11 ~ Aujourd'hui

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Une semaine. Cela faisait une semaine que je n'avais pas revu Matt. Je ne m'en portais pas plus mal car la honte était toujours ancrée profondément en moi. Il avait décidé de partir une fois que je m'étais calmée. Je n'étais pas rassurée de rester seule avec Sacha en sachant qu'un homme nous voulait du mal - et dire qu'il ne nous voulait que du mal était un euphémisme - mais Matt m'avait assuré que les gardes qu'il avait engagé (et qu'apparemment il connaissait bien) étaient plus que prêts s'il n'y avait que l'ombre même d'un problème.

Je sursautais encore lorsque je sortais de la maison et que l'un d'eux me saluait. Si Matt ne m'avait pas rassuré, j'aurais juré qu'avec leurs allures d'armoires à glace, tatoués (autant, si ce n'est même plus que Matt) et vêtus de costards noirs, ils faisaient partis d'un gang. Certains avaient un accent hispanique. D'autres avaient des cicatrices sur le visage. Je leur faisais confiance, j'y étais bien obligée mais ils n'étaient pas nets et j'en étais certaine.

Cette semaine, j'avais également  bien avancé dans l'écriture de mon livre.

Merci Matt... Non !

Je voulais bien admettre que je l'avais toujours dans la peau mais pas que c'était grâce à lui que j'avais eu une imagination débordante et que l'écriture de mon roman allait être beaucoup plus rapide que le délai que j'avais annoncé à Will. 

En parlant de Matt, il m'avait envoyé plusieurs messages dans la semaine pour savoir si j'allais bien et que rien d'anormal ne s'était passé. Je lui avais assuré que j'allais mieux et que rien ne s'était produit. Grand bien m'en fasse.

– Est-ce que tu pourras passer à mon bureau ? m'avait-il demandé la dernière fois que je l'avais eu au téléphone.

Et il s'avérait que c'était aujourd'hui. Amélia venait d'arriver pour garder Sacha le temps que je m'absente. J'espérais qu'il allait être calme car mon amie avait l'air d'être au bord de l'explosion. On aurait pu jurer qu'elle attendait des jumeaux. Dans un sens, même si son corps était complètement métamorphosé et que ça n'avait pas l'air d'être une vraie partie de plaisir, j'aurais aimé me voir avec un ventre bien rond lorsque j'avais eu Sacha. L'avantage restait tout de même que je n'avais pas eu à perdre beaucoup de poids suite à ça. Mais perdre les kilos de grossesse me semblait tout de même mieux que toutes les séances de thérapie où j'avais dû me rendre post-partum.

– Bon, son goûter est prêt. Son jus d'orange est dans le frigo, il faudra surement remuer un peu la pulpe et j'ai fais du gâteau. Tu me feras penser, quand je rentre, de t'en donner, d'accord ?

Amélia hocha la tête. Son regard changea lorsqu'elle se mit à me détailler de haut en bas. Elle croisait les bras sur sa poitrine et relevait un sourcil. Je n'aimais pas du tout sa façon de faire. Je me sentis rougir.

– Tiens donc, vous voilà bien apprêtée mademoiselle Desenne. Avez-vous un rencard avec Will juste après ?

– Non, pourquoi dis-tu ça ?

Je dansais d'un pied sur l'autre.

– Alors explique-moi pourquoi tu te la joues soudainement femme fatale alors que tu vas juste voir Matt ?

Je baissais la tête et inspectais ma tenue. Je ne faisais pas du tout femme fatale... J'avais mis des stilettos noirs brillants, un jean slim noir et un trench de couleur beige. C'était bien mieux que le jogging trop grand qui ne me quittait jamais d'habitude. J'avais eu envie de mieux m'habiller. À chaque fois que j'allais dans son bureau, j'avais le sentiment de faire tâche dans tout ce luxe. C'était sûrement une façon pour moi de me fondre dans la masse.

– J'en avais envie, ok ? Je n'ai aucun compte à te rendre.

J'avais peut être répondu plus sèchement que je ne l'aurais voulu. Amélia resta muette. Je m'excusais aussitôt.

DESPITE LIES (histoire intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant