14 ~ 7 années plus tôt

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– Merci de m'amener, mais prendre le taxi ne m'aurait pas tué.

– Tu y aurais laissé tout ton argent juste pour l'aller.

Faux.

Je l'observais du coin de l'œil. Le regard rivé sur la route, il était concentré.

– Comment va ton ventre ? demandais-je.

– Je suis solide.

Matt Collins, l'homme fait de béton et d'acier qui n'a jamais peur de rien, que rien ne peut faire le faire plier, pouffais-je mimant un panneaux publicitaire avec mes mains.

Il tourna la tête vers moi, son regard s'éclaira et il commença à me faire des chatouilles. Je me tordais dans tous les sens mais ne semblait malgré tout pas perturber la conduite de Matt. Je redevins soudainement sérieuse lorsque Matt commença :

– Tu sais, ce que je fais, ce n'est pas pour le plaisir. La drogue, les armes, tout ça...

Les armes ? 

– Matt...

– Je veux être quelqu'un de bien, Zoé. Si je pouvais tout arrêter demain, je le ferais.

Je ne savais pas quoi répondre. Il venait de se confier sans même que j'ai n'eus à le demander. Et moi qui lui avais dit qu'il préférait faire des trafics le soir que de s'occuper de ses études. Je me sentais honteuse, honteuse et bête de l'avoir jugé trop vite.

– Je suis désolée, m'étranglais-je.

Une boule se forma dans ma gorge. Il posa sa main sur ma cuisse et je posais la mienne sur la sienne, la caressant de mon pouce.

~

– Il devrait arriver par cette porte, annonçais-je à Matt.

Lui qui avait été si doux dans la voiture, semblait maintenant énervé, impatient. Il ne s'arrêtait pas de tourner en rond, comme un lion en cage.

– Matt, tu vas bien ?

– Oui, me répondit-il sèchement.

– Très bien, soufflais-je. Mais va t'asseoir, je t'en supplie, tu me donnes le tournis.

– Tu me supplieras bientôt pour d'autres choses, rétorqua-t-il en se mordant lentement la lèvre inférieure. 

Mon coeur s'emballa mais je levais les yeux au ciel, comme si sa remarque n'avait pas allumé un feu dans le bas de mon ventre.

Il m'obéit et s'assit face à moi. Son regard noir rivé sur moi. Comme s'il m'en voulait soudainement pour quelque chose. Quant à moi, j'étais debout dans ce grand hall, je rongeais les peaux autour de mes ongles. La venue de Théo me mettait dans tous mes états. Je baignais entre la peur qu'il découvre ce qu'il y avait eu entre Matt et moi et l'appréhension de la semaine que je devais passer à ses côtés.

– Hey, Frenchie ! m'appela Matt. Viens t'asseoir, dit-il en tapotant le siège à côté de lui, tu as encore vingt bonnes minutes à attendre, tu vas prendre racine si tu restes plantée là.

Il avait raison. À quoi bon rester debout ? Je me dirigeais vers lui et m'asseya à sa gauche. Les gens qui passaient devant nous nous dévisageaient certaines fois. Ils devaient certainement penser que nous étions ensemble, et pour tout dire, si nous l'étions, nous ne formions pas un couple harmonieux. Plutôt un couple...étonnant. Matt, tatoué jusqu'aux os, des piercings dispersés un peu partout sur son corps - dont un grand nombre au niveau du visage-, le regard noir, les traits durs, un corps d'athlète et moi à ses côtés, les cheveux bruns, ondulés - ou plutôt indomptés - , les yeux verts, apeurée par tout ce qui sort de l'ordinaire, sans aucune autre mutilation corporelle que des trous aux oreilles et de corpulence généreuse. 

DESPITE LIES (histoire intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant