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Janvier 2019

-C'est quoi ce bordel ?

C'est la seule chose que j'avais réussi à sortir face à cette scène.

-Toi baiser femme moi

Oh putain, il vient d'où cet accent, et comment ça le mec sait pas construire ses phrases ? Et en plus, comment ça j'ai baisé sa femme ? Sélé est pas en couple normalement.

Fin, qu'est-ce que j'en sais si elle était en couple ou non, je sais rien de sa vie intime plus que son prénom et son âge, on passait toujours notre temps après nos ébats à débattre sur mille sujets différents plutôt qu'à parler de nous.

Je lance alors un regard noir à la p'tite brune qui me regarde même pas, elle a les yeux posés sur le sol pourtant cette situation m'agace. Ok on s'était absolument rien promis, mais j'aurais quand même aimé savoir ça, surtout qu'avec son fort accent, certainement italien, et sa façon d'agir, son mec a pas l'air d'être un gars lambda sans problèmes, loin de là.

Ça se voit à sa gueule, le genre de gars qui rentre dans ta vie et déglingue tout sur son passage avant de repartir comme il est arrivé : sans prévenir.

-J'savais pas mec grognais je

-Moi plus vouloir toi revoir elle

J'ai la mâchoire serrée car ça m'emmerde fortement comme situation. Elle est un truc auquel je me suis énormément raccroché après la perte de mon ex, la première à qui j'ai laissé prendre une certaine place dans ma vie malgré qu'elle soit pas officielle. La seule et l'unique avec qui j'ai réussi à repasser le stade de l'intime. Ouais, ça m'emmerde vraiment. Car au fond de moi j'espérais qu'un jour elle me calculerai réellement et finirait peut-être par accepter qu'on se lance dans un truc sérieux.

Parfait imbécile j'ai été. Et que je suis toujours d'ailleurs. Si ça arrive aux oreilles des gars ils vont me vanner jusqu'à la M-O-R-T. C'est sûr.

Du coin de l'oeil je la vois encore pleurer silencieusement alors que son mec me tue clairement du regard, attendant que j'approuve ses dires. Chose que je finis bien évidemment par faire. Qu'est-ce que tu veux que je dises à un mec qui fait peut-être trente kilos de plus que moi facile. Et de muscle qui plus est. Il m'aurait clairement graille sur place si je l'aurais ouverte, c'est mieux que je la ferme et je laisse couler.

Il l'attrape alors vulgairement par son bras, ça se voit à la grimace qu'elle fait à travers ses pleurs : il lui fait mal. J'essaye alors de m'interposer en lui disant de faire attention pourtant, un simple regard suffit à me faire abdiquer une fois de plus. Je le laisse alors sortir, amenant de force Séléné derrière lui, qui garde la tête baissée, essayant de ne pas croiser mon regard.

Elle sait que je suis attachée à elle et connaissant l'empathie folle qu'elle a à revendre : elle doit s'en vouloir, car elle sait que ça me fait mal. Même si je lui ai jamais dis ouvertement tous les bénéfices qu'elle a eut à ma vie, je l'ai plusieurs fois remercié pour tout ce qu'elle m'apporte. Au début elle voyait pas ce que je voulais dire à travers ce mot : «Merci.» Mais bien vite elle a compris alors elle a arrêté d'y penser plus que ça.

Finalement la porte d'entrée qui claque me prouvant qu'ils sont bien parti me fait sursauter et redescendre sur Terre pour de bon. Les mecs vont se foutre de ma gueule, et cela sur des années, mais là j'ai absolument besoin d'leurs avis pour y voir plus clair.

Je me dirige alors dans l'entrée, récupérant mon portable dans une poche d'ma veste, me dirigeant directement vers la conversation de groupe qu'on a sur Whatsapp avec mes gavas.

De Ken : Ramenez vous chez moi, tous ceux qui peuvent. Besoin d'avis. Vite svp.

Mon téléphone ne tarde pas à vibrer sous les notifications de mes amis qui s'excitent, me demandant ce qu'il va pas. Mais je ne réponds plus rien dans la conversation, les laissant arriver pour avoir leur aide. Je pose alors mon portable sur le meuble d'entrée, observant finalement ce meuble.

Putain mais c'est quoi cette merde ? C'était pas là à mon arrivée, si ? Quoi que, j'ai peut-être pas fait gaffe.

Pensant d'abord à un papier du label qui traîne je l'attrape alors, me dirigeant dans ma chambre pour ranger ca dans le petit bureau qui y est installé, pourtant, sur le chemin pour rejoindre ma piole, je découvre que c'est absolument pas ça dont il est question.

C'est une lettre écrite par la main de Séléné.

Belle écriture cela dit. Mais sérieusement, ça commence à faire pas mal de découvertes sur elle en une soirée là.

«Je ne sais pas quand tu découvriras ça.
À l'heure où je te l'écrit on se connaît depuis un mois et demis à peine, mais j'arrive pas à te le dire, alors je préfère te l'écrire. Je ferai de mon mieux pour que tu découvres mes explications, et donc cette lettre, car ça risque d'être compliqué de se revoir après que t'aies découvert la supercherie. Cet homme, que t'as peut-être vu, ou qui viendra te parler à un moment ou un autre, il s'appelle Ozzy, il a un pied dans la mafia Italienne alors il est bien plus souvent là-bas, en Italie, qu'à Paris, avec moi. Je sais que là-bas il voit des femmes, pourtant moi... J'en ai pas le droit, de côtoyer d'autres personnes que lui. Il me l'interdit. Comme il m'interdit un grand nombre de choses. Et j'avais toujours respecté ce train de vie robotisé pour lui plaire mais quand je t'ai rencontré j'ai pas réussi à suivre. J'ai plus réussi à respecter ses règles. J'ai eu un réel coup de coeur pour toi, et c'est pour ça que je paressais peut-être distance quand t'évoquais certains sujets ou autre. Mais je voulais te protéger de ce mec qui m'enferme et me malmène de temps en temps. Je suis pas en sécurité à ses côtés, je le désire plus, mais les mariages arrangés sont toujours un sacré bordel. Alors qu'à tes côtés, je me sentais désirée, belle, et surtout : en sécurité. Tu as été un grand bol d'air frais à ma vie. Je sais que ça se finira à cause de lui, mais au moment où j'écris ces mots, j'espère profondément que ça durera longtemps.

Prends soin de toi.
Ta déesse.»

Un sourire à la con s'installant sur mes lèvres en voyant le surnom avec lequel elle a signé à la fin, y rajoutant sa signature. Comme si on était dans une relation professionnelle plus qu'une relation ayant été intime, seule le surnom rappelle à ça.

J'entends des rires venir de la cage d'escalier avant que des coups s'abattent sur ma porte. Les mecs ont fait vite pour une fois, eux qui sont habituellement en retard.

Je souffle alors en froissant le papier sur lequel elle a déposée ses paroles, la rangeant dans ma poche rapidement, m'apprêtant à aller ouvrir à mes potes, leur demandant au passage de faire moins de bruits pour les voisins qui dorment. Pensant au passage sur le chemin d'aller leurs ouvrir la chose suivante : j'espère tout de même la recroiser pour m'expliquer pour de bon avec elle.

Si je veux passer à autre chose comme elle me le fait comprendre quand elle me dit que si ce gars est au courant, c'est la fin de tout, il faut que ça arrive, que je m'explique en face à face avec sinon je vais pas réussir à évoluer.

OmbrageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant