Ombrage

24

Mars 2019

Après ce rendez-vous j'ai accepté l'invitation de Séléné à aller boire un verre pour qu'on discute quelque peu. J'ai le coeur léger en repensant à l'annonce du médecin alors que j'embrassais le front de cette femme qui porte notre vie. J'ai envie de danser dans la rue tant la joie me submerge pourtant je laisse la brune nous mener au café au coin de la rue. La remerciant du regard quand je la vois s'installer au fond du café, exprès pour pas que je sois remarqué. Même si d'un sens elle le fait aussi pour elle je sais qu'on a eut assez de discussions ensemble sur le sujet pour qu'elle sache comme ce tout m'oppresse.

Me rappelant directement la discussion avec Marie avant que je m'envole pour la Grèce... Faudrait que je pense à passer la voir au passage.

Une fois nos commandes passées, ses yeux se reposent sur mon faciès alors qu'elle me demande comment je me sens.

-C'est bizarre, je réalise sans réaliser ce qui va se passer soufflais je

Elle acquiesce d'un rictus adorable sur ses lèvres pulpeuses avant de m'affirmer qu'elle réalise peut-être plus que moi mais qu'elle aussi a dû mal à réaliser que tout va changer du tout au tout dans pas si longtemps que ça quand on regarde.

-Faudrait qu'on en parle aussi pour le prénom reprit-elle, attisant mon air curieux

-Comment ça ?

-J'ai pas fait cet enfant seule Ken, alors même si on ne vit pas ensemble et qu'on ne l'a jamais été, j'aimerais qu'on fasse les choix à deux, dont celui-ci

Je la regarde alors longuement, jaugeant si elle est sérieuse ou non, et elle a bien l'air de l'être, plus que tout. C'est pourquoi rapidement elle ne doit pas comprendre pourquoi des larmes aux yeux me viennent alors que je les ferme rapidement, appuyant avec mon pouce et mon index contre mes paupières pour m'empêcher de craquer. Ça fait peut-être trop d'émotions en une journée mais ses paroles me touchent réellement. Presque trop.

Après avoir souffler un bon coup et remarquer que les boissons commandées sont face à nous, je lève la tête vers Sélé, lui expliquant ma réaction.

-Je suis désolé, vraiment, je suis un gros con qui te menace au départ et maintenant je chiale en me rendant compte que t'es géniale et que je mérite juste pas ta gentillesse alors que j'ai été une merde et je, merci soufflais je sous son regard tendre

Elle me jauge un instant du regard avant de me répondre.

-T'as pas à t'en vouloir, même si au départ je t'en ai forcément voulu te pensant sincère je me suis vite dis qu'à ta place j'aurais réagis peut-être pareil voir pire et que te connaissant, c'était seulement des menaces en l'air, tu as trop conscience des choses pour mettre ça en action ricane t-elle alors que j'acquiesce

Elle a pas tord. Moi vivant jamais je ne séparerai une mère de son enfant si c'est pas nécessaire. Et encore moins enlever à mon enfant sa mère pour une simple question d'ego impacter. Je vais avoir trente piges, je suis plus un gosse alors faut que j'évolue...

Décidément, faut croire qu'entendre le coeur de son bébé battre ça ramène vite les pieds sur Terre.

-En tout cas merci de m'avoir proposer de venir, c'est la meilleure chose qui me soit arrivé depuis quelques mois grognais-je alors que je l'entends soupirer un « moi aussi », me faisant me racler la gorge, sachant que je vais partir sur une pente glissante avec elle dans quelques secondes

Ma tasse pleine de café entre les mains j'essaye de savoir si c'est le bon moment d'évoquer ça mais la réalité est la suivante : c'est que c'est jamais le bon moment de parler de ce genre de choses car ça devrait même pas exister.

-Et avec ton mari ? Osais-je lâcher rapidement, analysant la moindre de ses réactions

Elle ouvre doucement la bouche avant de la refermer, perdant son regard dans sa tasse de longues secondes qui me paraissent se transformer en minutes pourtant elle finit bien par parler, relevant le regard vers moi.

-Après t'avoir casser ta gueule Ozzy est retourner en Italie pour le travail alors j'en ai profité pour déménager rapidement pendant son absence, Dieu merci j'ai trouvé rapidement un petit appartement de libre mais y a qu'une chambre alors-

Avant de l'entendre finir, je la coupe par automatisme.

-Eh tu sais si t'as besoin de quoi que ce soit tu me dis, je suis là pour t'aider financièrement avec le bébé aussi, même si je sais que tu vas pas vouloir j'y tiens, si je voyage beaucoup pendant des périodes tu vas devoir l'avoir plus qu'une semaine sur deux si on s'organise comme ça alors je veux que tout soit le mieux pour vous deux

-Mais surtout pour lui ricane t-elle froidement, lançant un regard à travers la baie vitrée du café

Évidemment, je veux surtout pour lui que ça aille bien, elle n'est pas mon ex ou autre. Elle est seulement une fille avec qui j'ai eu une victoire et quand je la vois, je m'imagine directement notre fils, rien d'autre. Alors évidemment que je veux le meilleur pour lui et si ça passe par aider Sélé, je le ferai. Mais me sentant pas de déclarer tout ça après le sujet de discussion que j'ai instauré j'essaye de prendre des pincettes.

-Sélé... soufflais je doucement

-Arrête de vouloir me ménager Ken, tu m'as couru après, j'ai pas accepté tes avances car j'avais peur et autre mais maintenant je peux pas te reprocher de continuer ta vie avec cette fille et de m'allier toujours à ce bébé, alors désolée, j'aurais pas dû dire ça souffle t-elle me coupant malgré tout alors que j'allais reprendre la parole

Merde. J'en avais presque oublié Marie. Elle est donc jalouse d'elle ? C'est n'importe quoi.

«Dans sa tête Marie t'a et elle non, c'est ça la raison imbécile.» s'exclama ma conscience alors que d'un coup tout s'aligna. Roh la loose.

Perdu dans mes pensées, elle m'y fit en ressortir en prenant la parole.

-Mais promets moi une chose tu veux

-Dis moi claquai je en la regardant un sourcil hausser, ma curiosité étant attisée au maximum

-Ne laisse pas entrer n'importe qu'elle femme dans ta vie, je sais comment t'es, mais j'aimerai que ce bébé ne connaissent vingt six belles mères différentes au cours de sa vie d'accord, pour qu'il ait au maximum de stabilité, tu comprends ?

Par automatisme je lui lance un regard noir, étant touché par ses paroles, et cela dans le mauvais sens. Ouais j'étais actuellement vexé comme un gamin à qui on faisait une remontrance.

-C'était prévu claquais je, si on s'organise pour la garde à genre une semaine sur deux, je verrai des meufs et ferai des soirées avec les gars seulement quand je serai seul, t'en fais pas, je suis peut-être une tête de con souvent mais j'ai des valeurs grognais je, prenant un peu mal sa réflexion même si je comprends qu'elle me la partage en connaissant mon personnage

-Je te fais confiance Ken, je te le dis seulement, comme ça tu pourras pas dire que je t'avais pas prévenu

Je ne fais alors qu'un signe de tête, acquiesçant que j'ai compris ce qu'elle veut dire et que j'enregistre. Sur le coup je me sens un peu comme un gosse mais pour le coup je ne peux que l'avouer : elle est complètement compréhensible cette remontrance.

Après avoir payer les deux boissons et quitter notre table, je demande rapidement à Séléné si elle souhaite que je la raccompagne chez elle, chose qu'elle refuse me disant qu'elle n'est qu'a deux rues de chez elle, ce qui n'est pas faux. Je la prends alors longuement dans mes bras au lieu de lui faire la bise, la remerciant de nouveau pour cette invitation à l'écho. Sentant sa main passer dans mon dos alors qu'elle rigole en me disant que je suis adorable mais que c'est normal me fait un peu plus sourire.

Finalement je suis content que ce soit elle la mère de mon enfant. À voir quand ce bébé verra le jour, si on gérera bien ou autre, ou si un truc fera que je regretterai, je ne sais pas de quoi est fait demain après tout. Mais pour le moment, j'en suis pleinement satisfait même si c'est loin d'être comme ça que j'imaginais ma paternité. Alors que je la regarde s'éloigné une fois notre étreinte finit, je repense à son nom dans mes contacts et me décide à changer ça, enlevant le « tasspé » qui était clairement pas nécessaire.

Encore une action d'enfant que je regrette. Un jour je songerai peut-être à grandir, qui sait ?