6 ~ 7 années plus tôt

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Au petit matin, le soleil traversait ma chambre et me réveilla. Il n'était que sept heures mais si je voulais pouvoir courir un peu, il fallait que je me lève tôt.

Lorsque je sortis, la rue était calme, vide de monde. Tant mieux, je ne craindrais pas - ou alors, je ne craindrais moins - de me faire agresser encore une fois. Des lunettes de soleil sur le nez, je mettais mon casque et lançais la musique.

L'air était frais, le soleil chaud, aucuns nuages ne barraient le ciel. Je croisais beaucoup de familles, des femmes promenaient déjà leurs enfants pour éviter la chaleur étouffante d'un après-midi new-yorkais. Les hommes que je croisais ne ressemblaient pas à ceux que l'on pouvait rencontrer le soir ou dans les ruelles. Finalement, je m'habituais plutôt bien à mon environnement. Je l'aimais bien, mon quartier, tout dépendait du moment de la journée.

Sans m'en rendre compte, je tournais dans une impasse. Mon humeur joyeuse céda vite la place à la peur et je me figeais face à la scène qui se déroulait devant mes yeux. Je sursautais à chaque coup de poing que l'homme au sol recevait. Son corps tout entier était secoué par les assauts de son agresseur. Celui qui l'assenait de coups était dos à moi mais semblait grand et très costaud. Il le dominait de toute sa posture. J'arrêtais ma musique et laissa tomber mon casque autour de ma nuque.

– Vas-y, répète moi ce que tu comptais lui faire hier matin, cria-t-il en continuant de jeter des coups à l'homme à terre.

Je n'en étais pas sure, ils était trop loin de moi, mais je connaissais cette voix. Je l'avais déjà entendue quelque part. 

– Je suis désolé, je...je ne savais pas.

L'homme cracha du sang ayant du mal à s'exprimer. Il fut soudain relevé et plaqué contre le mur derrière lui par son assaillant.

– Tu ne la toucheras plus jamais, tu m'entends ? Si j'entends que tu as simplement posé les yeux sur elle, je te les crèverais, putain!

Je me cachais derrière une poubelle. La scène était si violente que j'en perdis toute répartie, je voulais appeler la police, je voulais aider cet homme mais j'étais tétanisée, bloquée par la peur qu'il ne m'entende et ne vienne s'occuper de moi et me jeter le même sort, si ce n'est pire.

– Tu as de la chance que je te laisse en vie, annonça-t-il en crachant au visage de l'homme qui retombait au sol. La prochaine fois, tu y passes.

Il se retourna, oubliant l'homme agonisant et mon cœur cessa de battre.

– Matt, chuchotais-je.

Apparemment, j'avais chuchoté plus fort que je ne l'avais voulu puisqu'en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, il était devant moi, m'attrapa fermement le bras et me releva. Il me tira hors de l'impasse d'une rapidité et d'une force dont je ne le soupçonnais pas de posséder.

Une fois sur le trottoir de la rue principale, il continuait de me tirer avec force en serrant plus fort ses doigts autour de mon bras. Je recouvrais mes esprits et pus enfin dire quelque chose :

– Lâche moi espèce de brute, tu me fais mal, tentais-je en me débattant pour qu'il me lâche.

Ce qu'il ne fit pas, bien évidemment. Mais il s'arrêta et je le percutais de plein fouet. Il me maintenait face à lui, enfonçant ses dix doigts dans la chair de mes bras, et je déglutis lorsque son regard plongea dans le mien. Ses pupilles étaient dilatées, une veine frappait contre sa tempe et sa mâchoire était si serrée que j'avais peur qu'il ne se la brise lui-même.

– Tu as failli tuer cet homme, lui criais-je dessus.

– Hier ça ne t'aurais pas gêné que je le fasse.

DESPITE LIES (histoire intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant