Ombrage

21

Mars 2019

Les mains dans les poches en déambulant entre les ruelles de cette petite ville que je connais par coeur à force d'y venir régulièrement depuis ma tendre enfance. J'étais arrivé y a deux jours dans la journée chez ma grand-mère, elle avait été heureuse de me voir et on avait discuter de tout et rien depuis mon arrivée mais j'évitais à chaque fois le sujet de pourquoi ne pas prévenir plus que ça à l'avance de ma venue. Elle savait dans ces cas-là que c'est parce que j'ai trop de choses qui me prennent la tête et que j'ai besoin de bouffées d'oxygène pure pour de nouveau essayer de voir où j'en suis.

Alors j'étais là, une clope au bout des lèvres sur cette île que très peu fréquentée en tant hors vacances scolaire, essayant de savoir où j'en suis.

Je regrette aucunement mes paroles envers Séléné ou Amine je crois bien, je suis encore bien trop vexé pour me remettre en questions sur ça. Je le sais que je suis allé trop loin dans mes menaces envers la femme enceinte de moi et que je mettrai jamais en applications celles-ci, mais sur le coup, c'est tout ce que j'avais trouvé à dire... Ouais, au final je regrette peut-être un peu ça.

Pour ce qui est de Sneaz il me connaît assez bien pour savoir que c'est mieux pour lui qu'il ferme sa gueule et ne me reparle plus de son existence alors il ne m'a rien envoyé et vu comment les gars ont régis en apprenant ça... Il est complètement devenu l'ami-public n°2 de notre groupe. Laissant malgré tout la première place à Guizmo.

Foutant mon mégot dans mon paquet de clopes pour éviter de le jeter par terre, je souffle ma dernière bouffée de nicotine. Je sais pas où ce que je veux et où je vais. Je réalise aucunement que ma vie va changer de tout au tout dans quelques mois et ne côtoyant pas la mère c'est clair que ça va pas m'aider à réaliser que je vais devoir mûrir et vite à tous les niveaux. Moins de nuits à vagabonder dans Paris car j'ai besoin d'inspiration et ne pas être reconnu. Moins de voyage comme celui-ci sur des coups de tête. Plus de responsabilités que j'ai toujours fuis en couple. Moins d'égarement, plus de maturité, plus d'empathie, moins de pensées égocentrique sur ma carrière et plus de pensées pour deux. Ce futur être et moi. Et encore bien d'autres choses.

Je serai jamais prêt à temps, c'est certain.

Et c'est sur cette pensée défaitiste que je reprends le chemin pour rentré chez ma grand-mère, mettant
des coups de pieds dans chaque cailloux qui croise ma route. Essayant de défouler l'énervement qui est monté contre moi-même depuis mes dernières pensées.

Avec surprise je découvre l'hôte de cette maison dans la cuisine, une tasse de thé entre les mains, zieutant patiemment l'horloge.

-Tu dors pas ? Lui demandais-je en grec alors qu'elle tourna sa tête vers moi en me lançant un sourire qui me réchauffe le coeur en me voyant

-Je t'attendais fiston

Je fronçais les sourcils suite à sa réplique et me fit du thé à mon tour.

-Pourquoi ça ? La questionnais-je, dos à elle en faisant chauffée l'eau de ma boisson

-Je sais que tu vas pas bien, je te connais par coeur alors parle moi, ça peine ta vieille de te voir comme ça tu sais

Je me tourna vers elle ma boisson dans les mains, m'installant à ses côtés sur cette petite table de cuisine que j'ai l'impression de toujours avoir connu à cet emplacement.

-T'es pas vieille soufflais-je en plongeant un sucre dans ma boisson chaude

Elle leva les yeux au ciel suite à mes dires avant de me reprendre.

-Là n'est pas la question. Qu'est-ce que tu as ? repris t-elle alors que je plongeais mes yeux dans ma tasse remplie de thé à la fraise que je déteste mais dont mère-grand raffole tant alors que je me contente toujours de siroté, finissant toujours par lui dire qu'elle a des goûts douteux