16: Cauchemar d'un souvenir

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C'était une sensation étrange.

Louis avait l'impression de flotter, comme s'il était sur un nuage. Un nuage qui lui semblait sombre d'ailleurs et qui s'assombrissait de plus en plus lorsque le jeune homme l'observait.

Et d'un seul coup, il tomba.

Maintenant Louis avait l'impression d'être une pierre qui filait vers le sol en chute libre. Il lui sembla qu'il s'écrasait sur un parquet et le garçon se dépêcha de regarder autour de lui, par réflexe.

Il avait atterri dans une chambre circulaire, pas très grande, semblable à celle d'un moulin. Trois portes menaient à d'autres pièces du petit appartement. A peine Louis eut fait quelques pas sur le tapis foncé, qu'un couple, avec un bébé dans les bras de la femme, entra dans la pièce. Il se sentit mal à l'aise, dérangeant les deux amoureux qui se lançaient des regards heureux.

Le jeune homme recula de plusieurs pas tandis que le mari avançait tranquillement vers lui, toujours en regardant celle qu'il aimait. Il passa devant Louis sans le voir et celui-ci, ne comprenant pas ce qui venait de se passer, se tourna vers la femme.

Cette dernière jouait avec l'enfant qui la tenait de ses petites mains.

- Jeanne ! Regarde par ici ! s'écria son mari avec un appareil photo à la main.

La femme esquissa un sourire attendri et son bébé éclata de rire. L'homme les observait tout en les prenant en photo sous tous les angles avant de se diriger vers ces deux personnes qui lui était le plus cher. Il embrassa sa femme tendrement et son enfant s'accrocha à son tee-shirt en riant de plus belle.

- Louis... laisse moi ! s'exclamait son père tout en lui caressant ses courts cheveux châtains et que le petit garçon le chatouillait le cou.

L'ancien habitant de Venise recula encore plus avant de fermer ses yeux. Il sentit sa tête tourner et quand il rouvrit ses paupières, la pièce lui sembla plus sombre. Louis regarda autour de lui et posa ses iris noisette sur l'homme, qui semblait avoir vieilli de plusieurs années, assit seul à son bureau.

Il lui sembla bien triste et la curiosité l'envahissant, le jeune homme aux cheveux mi-longs s'approcha du plus vieux.

Louis regarda par dessus son épaule et aperçut des dessins de meubles qui lui étaient étrangement familier. Son regard se dirigea alors vers un cadre où une photo qu'il connaissait que trop bien représentait la femme qu'il avait vu quelques minutes plus tôt.

Il comprit.

Son père murmura une chose incompréhensible avant de se lever et de se diriger vers l'unique fenêtre de la chambre. Louis l'observa avec tristesse et battit des paupières. L'homme avait disparu.

Le jeune homme aux cheveux châtains se retourna effrayé, ne comprenant pas ce qui se passait. Il vit son père assit près du lit, ses cheveux tombant devant ses yeux. Il pleurait.

La femme était allongé sur le lit, l'air paisible. Soudain, elle se mit à crier et son mari essaya tant bien que mal de la rassurer en lui murmurant des mots doux. Les yeux de la mère de Louis devinrent alors vitreux et elle lui fit :

- Part... part avec Louis... je t'en prie... je peux gérer ma tumeur seule... je t'en prie...

L'homme secoua sa tête, pleurant toujours. Elle le supplia pendant longtemps. Son mari se leva enfin, après une bonne vingtaine de minutes, prenant le bébé endormi qui était dans son berceau près de la porte et sortit. Louis sentit son coeur se briser.

Avant de hurler... et de se réveiller en sueur dans son lit de la villa de William. Ses cris attirèrent d'ailleurs ses habitants à l'exception du maître des lieux.

- Ça ne va pas Louis ? demanda doucement Mr Candeliere avec une mine inquiète.

- William... je veux voir William...

Le jeune homme éclata en sanglot, ramenant les couvertures près de lui, la main sur son coeur. Il ne pouvait s'arrêter de pleurer.

Des pas se firent entendre, des mots prononcés d'une voix grave, ordonnant de les laisser seul. Louis sentit le matelas s'affaisser sous le poids du plus vieux et il se recroquevilla sur lui même.

- Louis... c'est moi.
- William... murmura le plus jeune.
- Qu'est ce qui va pas ? demanda le jeune homme aux yeux de glace sur le même ton.

Louis ne put répondre et se jetta contre son torse en pleurant sans faire de bruit. Le maître des lieux se crispa d'abord avant de se détendre et de lui caresser le dos, essayant vainement de le rassurer. Jamais il ne l'avait vu comme ça et était mal à l'aise, ne savant quoi faire pour l'aider.

Ils restèrent quelques minutes collé l'un à l'autre avant que Louis se repousse et tourne la tête sur le côté, évitant les yeux bleus de William. Il ne savait comment justifier son état et sentit son coeur battre un peu plus fort alors qu'il sentait sur lui le regard du plus vieux.

- J'ai fait un rêve. Horrible.
- Raconte moi. fit gentiment le jeune homme aux iris glacés en prenant le menton du plus jeune entre ses doigts fins.

Louis secoua la tête de droite à gauche avant de la baisser, laissant retomber ses cheveux détachés devant ses yeux. Il ne voulait pas en parler. Il n'en n'avait pas le courage.

William hocha la tête et se leva en lui murmurant que ce n'était pas grave et qu'il pourrait lui raconter demain. Alors que le maître des lieux arrivait près de la porte, il sentit des bras, plutôt fin, se refermer autour de son torse.

- Restes... s'il te plaît, fit Louis avant de lui conter son cauchemar.

Les deux jeunes hommes restèrent debout l'un près de l'autre, pendant quelques minutes, dans le silence. Louis sentait ses yeux se fermer, enveloppé dans la chaleur du plus vieux, et songea qu'il ne lui arriverait rien dans les bras de William. Il sombra dans le noir.

L'ancien "prince" se retourna peu de temps après, sentant que le plus jeune était devenu plus lourd. Lorsqu'il le vit endormi, le maître des lieux eut un sourire attendri. Il le porta telle une princesse jusqu'à son lit et se coucha près de lui, sur les couvertures.

William décida de dire à Louis plus tard que sa mère était belle et bien morte d'une tumeur au cerveau et que son cauchemar n'était en réalité que ses propres souvenirs.

Le Beau et la Bête [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant