42 ~ 6 années et 4 mois plus tôt

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Mars

J'eus à peine le temps de passer la porte que je m'effondrais une nouvelle fois, laissant tomber toutes mes affaires. Amélia, interpellée par le vacarme, arriva en courant dans le couloir. 

— Zoé? Mais qu'est-ce qu'il se passe? 

Elle s'agenouilla à côté de moi et me pris dans ses bras. Inconsciemment, et comme elle en avait pris l'habitude, elle se mit à me ber bercer doucement pour me calmer. Nous restâmes ainsi jusqu'à ce que ma respiration se calme. Elle n'avait rien dit. Elle savait que sa seule présence m'était nécessaire. Elle était ma seule famille maintenant. 

— Zoé, regarde moi. 

Elle me releva le menton et essuya mes joues. 

— Qu'a-t'il fait? 

Elle avait raison, c'était toujours beaucoup trop calme. Et dès que c'était trop calme, je finissais en larmes pas longtemps après. Mais cette fois, c'était différent. Je pensais que Matt avait m'aimait vraiment. Malgré mes imperfections, mon manque de confiance en moi. Mais non, sa blonde était beaucoup plus à son goût. 

— Chambre, réussis-je à articuler entre deux hoquets. 

 — Chambre? Ta chambre? 

Je hochais la tête. Elle m'aida à me relever à m'accompagna jusqu'à mon lit. Une fois assise. Elle me prit pas les épaules et planta ses yeux dans les miens. 

— Maintenant, dis moi ce qu'il se passe. 

— Re... regarde par la fenêtre. 

Elle fronça les sourcils mais s'exécuta. Je vis ses yeux sortir presque de leur orbite lorsqu'elle comprit la scène qui se déroulait dans la rue. Je n'eus pas le temps de comprendre ce qu'il se passait qu'elle était déjà sortie de l'appartement. Je l'entendis hurler:

— Espèce de gros fils de pute! Mais tu n'as pas honte? 

Je m'avançais et la voyait frapper Matt contre le torse. Bizarrement, il se laissait frappé. Je ne comprenais pas. Il pouvait la maîtriser facilement. C'est comme s'il encaissait sa sentence. Comme s'il savait qu'il le méritait. 

Amélia continua de le frapper et de l'insulter de tous les noms jusqu'à ce que Clay se décide de la prendre dans ses bras pour l'éloigner de son ami. 

Matt releva instantanément les yeux vers moi. Pour une fois, j'y lisais tout. Toute sa peine. Il était désolé? 

~

— Zoé... Zoé, réveilles-toi.

Amélia me sortit de mon sommeil, me caressant doucement la tête. Je n'avais presque pas fermé l'oeil de la nuit. 

— Non, gémis-je, tirant ma couette par-dessus ma tête. 

Elle me sauta dessus et je fus obligée d'ouvrir les yeux.

— Aller, tu ne vas pas commencer à te laisser, je ne te le permettrais pas. Tu ne rateras pas ta vie à cause d'un con comme lui.

Elle m'arracha la couverture et me tira par les bras. 

Ne pouvant rien faire contre une Amélia déterminée, je me résolus à me lever. Elle me tira jusqu'au salon où elle me laissa tomber dans le canapé. Elle avait déjà préparé notre petit-déjeuner mais mon ventre se tordit en voyant la nourriture. 

— Amélia, je n'arriverais pas à manger. S'il te plait, ne me force pas sinon je sens que je vais tout vomir. 

Elle acquiesça avec un léger sourire peiné. Elle s'assit à côté de moi et je la pris dans mes bras. 

— Merci, merci d'être toujours là. 

— C'est normal, Zoé. On est soeurs ou pas? 

Je hochais la tête à toute vitesse.  Nous étions comme des soeurs, elle avait raison. 

— Je vais aller m'habiller. 

— D'accord. 

Je l'abandonnais et fermais la porte de ma chambre derrière moi. A peine eus-je été seule que mes larmes se remirent à couler. J'attrapais un  coussin pour y étouffer mon sanglot. Si Amélia savait que je continuais de pleurer, elle ne me lâcherait pas d'une semelle. Mais, ça faisait si mal, comme si tout mon corps en souffrait... 

Vingt minutes plus tard, nous étions sorties, en route pour rejoindre l'université. Il faisait froid dehors et au final, je ne regrettais pas le gros jogging que j'avais choisis ainsi que les deux sweat-shirt que j'avais enfilé sous ma veste. Je ne m'étais pas sentie la force de m'habiller correctement, et tant pis. 

Les examens étaient dans moins de deux moi et je ne savais pas comment j'allais faire pour réviser sans Matt. Matt... Mon coeur se serra. 

Les mains dans les poches, j'écoutais Amélia me raconter des anecdotes de ses cours, tentant tant bien que mal de me faire sourire.

Soulagée. J'étais soulagée lorsqu'elle me laissa devant mon amphi. Je n'aurais plus à faire semblant. 

Je vis Jackson et Cassy à nos places habituelles mais je préférais ne pas aller m'asseoir avec eux. Je pris place au fond, dans un angle. Personne ne viendrait me parler, ici. 

Une minute avant que le professeur ne commence son cours, Matt entra et s'installa seul, dans l'angle opposé à celui où j'étais. Nos regards se croisèrent et c'est comme si je pouvais y voir l'horreur dans le sien. Je faisais si peur que ça à voir? Et bien, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, Matt.

Je me tournais vers le professeur. Prête à en découdre et ne pas me laisser abattre. 

~

Avril

— Zoé, j'y vais! me cria mon amie depuis ce que je devinais être le couloir. 

J'entendis la porte claquer. Assise sur le rebord de ma fenêtre, je la vis quelques secondes plus tard sur le trottoir se jeter dans les bras de Clay. J'étais heureuse pour elle. Clay avait l'air d'être quelqu'un de bien, mais il était aussi l'ami de Matt. Et ça, elle le savait bien-sûr, et faisait attention à ne plus le faire venir à l'appartement si elle savait que j'étais là. 

Je refermais mon livre. J'avais arrêté les histoires à l'eau de rose. C'était faux. Ça n'arrivait jamais dans la vraie vie. Je lisais maintenant des romans policiers, beaucoup plus réalistes.

Mes journées étaient toutes les mêmes. Je me réveillais, les yeux gonflés d'avoir trop pleuré, je déjeunais à peine, enfilais un sweat-shirt et un jogging, allais à l'université, attendais que la journée passe et rentrais à l'appartement. 

Lorsque je croisais Matt, un de nous deux changeais de trottoir, ou alors nous baissions tous deux les yeux. Je ne comprenais pas son attitude. Pourquoi était-il si triste depuis deux mois. C'est lui qui l'avait cherché, non? 

Je n'avais pas recommencé à m'asseoir à côté de mes deux camarades de classe et avais donc finis par ne plus avoir de leur nouvelles. En fait, je ne parlais plus à personne à part Amélia et Sophie lorsqu'elle m'appelait en vidéo. J'attendais les partiels avec impatience. Que je puisse en finir avec cette année scolaire et rentrer en France, rejoindre mon semblant de famille. Et peut-être trouver une fac pour faire mes études chez moi. 

Et plus ici, si près de lui. 

Je mourrais à petit feu et ça ne pouvait plus continuer. 

 

DESPITE LIES (histoire intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant