5 ~ Aujourd'hui

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 Une semaine venait de s'écouler. Je n'avais pas revu Matt ni eu de ses nouvelles et je ne m'en portais pas plus mal. Will avait eu, pendant quelques jours, l'attitude de Matt en travers de la gorge. Je l'avais revu deux jours après, nous étions allé boire un café et j'avais eu beaucoup de mal à lui faire changer d'avis au sujet de Matt.

– Comment veux-tu que j'apprécie ce type avec la façon dont il m'a regardé, ou plutôt, jugé ? m'avait-il demandé.

Mais il ne connaissait pas Matt, il ne savait pas qu'il avait toujours été comme ça, avec n'importe qui. J'en avais moi-même fais les frais quelques années auparavant. Mais j'avais appris à le comprendre et je voulais vraiment que Will le comprenne et l'accepte, car je m'étais attachée à lui et que Matt ferait toujours partie de ma vie, quoi qu'il advienne.

– Ce n'est qu'une question de temps. D'ailleurs, on a prévu d'aller boire un verre tous ensemble. Ce sera la bonne occasion de mieux le connaître. Crois-moi.

~

Will était reparti en déplacement. J'étais seule à la maison, je n'avais rien prévu de faire et l'inspiration n'était pas au rendez-vous. Il était quatorze heures et j'avais déjà rangé et nettoyé la maison de fond en comble. Je n'avais strictement rien à faire. Assise à l'îlot de la cuisine, j'appuyais ma tête contre le plan de travail en cherchant quelque chose pour m'occuper jusqu'à ce que j'aille chercher Sacha à l'école. Eurêka ! Je venais de trouver. Amélia m'avait une fois demandé de l'accompagner pour finir d'acheter ce qu'il fallait avant l'arrivée de son bébé. Je me levais d'un bond de mon tabouret, attrapais mon sac, une veste et mes clés de voiture.

Je tournais la clé dans la serrure (je m'enfermais toujours), agrippa la poignée et ouvris la porte. À peine eus-je mis le pied hors de la maison, que je fus immédiatement plaquée contre la façade à côté de l'entrée. Une main était appuyée contre ma gorge et m'empêchais de respirer correctement. Je n'osais pas regarder la personne qui me maintenait immobile mais je savais qu'il s'agissait d'un homme. Une odeur, que j'aurais aimé pouvoir oublier, me parvint aux narines et je me figeais. Cette eau de Cologne ne me rappelait que de mauvais moments de ma vie. Je me mis à pleurer.

– S'il vous plaît, lâchez moi, réussis-je à articuler.

L'homme se mit à rire. Mon cœur se serra. Je détestais ce rire. Il m'avait hanté bien assez longtemps, encore aujourd'hui, et je pensais ne plus jamais l'entendre.

– S'il vous plaît. Laissez-moi partir.

– Vois-tu, je n'ai pas aimé la façon dont vous m'avez jeté en prison, toi et ton petit copain. Alors je n'ai pas vraiment envie de te lâcher maintenant.

Il avait un accent italien que je ne connaissais que trop bien.

– J'ai appris que vous aviez eu un enfant. J'adorerais le rencontrer.

Une larme dévala ma joue et il passa son doigt sur sa trace. Je frissonnais. Je ne le regardais toujours pas. Je ne le voulais pas. Je ne voulais pas qu'il voit à quel point il m'avait rendu fragile et à quel point je l'étais encore. Il appuya plus fort contre ma gorge et je toussais. M'étouffant en essayant de respirer. Je sentis ensuite son genou s'insinuer entre mes cuisses et tout devint noir. Pas encore. Ça ne pouvait pas être réel. Ça ne pouvait pas recommencer.

Il rapprocha son visage du mien. Frotta son nez contre ma joue.

– Tu es toujours un vrai régal à regarder, tu le sais au moins ?

Je ne répondis pas. Pétrifiée. S'il vous plaît, non.

– Vous pensiez vraiment que la prison m'arrêterait ? (Il rit) Alors écoutes moi bien, Zoé. Je vais te laisser ta chance aujourd'hui. Mais je veux qu'il soit au courant. Alors une fois que je serais parti, je veux que tu prennes ta putain de caisse de petite bourge et que tu ailles lui informer qu'un vieil ami veut le revoir. Je suis bien clair ?

DESPITE LIES (histoire intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant