Le Beau et la Bête [BxB]

15: Bataille de boules de neige

Quelque chose de mouillé atterrit sur la joue de William qui se retourna brusquement vers Louis qui riait sans pouvoir s'arrêter.

En ce jour de Noël, les deux jeunes hommes avaient décidé de se balader dans le jardin afin de discuter un peu. Le plus jeune s'était éclipsé alors que William parlait, marchant devant lui. Ce dernier s'était rendu compte de sa disparition quelques minutes plus tard et s'était mis à le chercher.

William secoua la tête pour faire tomber toute la neige qui recouvrait ses cheveux noirs sous les rires de son ancien prisonnier. En effet le plus vieux n'arrivait plus à le considérer comme tel.

Alors que Louis descendait les escaliers afin de le rejoindre, le maître des lieux lui tourna le dos. Quand il entendit le craquement de la neige tout près de lui, William se retourna envoyant une boule de neige sur le jeune homme aux cheveux châtains qui ne put l'éviter.

Surpris, il recula avant de tomber en arrière dans la poudre blanche, riant de sa propre maladresse. L'ancien habitant de Venise attrapa de la neige pour se venger et la lança sur le plus vieux.

S'ensuivit d'une bataille où la neige volait dans tous les sens et où les rires du plus jeune s'élevaient dans l'air matinal, faisant sourire William.

Après une bonne heure, Louis se laissa tomber au sol, faisant un ange à l'aide de ses bras et de ses jambes à la manière d'un enfant.

- Qu'est-ce que tu fait ? demanda l'habitant de la villa.

- Je profite de la neige ! s'exclama le jeune homme aux cheveux châtains en fermant les yeux.

William, lui, pencha sa tête sur le côté et s'assit face au garçon qui souriait. Il l'observa sans retenu, regardant tantôt son nez rougi par le froid, tantôt sa bouche rose entrouverte qui laissait passer un petit souffle blanchâtre.

Le jeune homme aux iris noisette se releva, ses yeux toujours fermés.

- Tu sais, ça fait longtemps qu'il n'a pas autant neigé, confia Louis en se remémorant d'anciens souvenirs. Avant, quand j'étais plus petit, j'adorais aller au parc avec mon père et tous les deux on faisait des anges avant de regarder le ciel sans se préoccuper des passants.

William eut un pincement au coeur, se rappelant de sa relation avec son propre père, et un sentiment de culpabilité l'envahit lorsqu'il comprit que le jeune homme aimait son père plus que tout. Il aurait pu le laisser partir mais son ego l'en empêchait. En effet, cela voudrait dire qu'il revenait sur sa décision.

- Tu ne parles jamais de ta mère, remarqua le gardien de la rose en ignorant ses pensées.

- Je ne la connais pas... d'après mon père elle est morte quand j'avais deux ans.

Le plus vieux détourna son regard de Louis regrettant d'avoir posé la question sur sa mère.

- Moi aussi elle est morte. fit-il finalement en se levant.

L'ancien habitant de Venise avait ouvert les yeux et le regarda un moment avant de se lever à son tour.

- Et toi ? demanda le jeune homme aux cheveux mi-longs.

- Quoi moi ?

- Parle moi de ton enfance ici, ça devait être génial !

Pas tellement, pensa William évitant une deuxième fois le regard de son ancien prisonnier. Il détourna la question en lui demandant :

- Tu as fini ton livre ?

🌹🌹🌹🌹🌹

- Comment tu dis ? William parle avec notre invité ? s'exclama Mme Teiera en se retournant vers celui qui venait d'arriver.

Mr Candeliere hocha la tête avec un sourire triomphant. Il savait que son maître pouvait se montrer gentil et curieux envers quelque chose ou quelqu'un qui lui était inconnu !

Tazza arriva en courant traînant derrière lui Kremlin qui semblait exaspéré par son comportement.

- Adryan ! Adryan ! Demande à ce môme d'arrêter de me courir sur le haricot ! cria ce dernier en voyant son ami aux moustaches blanches.

- Mais je croyais que tu étais allergique à ce légume... fit le fils de Mme Teiera en le regardant avec un air sérieux.

Le plus vieil employé de la villa secoua la tête, désespéré, tandis que les deux autres riaient sous l'incompréhension du jeune garçon.

- Mais non, espèce d'artichaut ! Toi, tu m'énerves ! essaya de lui expliquer Mr Orologio en lui tapotant le front de son doigt.

Tazza haussa les épaules avant de se retourner vers le majordome désobéissant. Il s'approcha de lui et lui murmura quelque chose à l'oreille. L'homme sembla satisfait de l'information fournie par le garçon car ses moustaches frémirent et il lui donna un sachet de bonbons colorés.

- Bien ! Maintenant, direction la bibliothèque ! s'écria Mr Candeliere lorsque Tazza fut parti.

- Pourquoi ? demanda la nourrice de William curieuse.

- On va espionner nos deux tourtereaux ! s'exclama le majordome joyeux.

- Mais ils ne sont même pas amoureux, protesta Kremlin qui était évidemment contre l'idée de son ami. En plus ce sont deux garçons ! ajouta-t-il en fronçant les sourcils.

Adryan Candeliere lui répliqua que deux hommes pouvaient s'aimer, il l'avait lu dans un livre, et que de tout façon observer leur maître qui se montrait gentil avec quelqu'un d'autre que lui était une chose très rare que l'on ne pouvait louper.

Arrivés près de la porte de la bibliothèque, Mr Candeliere et Mme Teiera se mirent à marcher sur la pointe des pieds sous les protestations d'Elmo Orologio.

- Tais-toi Kremlin ! murmura Tazza qui était déjà là sous le regard réprobateur de ce dernier.

La porte qui donnait sur la pièce qui appartenait maintenant à Louis était entrouverte et les quatre employés purent observer William et Louis qui discutaient les yeux rivés sur un livre.

Les deux jeunes hommes ne virent pas les nouveaux arrivants, trop occupés à feuilleter les romans, atlas ou documents divers. Le plus jeune des deux s'arrêta en voyant une page représentant la Rome actuelle qu'il caressa du bout des doigts.

- J'habitais là bas avant de venir à Venise... mais je ne m'en rappelle absolument pas, murmura-t-il alors que William tournait la tête vers lui.

Ce dernier eut un petit sourire avant d'apercevoir les quatre employés qui s'enfuirent rapidement. Il souffla exaspéré sans que Louis s'en rende compte.

Décidément, Mr Candelier, tu ne changeras jamais, pensa le maître des lieux sachant que c'était son majordome qui avait entraîné les autres habitants de la villa.