15 ~ Aujourd'hui

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– Zoé, écoute-moi.

Je me tournais sur mon fauteuil. La lumière du hall d'entrée l'éclairait. Mon estomac se renversa lorsque je le vis. Le visage torturé. Les sourcils froncés. Haletant. Mais tellement beau, aussi.

– Je ne t'ai rien dis pour te protéger.

Me protéger ? Il pensait vraiment qu'entourer une maison de gangsters était une bonne façon de protéger quelqu'un ?

– Je ne voulais pas que tu connaisses cette partie de moi.

J'étais tiraillée entre l'envie de le frapper, de le faire sortir de chez moi pour ne plus jamais le revoir et le besoin de connaître la vérité.

Je ne répondis rien, toujours tournée vers lui. Il continua.

– Oui je suis l'un des leurs. Tout comme Clay. Mais on ne fait plus rien. Je te le promets.

– Alors pourquoi ont-ils accepté de t'aider si tu ne leur rends rien en échange ?

Je hurlais.

J'essuyais une larme qui roulait le long de ma joue. Matt reprit:

– Je te l'ai dis. Ils me sont redevables.

– Pourquoi ?

J'avais encore crié ma question.

– Ils me sont redevables, c'est tout ce dont tu as besoin de savoir.

Je bouillais. Il se foutait de moi ? Il continuait à vouloir me garder dans l'ombre. Je le détestais pour ça.

– Tu sais, il y a six ans, je t'avais demandé s'il n'y aurait que des secrets ou des mensonges entre nous. Tu m'as juré que non. Et tu vois, Matt. Même pour ça, tu m'as menti.

Il se figea. Mon corps tout entier tremblait.

– Matt, c'est à Zoé que tu parles, pas à une de tes blondes sans cervelles, intervint Clay. Crois-tu vraiment qu'elle va se contenter de ça ?

J'essayais de faire abstraction du couteau qui venait de se planter dans mon estomac quand Clay avait mentionné les blondes sans cervelles de Matt.

D'ailleurs, Clay s'était levé. Je n'avais même pas remarqué qu'il avait remis son tee-shirt. Matt inspira, passa ses mains dans ses cheveux. Le regard assassin qu'il posait sur Clay me faisait comprendre qu'il ne voulait vraiment rien me dire.

– Matt, le suppliais-je.

Il vint s'asseoir dans le salon, aux côtés de Clay. Il planta ses prunelles dans les miennes et je frissonnais.

– Nos pères, celui de Clay et le mien, c'étaient eux deux, qui dirigeaient le gang. Comme nos grands-pères l'étaient avant eux. Mon père était le chef, le père de Clay, son bras droit.

Une boule se forma dans ma gorge. Matt avait toujours refusé de me parler de son père. Le regard de Clay venait de changer, aussi. Ses yeux gris étaient vitreux, vides.

– Ils sont morts pour ce gang. Les Miles sont les plus craints de tout le pays. Nous sommes les plus forts.

Nous. Le sol se dérobait sous mes pieds. Il était indéniablement l'un des leurs.

– Un soir, alors qu'on avait quinze ans, un affrontement était prévu entre notre gang et un autre pour un problème de territoire. Nos pères n'ont pas eu le temps de mettre un pied hors de leurs voitures qu'ils se sont fais tirer dessus.

Un frisson me parcourut tout entière.

– Nous sommes fils de chefs. Et pour cela, ils nous sont complètement dévoués. Pablo les dirige mais...

Je ne voulais pas savoir la suite. Je savais ce qu'il allait dire.

– C'est nous même qui l'avons nommé pour nous seconder, en quelque sorte. Il était celui en qui nos pères faisaient le plus confiance.

Mon regard jonglait entre Matt et Clay. Mais quelle conne avais-je été de croire qu'ils étaient sortis de là dedans depuis longtemps. Si leurs grands-pères étaient chefs, que leurs pères aussi et qu'ils avaient désigné Pablo pour faire leur travail, alors ils étaient...

– Vous... vous êtes...

Je n'arrivais pas à aligner une phrase correctement. J'étais sous le choc. Cette journée devait se finir à tout prix. Je n'en pouvais plus. Matt hocha la tête, répondant silencieusement à la question que je n'arrivais pas à poser. 

Je fermais les yeux et agrippais mes cheveux. J'avais envie de hurler.

– Tu as toujours été trop bien, Zoé. Je ne pouvais pas t'avouer ça. Clay a réussi à tout dire à Amélia, mais moi je ne pouvais pas. Je voulais être l'homme que tu voyais. Celui que tu croyais que j'étais.

Mon cœur battait à tout rompre.

– On ne sort jamais de ce gang. Les membres ont des enfants qui eux mêmes ont des enfants et ainsi de suite.

Sacha.

– Matt, est-ce que tu es en train de me dire que Sacha a déjà un 1000 qui sera gravé sur lui ?

Il déglutit.

– Oui.

– Et ma fille aussi, annonça calmement une voix féminine derrière moi.

Je sursautais. Amélia. Elle était debout en bas de l'escalier. La main sur son ventre. Je n'arrivais pas à y croire. Elle m'avait toujours dis de me tenir loin de Matt, à l'époques. Et elle ? Elle avait accepté ça, cette vie. Elle s'était consciemment jetée dans la gueule du loup.

– Sortez de chez moi ! Tous ! Je ne veux plus jamais avoir de contact avec vous tous ! hurlais-je.

Je me levais et allais fouiller dans mon sac. Je sortais le pistolet et l'envoyais au visage de Matt.

– Et reprends ça !

Tous les trois me regardaient. Les joues d'Amélia étaient trempées, comme les miennes. Elle voulu tendre la main vers moi, pour me supplier.

– Ne me touche pas. Plus jamais. Et dire que je pensais te connaître, Amélia. Tu t'es bien foutue de ma gueule, toi aussi.

Elle pleurait à chaudes larmes.

– Je t'en supplies Zoé. Ne m'en veux pas.

– Sors de ma vie. Sortez tous de ma putain de vie !

J'ouvris la porte. 

Ils passèrent devant moi. Sur le perron Matt se retourna. Je claquais la porte.

DESPITE LIES (histoire intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant