il lui offrit son plus beau sourire.

Arrivés dans la salle la plus grande de la villa, probablement la pièce où l'on faisait la fête, Louis lâcha les mains du maître des lieux.

- Regarde ! Bon, je suis pas très doué mais je fais de mon mieux, le prévînt le plus jeune avec une mine déconfite.

Il commença à tourner et à se déplacer lentement, concentré sur ce qu'il faisait. William l'observait sans un mot hypnotisé par les mouvements du garçon. Il était maladroit : son coude trop bas, ses jambes tremblaient légèrement... pourtant Louis possédait une grâce naturelle qui empêchait le plus vieux de détourner son regard bleu.

Le jeune homme se rapprocha de celui qui dansait, et l'arrêta doucement en l'attrapant par le bras. Il posa ses mains sur ses hanches et le rapprocha de lui alors que ce dernier le regardait sans comprendre. Avait-il fait quelque chose qui ne fallait pas ?

William commença alors à bouger, l'entraînant avec lui dans la salle. La plus vieux n'avait pas la même adresse qu'il possédait plus jeune cependant il arrivait à se souvenir de quelques pas. Louis calqua ses pas sur les siens.

Un grand sourire sur les lèvres, il se rendit compte que William réalisait son rêve, sans vraiment le savoir, et il murmura un petit merci que le maître des lieux entendit. Finalement, les deux garçons s'arrêtèrent et le plus vieux fit une révérence faisant rire le deuxième.

- Viens, j'aimerais te montrer quelque chose, annonça William alors qu'une musique s'élevait du piano.

Il soupira et murmura à l'oreille de Louis que son personnel ne changerait jamais. Il lui demanda également de fermer les yeux avant de l'emmener dehors.

- C'est bon, tu peux les ouvrir.

Le plus jeune entrouvit alors ses paupières et regarda William sans comprendre. D'un signe de tête, ce dernier lui désigna le ciel et Louis leva donc ses pupilles noisettes et fut ébahi.

Des milliers d'étoiles brillaient d'une lueur presque surnaturelle, éblouissant le ciel noir.

Jamais Louis n'avait vu un tel spectacle, à Venise les astres de la nuit n'étaient pas aussi lumineux. Il en eut les larmes aux yeux.

A côté de lui, William l'observait sans retenu. Il ressentait enfin que son coeur avait retrouvé la partie manquante qu'il cherchait, refermant ainsi le vide qu'il y avait.

Le Beau et la Bête [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant