40 ~ 6 années et 5 mois plus tôt

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Février 


— Il faut que tu le tiennes bien fermement, comme ça. Quand tu seras un peu plus à l'aise, tu essaieras à une main, puis en mouvement. 

Il posa ses doigts sur les miens, m'aidant à mieux les positionner sur la crosse. J'avais les bras qui tremblaient. Je n'avais encore jamais tenu un tel objet dans mes mains. Il était léger, petit, noir. En fait, je crois que Matt l'avait choisit spécialement pour que ce soit plus simple pour moi.

— Maintenant, si tu veux,  tu peux fermer un oeil pour viser, ça t'aidera. 

Je m'exécutais et fermais mon oeil gauche, la grande cible noire face à moi. Matt y avait peint des croix rouges pour m'indiquer où je devais tirer: dans la jambe, dans l'épaule, dans le coeur puis dans la tête. 

— Pourquoi veux-tu à tout prix que j'apprenne à tirer? Ça ne me servira jamais à rien, à part si je décide d'entrer dans la police mais ça ne m'attire pas. 

— Arrête de poser des questions et tire. 

Le coup résonna dans tout l'entrepôt. Heureusement que personne d'autre que nous n'était là. Le son aurait pu réveiller un mort. D'ailleurs, où était Clay? Il s'en était allé la veille lorsque j'étais arrivée pour passer la nuit chez eux. 

Je plissais les yeux pour voir quelle partie de la cible j'avais touché. Hum... le ventre... Autant dire, aucune des zones que m'avait conseillé Matt. 

— Réessayes, c'est pas grave. Je vais faire de toi une tireuse d'élite. 

J'eus droit à un clin d'oeil. Un frisson d'excitation parcourut tout mon corps. 

Dans mon dos, il rapprocha encore plus son corps au mien et m'embrassa sur la joue. 

Et je tirais. Encore et encore. 

~

Mars

J'avais perdu du poids, au moins cinq kilos. Et à qui la faute? Matt ne me laissait aucun répit. La journée, nous allions à la fac et nous rentrions directement à l'entrepôt pour au moins trois heures d'entrainement. Je savais maîtriser un agresseur, je courrais plus vite, j'étais plus agile et je pouvais tirer d'une main sans jamais rater ma cible, qu'elle soit fixe ou mobile. Je dormais très souvent chez lui, étant trop exténuée pour rentrer chez moi à pied. Mais les nuits avec Matt n'étaient pas des plus reposantes... Clay en était même venu à trouver un nouvel endroit où crécher car il n'en pouvait plus. Mais il refusait de nous dire où il allait toutes les nuits. 

— Il faut que je sorte régler deux ou trois trucs ce soir, m'annonça Matt, dégoulinant de sueur. Je vais te ramener chez toi. Ta copine doit se faire du soucis. 

Etonnement, Amélia n'était pas du tout inquiète. Elle n'était même pas en colère que je découche presque six nuits sur sept. 

Je hochais la tête sans poser des questions, gravis les marches qui menaient à la chambre et commença à regrouper mes affaires dans un grand sac. J'avais pris l'habitude de ne plus chercher à savoir ce qu'il allait faire. Dans tous les cas il ne me le dirait jamais. 

Dans mon dos, Matt me prit par la taille et huma mes cheveux. Je sentais la transpiration... Il posa son menton sur mon épaule et se mit à bouger comme pour me bercer. 

Il soupira puis je l'entendis chuchoter: 

— Tu vas me manquer. 

Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas pourquoi je lui manquerais. On se verrait demain matin de toute façon. 

DESPITE LIES (histoire intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant