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Janvier 2019

Rien n'avait pu me faire décrocher de cette séance studio interminable aux côtés de Diabi, Selman et le reste des gars avec qui j'ai bossé sur tout l'album. De base on faisait du son que Diabi et moi, puis finalement le reste nous ont rejoint peut-être sept heures après le début de cette séance, vers seize heures. Finalement ça s'est transporté en grosse réunion pour parler de mon prochain album, et du film documentaire que je prépare pour l'accompagner. On a des scènes à retourner sur Paris, faire le tri dans ce que je veux ou non, comment l'organiser et tout ce bordel monstre que c'est. Mais j'ai hâte. Que ça se fasse, d'annoncer mon retour, et de voir la réaction de mon public devant tout ce que j'ai de prévu.

C'est fatiguant et prenant, mais je n'ai clairement pas vu le temps filé à toutes vitesses, c'est seulement quand Doums se lève en disant qu'il doit rentrer car demain il doit être à huit heures pour récupérer son fils chez Adèle que je me décide à bouger mon cul de ce canapé dans lequel j'étais installé depuis qu'un trop long moment. J'attrape alors mon portable sur la table basse qui était jusque-là en mode avion. J'y découvre alors quasiment aucunes notifications de mes réseaux sociaux sous mon nom d'artiste, les ayant désactivés. J'en recevais trop ça en devenait insupportable et assez prenant pour moi de toujours avoir l'avis des gens sur ma personne ou un acte que je faisais sans même leur demander leurs avis. Je sais qu'ils font pas mal, mais ça avait tendance à m'oppresser, alors j'ai réglé ce problème de cette manière.

Je m'attarde alors seulement sur les notifications de mes proches qui sont les suivantes;

De Maman :
Ça fait longtemps qu'on t'as pas vu dans les parages avec ton père. Penses à passer pour nous voir et pour venir te reposer au calme de tout ce qui t'entoure.
Prends soin de toi mon fils.

Je souris doucement devant les doux mots de son sms, on a prit l'habitude de texter plus ou moins régulièrement, ayant plus de temps pour les appels à rallonge. Pourtant, Dieu sait à quel point ceux avec ma mère sont importants pour moi.
Quand ils étaient encore à Paris c'était assez simple de passer en coup de vent pour un dîner, mais depuis quelques années ils sont de retour dans le sud. J'avais de l'argent, alors j'en ai premièrement fait profiter mes parents en leur achetant une maison au bord de la mer, c'est alors là-bas qu'ils ont élu domicile fixe.

Je lui réponds alors rapidement, lui racontant que ça va et que mon prochain album est fini depuis déjà bien deux mois, et que donc, il devrait sortir durant 2019.

Même si me connaissant je risque de rajouter des trucs à cet album, je peux pas m'en empêcher, Séléné m'inspire que bien trop. J'ai l'impression que cette oeuvre ne sera jamais totalement fini, alors que j'ai écrit plus d'une centaines de sons. Ça n'a pas de sens, mais ma facilité à écrire ne m'aide pas en plus de la muse fascinante que j'ai.

Après ça je réponds rapidement à mes mails pro ainsi qu'à mes amies qui prennent des nouvelles mais que je vois moins depuis que leurs vies sont plus posées que la mienne.

Finissant par une notification reçu il y a quarante-cinq minutes.

De Séléné :
Je t'attends chez toi.

Oui, c'est qu'un vulgaire plan cul d'un point de vue externe, pourtant ce plan cul a un double des clés de chez moi... Ça a totalement pas de sens. Surtout que, quant à moi, j'ai pas un double de chez elle. Je sais bien que c'est moi qui va trop loin avec cette fille. Ou plutôt, moi je le montre bien plus qu'elle.

Alors dans un automatisme presque foudroyant je me lève d'un coup, ramassant mes affaires que je range rapidement dans les poches de ma veste. Veste que j'enfile d'ailleurs rapidement, tchekant mes gars en leurs disant qu'on bosse plus tard car je suis crevé.

Ils doivent se douter que y a une meuf dans ma vie, car c'est pas la première fois que je pars rapidement de cette manière du stud, d'une réunion ou même d'une soirée. Mais ils disent rien, ils me regardent juste avec ce petit regard suspicieux que je ne connais que trop bien chez eux. Pourtant ils forcent pas, ils savent très bien que si je dois leur présenter quelqu'un, ça arrivera quand ça arrivera.

Alors pendant tout le trajet je m'imagine la nuit de folie que je vais probablement passer avec celle qui a un corps qui me fait des merveilles en plus d'être incroyable. C'est pas la première fois qu'elle me demande de la rejoindre à un endroit, et je me souviens évidemment dans quels accoutrements merveilleux j'ai pu la retrouver par le passé, rien que d'y penser, je suis à deux doigts d'avoir la trick de ma vie.

Heureusement que je suis seul dans ma bagnole et qui plus est la nuit car clairement, si je serai dans un bus ou le métro je passerai pour un gros dégueulasse à certainement bander sur une meuf présente là-bas dans les esprits. Alors que c'est juste mes pensées et celle que je vais rejoindre chez moi qui me fait perdre mes moyens à ce point.

J'arrive peut-être une trentaine de minutes plus tard chez moi, enfin. Et quand je rentre enfin à l'intérieur, je suis assez perplexe. La porte étant ouverte alors qu'elle la ferme toujours car c'est une de ses plus grosses peur : que quelqu'un rentre chez elle par surprise et s'y cache. Pourtant la porte est bien ouverte, chelou. Et c'est encore plus bizarre quand j'ouvre la porte d'entrée et que je découvre mon appartement plongé dans le noir. C'est clairement jamais le cas, quand elle vient me faire une sorte de surprise comme ça, elle laisse toujours des lumières, histoire de tamisé l'endroit. Mais j'avoue qu'il se commence à faire tard, son sms doit dater de y a plus d'une heure facile maintenant donc elle s'est peut-être endormie ou que sais-je.

-Sélé ? Demandais je en allumant la lumière du salon après avoir abandonné ma veste et mes chaussures dans l'entrée.

Pourtant c'est pas sur une petite brune aux yeux clairs en porte-jarretelles sur laquelle je tombe, comme je m'attendais, mais sur un mec, plutôt costaud, facile une tête de plus que oim, et vu son regard : je vais prendre chère.

Pourtant j'aperçois facilement Sélé en train de pleurer silencieusement, une tonne de mouchoirs autour d'elle, assise sur mon canapé, quasiment recroquevillée sur elle-même.

Putain mais c'est quoi ce délire encore ?

OmbrageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant