Ombrage

33

Avril 2019

Je regarde dans tous les sens dans ce couloir en ne m'y sentant vraiment pas à l'aise. Sérieux qu'elle idée d'accepter une sorte de conférence sur mon parcours devant des étudiants alors que j'ai jamais fait d'études supérieures ? Plus con que ça y a pas. Mais selon mes gars ça pouvait être drôle et ferait des bails à raconter, donc j'y suis allé sans plus y réfléchir. Après tout ils ont pas tords, ça ferait une expérience en plus. Malgré ça j'avoue qu'actuellement seul dans un couloir à attendre que le proviseur me rejoigne je suis pas hyper à l'aise, voir pas du tout.

C'est un sms qui me donne un minimum la foi.

De Séléné :
«Merci pour le bola de grossesse que t'as laissé dans la boîte aux lettres, passe une bonne journée. »

Je sais pas trop ce qui m'a prit mais en passant devant une vitrine j'ai vu un collier sur lequel j'ai flasher. Je me voyais déjà le prendre pour l'offrir à ma soeur ou ma mère, sauf qu'en entrant dans cette boutique pour demander à une vendeuse de quoi il était question, j'ai adoré la signification. C'est censé renforcé le lien entre le bébé et la mère et cela se porte dès le quatrième mois de grossesse, tout m'a fait pensé à Séléné et à notre bébé, alors, évidemment, j'ai pas cherché plus loin en faisant passer ma carte bleue. J'allais après tout pas acheter un bijou pour femme enceinte à ma soeur et ma mère qui ne le sont pas.

Je souris donc devant son message mais le verrouille bien vite en entendant une voix grave qui porte m'interpeller.

-Monsieur Samaras ?

-Enchanté claquais je en serrant la main du proviseur qui me sourit grandement

-De même ! C'est un plaisir de vous accueillir dans notre établissement qui plus est pour parler de votre parcours de vie des plus inspirants

J'ai directement envie de rire quand il dit ça. Qu'il aille dire à mes parents également que j'ai un parcours de vie des plus inspirants ils vont bien lui rire au zen tien. Malgré ça je garde la face et le remercie tandis qu'il me fait entrer dans l'amphi dans lequel je vais parler dans une dizaine de minutes.

-Ma secrétaire va vous ramener café et bouteille d'eau me dit-il alors que je m'installe sur l'estrade derrière une sorte de pupitre installer pour l'occasion, comme pour jauger si c'est impressionnant ou non

-J'aurais pu aller me chercher ça vous savez lui disais-je en me reculant sur l'estrade, me mettant à ses côtés

-Mais non voyons ! Vous avez bien mieux à faire, puis bon, faut bien que je paye mes employés à quelque chose ricane t-il avec son air hautain à la con

« Connard » pensais-je mais je ne surenchéris rien, remerciant seulement sa secrétaire quand elle me ramène ces deux boissons. La pauvre de se coltiner un patron si con que le sien. C'est dans ce genre de moment que je me dis qu'en tant qu'homme, qui plus est blanc et à la place que j'ai dans le domaine où je bosse : je risque pas de vivre de choses équivalentes à cela de si tôt, et je me sens clairement bénis pour ça.

J'écoute alors que d'une oreille la discussion entre le proviseur, sa secrétaire et quelques profs présents autour de moi qui nous ont rejoint, me concentrant bien plus sur les élèves qui sont en train de prendre place dans l'amphi. Ça me fait marrer de voir des groupes de potes être ici, dire qu'avec mes gars on se retrouvera jamais dans une salle comme celle-ci en tant qu'étudiants. Mais je reste halluciné quand je crois reconnaître une fille qui rentre dans mon champ de vision. J'espère réellement me tromper sinon je sais pas comment je vais faire pour être concentrer sur mon discours alors que la meuf sur laquelle j'ai 20 questions en boucle dans mon crâne à lui poser est dans l'assemblée, à m'écouter sagement parler. Et connaissant son côté joueur, ça m'étonnerait pas qu'elle essaye de me déstabiliser.