13 ~ Aujourd'hui

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Je venais de rentrer dans ma voiture. Je pleurais. Je priais pour que l'on me réveille et que ce cauchemar s'arrête enfin. Un flash me revint. La rose sur le torse de Matt. Le nombre 1000 d'inscrit sur la tige.

Mon téléphone sonna. C'était Matt. Evidemment que c'était lui. Ça le serait toujours. Qu'il aille au diable. J'éteignis mon portable sans prendre la peine de répondre à l'inconnu qu'il était désormais.

– Merde ! hurlais-je en frappant mon poing sur le volant.

Mais quelle conne ! J'avais toujours adoré ce tatouage et voilà que je le détestais désormais. J'avais toujours eu ce détail de sa vie sous les yeux et je n'avais même pas été capable de comprendre. Quelle idiote! J'avais toujours fais confiance à Matt. Une confiance aveugle et il n'y avait qu'à lui et Amélia à qui j'avais pu l'accorder après la mort de mes parents.

– Merde, merde, merde.

Je frappais encore mon point.

Mon cœur manqua un battement. Matt et Clay se connaissaient depuis toujours. Ils avaient grandis ensemble. Donc...

– Amélia...

Je mis le contact et m'engageais. Je roulais aussi rapidement que la circulation New Yorkaise me le permettait. Mon cœur battait la chamade.

Avant que je ne parte elle m'avait dit que Clay la rejoindrait chez moi.

~

Arrivée devant la maison. Je me garais et courais vers l'entrée de la maison. Bastian était toujours là.

– Tout va bien, mademoiselle Desenne ?

Il me faisait peur.

Je m'engouffrais dans la maison sans lui répondre. Amélia et Clay étaient assis sur le canapé et jouaient avec Sacha. Ils levèrent tous les trois les yeux vers moi mais je ne fixais que Clay. La colère montait en moi.

– Lève-toi, lui ordonnais-je.

Je criais. J'étais debout devant l'entrée. Sous mon regard, Clay s'exécuta. Il se leva et s'avança vers moi.

– Tout va bien ? me demanda t-il, les sourcils froncés.

Il tendit les bras pour me prendre dans les siens mais je le repoussais.

– Ne me touche même pas.

Dans le salon, Amélia se releva tant bien que mal du canapé.

– Non mais tu ne vas pas bien ou quoi, Zoé ?

Je ne l'écoutais pas. Je voulais des réponses de la part de Clay. Celui-ci tenta de s'approcher de moi à nouveau et je me mis à lui marteler le torse de coups de poings.

Tu es comme une sœur et s'il n'arrive pas à te protéger correctement cette fois-ci, je n'hésiterais pas une seule seconde.

Je le citais et il ne semblait pas comprendre.

– Tu n'es qu'un menteur ! Si tu m'avais réellement considéré comme ta sœur tu me l'aurais dit Clay ! Tu ne m'aurais pas laissé si proche d'un type comme lui.

– Mais de quoi est-ce que tu parles, Zoé ?

– Les Miles, annonçais-je d'un ton tranchant.

Le regard de Clay changea puis il ferma les paupières. Il était au courant.

– Espèce d'enfoiré !

J'allais le gifler mais il reteint ma main juste avant qu'elle ne s'abatte sur sa joue, exerçant une pression sur mon poignet qui m'y laisserait très certainement un hématome.

– Zoé. Je vais t'expliquer.

– Fais-moi voir tes tatouages !

Amélia arriva à notre hauteur. Clay hésita.

– Montre les-moi, recommençais-je.

Alors il m'obéit. Il passa son tee-shirt par-dessus sa tête. Et je cherchais ce nombre. Ce putain de nombre.

Clay avait compris. Du bout du doigt, il orienta mon regard vers son nombril. Mon sang ne fit qu'un tour. Les quatre chiffres étaient dessinés à l'encre noire sur sa peau. Je relevais les yeux pour croiser ceux de Clay. Amélia posa une main sur mon épaule. Je tournais la tête vers mon amie. Elle avait un air désolé sur le visage. Non, pas elle.

– Zoé. Je vais t'expliquer, me lança Clay.

J'avais toujours les yeux rivés dans ceux d'Amélia. Elle le savait. Elle avait été au courant et ne m'avait rien dit. Et même pire, elle avait décidé de faire sa vie avec un membre des Miles.

– Et dire que je t'ai considéré comme ma seule famille depuis que mes parents sont décédés. Que je t'ai fais confiance et que je t'ai laissé t'occuper de mon fils.

Une larme dévala sa joue. Elle était restée muette et semblait réellement triste après ce que je venais de lui dire. Tant mieux. Elle pouvait au moins ressentir une infime partie de ce que je ressentais à ce moment même.

– Zoé. Je vais t'expliquer. Tout. Mais il faut que tu sois calme. Et ne t'en prends pas à Amélia. Pas dans son état.

– Je crois que tu es mal placé pour me dicter ma conduite, Clay.

Il inspira comme pour se donner du courage. Ou alors pour garder son calme. Je regardais Amélia s'éloigner. Elle demanda à Sacha de venir avec elle, me lança un dernier regard, implorant mon pardon, avant de monter les escaliers.

– On est né là-dedans. En Californie. On a été élevé avec un flingue dans la main.

Le monde s'écroula autour de moi. Matt m'avait toujours dit qu'il n'avait connu que New York. Je me sentais trahie. Ma vie ici n'était qu'un tissu de mensonge.

Clay continua lorsqu'il comprit que j'étais prête à entendre la suite.

– Son père et le mien étaient comme deux frères. On ne l'a pas voulu, Zoé. On n'a jamais cherché à rentrer dans ce gang. On y est né, c'est tout. 

Il cherchait à me convaincre que ce qu'il disait était vrai. Mes jambes ne me portaient plus. Je m'avançais vers un des fauteuils du salon et me laissais tomber dedans. Clay me rejoignis et continua.

– Tu... tu en fais encore partie toi ? osais-je.

Clay esquissa un sourire triste.

– On ne peut en sortir, Zoé. Le seul échappatoire, c'est la mort.

Je déglutis

– Tu connais tous ces hommes que Matt a fait venir ?

– La plupart oui, mais il y a eu des nouveaux depuis. Je te promets, Zoé, que lorsque je les ai vu arriver je suis directement allé voir Matt pour lui refaire le portrait. Il n'avait pas le droit de te mettre en contact avec eux. Je lui avais interdit de les ramener ici.

– Tu en es un ! l'accusais-je. C'est exactement la même chose. 

J'avais la gorge nouée.

Soudain, la porte s'ouvrit puis se referma en un claquement sourd. Je sursautais et me retournais vers l'entrée.  

DESPITE LIES (histoire intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant