Le Beau et la Bête [BxB]

14: Son voeu le plus cher

Louis bâilla en s'étirant. La nuit qu'il venait de passer avait été tranquille, bien que courte. En effet, le jeune homme avait tout juste fini le livre que William lui avait offert.

C'était la deuxième fois qu'il le terminait en trois jours et ce chef d'oeuvre restait pour lui la meilleure pièce de théâtre au monde. Il ne s'en lassait d'ailleurs jamais lorsqu'elle passait en représentation à la télévision et s'empressait toujours de la regarder, admirant à chaque fois le jeu des comédiens.

Louis se leva, un sourire aux lèvres. Il fit quelques pas en tourbillonnant sur lui-même, ses pieds nus sur le tapis de la chambre avant de s'habiller de sa façon habituelle, c'est à dire en bleu.

Le garçon aux cheveux châtains se prêta alors aux activités que tout le monde faisait le matin : ouvrir ses volets, faire son lit et surtout manger. Quelqu'un avait déposé un plateau sur l'un des meubles de la chambre.

Tandis qu'il venait de finir de faire son lit, une tartine de pain dans la bouche, son regard fut attiré par la pièce de théâtre de Shakespeare. Il prit l'ouvrage, le feuilleta et se décida à le recommencer - encore une fois.

Cependant, son miroir le rappela à l'ordre. Lorsque Louis se vit dans ce dernier, il recula d'abord avant de soupirer, dépité.

Il ne pourra pas lire l'auteur anglais immédiatement. Le jeune homme s'assit face au miroir et commença à coiffer ses mèches rebelles qui formaient des noeuds et des boucles disgracieuses. Il grimaça quand le peigne se coinça dedans. Louis regrettait amèrement de ne pas les avoir brosser la veille avant de se coucher, trop obnubilé par sa lecture.

Après une quinzaine de minutes, où il s'était battu contre les noeuds de ses mèches châtains, Louis entendit des coups frappés à la porte de sa chambre.

Il se leva, prenant un élastique bleu au passage avant d'entrouvrir la porte et de passer sa tête dans l'ouverture afin de voir qui c'était. Lorsqu'il vit la personne qui lui faisait face, le garçon sortit dans le couloir.

William observa sans un mot son prisonnier qui essayait de faire une couette d'une seule main, une expression curieuse dans ses iris noisette.

- Vous voulez ? demanda finalement ce dernier en attachant ses longs cheveux châtains.

Avec un élastique bleu, remarqua le plus vieux.

- Te montrer quelque chose. Et arrête de me vouvoyer ! ajouta-t-il avec colère sans qu'il ne sache pourquoi.

Parfois, William s'exasperait lui-même. Il pouvait se montrer violent sans raison et son attitude était presque tout le temps désagréable. Pourtant, lorsqu'il se trouvait près du plus jeune, il se sentait bien, comme si ce dernier avait un pouvoir apaisant sur lui.

- Euh... d'accord. murmura Louis avec un petit sourire.

- Mais avant... ferme les yeux... s'il te plaît, fit William plus doucement, attendri par le comportement de son prisonnier.

Le jeune homme ferma les yeux et le maître des lieux l'attrapa délicatement par les mains, l'emmenant dans une partie de la villa que Louis n'avait pas eu le temps de visiter. Il le savait grâce à ses employés qui ne savaient tenir leur langue et parlaient de tous ce qui se passait dans la demeure.

Il ouvrit une porte et laissa l'ancien habitant de Venise au milieu de la pièce.

- Je peux ouvrir les yeux ? demanda ce dernier, la curiosité l'envahissant peu à peu.

- Pas encore... attend quelques minutes de plus ! répondit la voix de William assez lointaine.

Louis sentait qu'une lumière aveuglante apparaissait dans la pièce et il entendit le bruit caractéristique de rideaux que l'on tire.

- C'est bon. Ouvre les yeux. murmura William dans un souffle à l'oreille du jeune homme.

Ce dernier fut surpris lorsqu'il sentit la respiration du plus vieux que lui mais il essaya de ne pas le laisser paraître. En effet, Louis ne l'avait pas entendu arriver.

Il ouvrit tout de même ses paupières et ce qu'il vit le laissa sans voix.

Des étagères et des étagères débordantes de livres tapissaient les murs et les recoins de la pièce. Le garçon aux cheveux mi-longs tourna sur lui-même, observant chaque parcelle de la bibliothèque. Aucun doute, il avait sous les yeux son plus grand rêve.

- Maintenant, tu ne t'ennuiras plus.

- Pardon ? fit Louis sans comprendre en se retournant vers William.

- Ces livres... je te les donne. Par contre je ne veux pas t'entendre te plaindre ! lui répondit ce dernier avant de s'en aller.

Il jetta tout de même un dernier regard au plus jeune qui semblait obnubilé par les romans qui étaient déposés sur le côté droit de la pièce. William eut un sourire satisfait qui s'agrandit lorsqu'il entendit Louis étouffer un cri de joie.

De son côté, le jeune homme vêtu de bleu ne savait plus où poser ses yeux noisette. Devait-il lire le livre à la couverture rouge ou celui qui se trouvait à sa gauche et qui semblait bien plus vieux que lui ?

- Arggg ! Je vais prendre les deux ! s'écria le nouveau propriétaire de la bibliothèque.

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William observait son prisonnier sans que celui-ci le remarque. Il fallait dire que ce dernier était bien trop obnubilé par sa lecture pour se rendre compte de quelque chose.

Le maître des lieux avait demandé, quelques jours plus tôt, à Louis de dîner avec lui tous les soirs. Le plus jeune avait accepté sur le champ, ne désirant pas manger seul à la tombée de la nuit.

- Ça te plaît ? demanda finalement le plus vieux essayant de faire la conversation avec le jeune homme qui lui faisait face.

Ce dernier releva enfin la tête de son livre et William ne put s'empêcher de le trouver mignon. Contre son grès le jeune homme aux cheveux ébène s'attachait au châtain.

Ce dernier posa son livre sur la table et commença à manger son dessert, rougissant légèrement sur le regard insistant du maître des lieux.

- Oui... murmura-t-il en détournant son regard noisette sur le gâteau nappé d'un coulis de pomme.

- Et ça parle de quoi ton livre ? ajouta William quand le jeune homme le regarda à nouveau sans comprendre.

- Euh... pour l'instant je suis juste à la présentation des personnages. En faite j'ai juste eu beaucoup de mal à me décider par lequel commencer... soupira l'ancien habitant de Venise, exaspéré par lui-même.

- Tu me raconteras quand tu auras terminé alors... conclut le jeune homme aux yeux bleus en finissant sa part de gâteau.