DESPITE LIES (histoire intégrale)

31 ~ Aujourd'hui

J'accueillis le verre d'eau que Will me tendit avec soulagement. Ma respiration avait du mal à se calmer. Mon esprit me jouait des tours. Je ne voyais aucune explication rationnelle.

–Tu vas bien ? Tu m'inquiètes. Ça t'a pris d'un coup ?

–Oui. Je ne sais pas. Peut-être à cause du stress et de la chaleur, mentis-je.

Il n'était pas au courant. Et je préférais qu'il ne le soit pas.

Je n'en revenais toujours pas.

–Zoé, tu es toute pâle. Tu ne veux pas remonter à ta chambre ?

–Non, hors de question. Je dois finir cette séance de dédicaces d'abord.

Je restais encore quelques minutes assise avant de rejoindre mes lecteurs.

~

Jusqu'à la fin de la soirée, je n'avais fait que fouiller des yeux les lieux autour de moi. Même au restaurant où Will m'avait amené pour dîner. Je voulais m'assurer que rien en rapport avec Julio n'était près de moi. 

Et en effet. Pas de trace de lui. Rien. Cela me rassurait. Ce n'était qu'une coïncidence. Qu'une putain de coïncidence qui prouvait une fois de plus que je n'avais toujours pas réussis à surmonter ce qui m'était arrivé il y a plusieurs années.

–J'ai passé une très bonne soirée, merci Will.

Il avait été le parfait gentleman. Et maintenant, il me ramenait à ma chambre. Il m'avait manqué. D'une certaine façon. Sa gentillesse et ses attentions m'avaient manqué.

Je l'embrassais une dernière fois sur la joue avant de le laisser s'en aller. Demain, nous devions nous lever tôt.

Je regardais Will rentrer dans l'ascenseur en me mordant la lèvre. On aurait dit une ado. J'insérais la carte dans le boitier de la porte et pénétrais dans ma chambre.

Il faisait tout noir et je m'empressais d'allumer les lumières. Je tournais la tête vers mon lit. Je n'avais qu'une hâte, me jeter dedans.

–Je t'ai manqué ?

Julio.

Je laissais tomber mon sac. Je ne pouvais plus bouger, plus parler. J'avais même du mal à respirer.

–A ce que je vois, tu ne t'attendais pas à me revoir ici, hein, Zoé ?

Je tremblais. J'avais envie de m'enfuir en courant et de retrouver Will. Ou... je ne sais pas, d'appeler la police. Mais j'en étais incapable.

Il avait l'air fatigué. Plus vieux de vingt ans. Ses cheveux, fidèlement tirés en arrière, étaient aujourd'hui emmêlés. Ses yeux étaient cernés et sa barbe naissante.

Il se leva du petit fauteuil dans l'angle de la pièce et s'approcha de moi. Non. Non. Non. Ce n'était que mon esprit. Comme cet après-midi. Cela ne pouvait pas être vrai. C'était mon esprit qui me jouait des tours.

Son parfum empestait de plus en plus au fur et à mesure qu'il s'approchait de moi.

–Alors ça y est ? Tu n'es plus assez importante à ses yeux pour qu'il ne te fasse pas protéger par ses hommes ? Peut-être même que je perds mon temps ici.

J'ordonnais à mes pieds de courir mais je n'y arrivais pas. Je ne bougeais pas d'un millimètre.

–Répond moi !

Je sursautais. Il était face à moi.

–J'ai vraiment envie d'entendre ta jolie voix, dit-il en me caressant la joue du doigt.