Chapitre 18. La mort, ma belle amie.

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- Pourquoi tu m'as fais ça ?!

Une voix.

- Pourquoi tu m'as abandonné ?

Une voix remplie de tristesse et de désespoir.

- Tu avais pourtant toute la vie devant toi !

Elle appartient à un homme.

- Je veux que tu reviennes !

Un homme que je ne connais pas.

- Tu vas revenir ma princesse...papa est là.

Je reprend peu à peu connaissance et réussis à ouvrir les yeux. Je relève ma tête, grimace quand une douleur s'empare de ma tête et frissonne lorsque le vent frais caresse mon corps seulement couvert de mon uniforme de cheerleader.
Je ne suis plus dans les vestiaires.
J'observe le décor tout autour de moi et reconnais facilement le terrain de natation extérieur du lycée.
Qu'est-ce que je fais ici ?
J'essaie de bouger mais je n'y arrive pas. Je suis ligotée à une chaise en fer, posée au bord du grand bassin de natation.
Je pose par la suite mon regard sur le sol et remarque le corps de Joy, vêtu d'une robe blanche et d'un collier. Elle paraît si paisible et plongée dans un profond sommeil.
Soudain des bruits de pas retentissent à ma droite et un homme surgit de la pénombre. Il tient à la main une photo et dans son autre main un appareil photo.
Il ne fait pas attention à moi et s'avance directement vers mon amie. Il s'accroupit à sa hauteur et son regard passe de la photo à Joy plusieurs fois. Soudainement il hurle :

- Non ! Non ! Tu n'es pas comme elle ! Tu es une imposture ! Tu n'es pas ma fille !

Il s'apprête alors à porter un coup à mon amie mais je le stoppe dans son élan en lui criant de s'arrêter. Il daigne enfin poser son regard sur moi et je reconnais immédiatement son visage.
L'homme de la dernière fois, celui dans la rue, celui devant le terrain d'athlétisme, celui des informations...le meurtrier.
Il se relève et s'approche de moi sans un mot et sans une once de sentiment dans son regard. Il s'arrête à quelques centimètres de moi et caresse lentement ma joue gauche avec le bout de ses doigts. Un frisson de dégoût me parcours le corps et je tourne brusquement ma tête pour me dégager de son contact.

- Toi.

Un seul et unique mot sort de sa bouche. Il m'observe, me contemple d'une manière étrange, analyse mes cheveux, mes yeux. Il semble chercher quelque chose, mais quoi ?
Soudain il se lève, saisit le corps de mon amie et la ligote au grillage en face de moi. La vue de Joy dans cet état me brise le coeur et dans un élan de tristesse et de désespoir je demande :

- Laissez moi appeler les secours s'il vous plaît.

Le meurtrier se tourne vers moi et chuchote d'une voix à la fois remplie de folie et de haine.

- Non, non, non, je ne te laisserais pas partir une fois de plus. Jamais.

Je baisse le regard tandis qu'il termine de ligoter fermement Joy au grillage. Il faut que je trouve une solution pour nous sortir de la, et vite.
Mes mains sont attachées, je suis ligotée à une chaise, Joy à un grillage et nous sommes en piteux états. Son coup à la tête l'a fortement assommé tandis que moi, un filet de sang s'échappe de ma plaie sur la joue et mes poignets me font souffrir à cause des liens trop serrés. Nous nous pourrons clairement pas faire plus d'une cinquantaine de mètres à pieds.
Détourner l'attention de l'homme ?
Hurler en espérant que quelqu'un m'entende ?
Trouver quelque chose pour me détacher ?
Frapper l'homme par l'arrière pour qu'il soit assommé ?
Trop d'idées se mélangent dans mon esprit, je n'arrive pas à discerner la meilleure solution.
C'est alors que des phrases de voitures illuminent un peu l'endroit où l'on se trouve. Des éclats de voix retentissent. Elles semblent lointaines mais elles sont présentes. Voyant le regard remplie d'incompréhension de mon ravisseur, je hurle à pleins poumons les mots « aidez-nous ! ». L'homme s'avance vers moi et sa main froid et dure s'abat sur ma joue me forçant à ne plus prononcer un mot de plus. Il éclate alors dans une colère noire et se déchaîne sur mon corps le couvrant petit à petit de plaies. J'encaisse comme je peux ses coups malgré le sang qui s'échappe de mes plaies et de ma bouche.

- Tu ne dois plus me désobéir ! Je ne t'ai pas éduqué comme ça !

A la fin de sa phrase, il donne un coup de pied dans la chaise sur laquelle je suis assise. Cette dernière bascule en arrière et mon corps rencontre alors l'eau glaciale de la piscine du lycée. Je me sens couler vers le fond, l'eau s'infiltre peu à peu par mes orifices du visage. La chaise en fer se dépose sur le fond du bassin tandis que je me débat afin de m'extraire de mes liens.
Les secondes s'écoulent lentement, ça doit faire plus de deux minutes que je suis sous l'eau et je dois me rendre à l'évidence.
Je suis incapable de me sortir de cette situation, je suis faible.
Ma vue se trouble sous le manque d'oxygène, mes poumons me hurle de respirer, mon cerveau se déconnecte peu à peu du monde qui m'entoure.
Soudain une forme plonge dans l'eau et nage jusqu'à moi.
Elle tend sa main afin d'essayer de m'atteindre.
Mes yeux se ferment sans que je ne puisse rien y faire et j'ouvre la bouche inconsciemment laissant échapper toute l'air que j'ai pu retenir jusque là.

Je sens une main se poser sur mon visage.
Je sens mes liens se défaire.
Je sens que l'on me tire vers le haut.
Je sens de la fraîcheur sur mon corps gelé.
Je sens des bras me maintenir.
Je sens le sol froid rencontrer mon corps.

- Elle va bien ?
- Non.

J'arrive à distinguer des éclats de voix qui sont par la suite effacés par mon rythme cardiaque que j'arrive à entendre. Mon coeur bat lentement, beaucoup trop lentement. Peu à peu je perd mes sens en commençant par le toucher et finissant par l'ouïe. Seul mon esprit reste conscient dans mon corps inerte.
Je ne pensais pas que ce jour arriverait aussi vite...
Je comptais terminer le lycée, faire mes études dans une université et avoir le métier que je désire. Je rêvais de fonder une famille avec la personne que j'aime et vivre chaque instant et chaque moment a ses côtés.
Malheureusement je me fais à l'idée que jamais ça n'arrivera.
Petit à petit je sens mon esprit s'éteindre, j'ai l'impression que mon âme s'apprête à quitter mon corps.
J'ai peur...
Après tout, c'est un sentiment normal lorsque l'on meurt.

Fire on Fire [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant