21: Seul

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William tournait en rond dans sa chambre.

De toute les décisions qu'il pouvait prendre, il avait choisi la pire. Maintenant que Louis était parti, le jeune homme avait l'impression qu'il n'avait plus aucune raison de vivre. Même si le garçon aux cheveux châtains lui avait affirmé qu'il reviendrait vite avant de quitter la villa en courant, William sentait ses espoirs disparaître peu à peu.

Depuis que le jeune homme avait vu celui habillé en jaune passer les grilles de sa propriété, il se sentait plus seul que jamais. Même la rose conservée dans son pot de terre cuite, qui d'habitude l'apaisait, ne lui faisait rien. Cette dernière était celle de sa mère, il en avait pris tellement soin au cours de ses dernières années. Malgré le faite qu'elle ressemble comme deux gouttes d'eau à celle qui l'avait maudite, William ne pouvait se résoudre à s'en séparer. Il se rappela de sa réaction quand Louis avait essayé de la toucher et se sentit aussitôt coupable.

Si il n'avait pas effrayé le plus jeune, il ne se serait pas enfuis et le maître des lieux aurait pu (peut-être ?) passer plus temps avec le jeune homme. Au lieu de ça, il avait passé les deux tiers de sa convalescence à dormir laissant Louis de côté... il s'en voulait terriblement. Son coeur lui faisait mal, tout son être avait envie de voir le jeune homme aux cheveux châtains, de le sentir, d'entendre sa voix.

En fait, il avait besoin de Louis pour vivre. Quand il s'en rendit compte, le maître des lieux savait qu'il était trop tard. Louis...

- William... murmura une voix qui le tira hors de ses pensées.
- Béatrice, fit le jeune homme aux yeux de glace en se retournant.

Sa nourrice se contenta de le regarder, souriant tristement. Elle savait ce que ressentait celui qu'elle avait élevé comme son fils. La mère de Tazza aurait voulu trouver les mots juste pour le rassurer et le réconforter mais elle ne trouvait aucune phrase parfaite pour y arriver. Et même si elle réussissait, la femme savait que rien ne pourrait calmer William.

- Merci, pour tout ce que vous avez fais. C'est peut être un peu tard, mais je voulais te remercier, non, vous remercier tous, confia ce dernier en regardant Mme Teiera, reconnaissant.

Le jeune homme savait qu'il aurait dû le faire plus tôt mais, inconsciemment il n'y arrivait pas ou n'en n'avait pas eu l'idée. Son père lui avait répété tant de fois que c'était normal... en pensant à lui, William se fit la réflexion que c'était de sa faute si il était devenu celui qu'il était aujourd'hui. Une bête sans émotion. Et que c'était Louis qui lui avait rendu son humanité.

Louis... il lui manquait terriblement.

Triste, il regarda pour la énième fois l'horizon dans l'espoir de voir apparaître une tête châtain. Il scruta les arbres qui commençaient à fleurir, la neige qui disparaissait peu à peu et ses roses rouges qui formaient de nouveaux bourgeons. La prochaine fois, il en offrirait une à Louis.

- Béatrice, murmura-t-il sans se retourner. J'aimerais que personne ne vienne ici jusqu'à nouvel ordre, si jamais j'ai besoin de quelque chose, je descendrais. S'il te plaît...

Mme Teiera eut un sourire attendri sans pour autant se départir de son air désolé. Elle frôla le bras de William mais se ressaisit avant de le toucher. Elle n'en n'avait pas eu l'autorisation même si son contact lui manquait. L'ancienne nourice du jeune homme partit donc de la chambre, en n'oubliant pas de lancer un dernier regard à celui qu'elle considérait comme un fils.

Le jeune maître des lieux avait senti la main de Béatrice Teiera, il aurait voulu la prendre dans ses bras comme elle le faisait autrefois pour le rassurer. Il aurait également voulu qu'elle soigne son coeur qui saignait comme quand il tombait dans le jardin et se faisait mal. Mme Teiera était la deuxième mère qu'il avait eu durant son enfance et pendant un court instant, le jeune homme voulu revenir dix ans en arrière.

- Louis... fit William doucement en sentant une larme lui couler le long de la joue.

Une première depuis longtemps.

Il remarqua que, plus jeune, il avait tout possédé, qu'il avait pu décidé de ce qu'il voulait. Qu'il avait affirmé qu'il n'avait besoin de personne...

Mais maintenant, il savait qu'il se trompait.

Tout son corps ressentait de la douleur suite à la disparition de Louis. Partout où il posait les yeux, il imaginait le jeune homme. Il le voyait partout. Il se demanda encore une fois ce qui lui était arrivé, sentant une émotion inconnue dans son coeur.

- Nous serons ensemble à jamais, même si tu fuis dans la nuit ! fit William au ciel en espérant que Louis l'entendait. Tu étais tout pour moi !

Quand le jeune homme aux yeux de glace disait tout, il parlait de sa joie, de l'espoir... enfaîte de toute sa vie. Mais il n'avait maintenant plus que des remords et pleurait sa perte.

- J'espère en vain que tu reviendras vivre avec moi, jusqu'à notre mort, continua-t-il en sentant une deuxième larme couler.

Il l'aimait. William en était sûr. Et il trouvait que l'amour était un tourment atroce. Il souffrait quand il regardait l'horizon.

- Tu es parti et tout me semble vide. Je crois pourtant te voir ! Et si jamais tu m'oublies, sache que tu étais et tu es encore ma raison d'être et était la vie de cette maison !

William savait bien qu'il espérait en vain. Pour lui, sa lumière avait disparu et c'était donc le début d'une nuit sans fin.

- Notre histoire pourtant commençait bien. J'attendrai jusqu'à ma mort ! termina le jeune homme en hurlant la dernière phrase. Je t'aime Louis !

Le Beau et la Bête [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant