9 (part 2 )

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Février 2019

Une fois accoudé au garde-corps je soupira un peu plus longuement. Fermant les yeux pour me laisser emporter par les bruits de véhicules et celles des habitants enivrer mon ouïe. Je le dis pas et ne le montre pas mais j'ai peur. Vraiment peur. Si elle est enceinte je vais faire quoi ? Dans moins de neuf mois j'aurais un rejeton dans les bras alors que j'ai un album qui devient petit à petit un double album en plus d'un documentaire à sortir pour le promouvoir ? C'est la merde. Et quand je vais voyager je vais faire comment ? Car ok j'adore Séléné, cette meuf me rend paro et je pourrais presque sauter d'un pont pour elle. Mais là la réalité m'a frappée.

Je la connais pas putain. Et ça se trouve, à l'heure actuelle, elle porte mon bébé ? C'est n'importe quoi.

Puis c'est peut-être débile à dire, mais je me voyais pas daron avant d'être marié, d'être posé avec ma meuf depuis un moment, qu'on ait notre p'tit appartement... Mais faut croire que c'est mort. Mes plus beaux rêves de famille parfaite sont baisers là. Après, mon père m'a toujours dit quand on s'engueulait et que j'étais plus jeune que j'arriverai jamais à faire ce que je souhaite comme je l'imagine car je suis trop con pour. Et avec du recul et ce qu'il se passe en ce moment dans ma vie... Il avait peut-être pas si tord que ça. En parlant de famille... Faudrait que j'en parle à ma seconde mère, c'est la meilleure personne pour m'écouter attentivement, sans une once de jugement dans le regard et m'aider à avancer sans sombrer. Alors, je me doute que si je vais lui en parler demain ou dans les prochains jours elle sera quoi me dire. Ou alors elle va me dire qu'on est complètement fous à créer un plan pour sortir Sélé et mon possible gosse de ça. Mais bon. On la vit bien notre folie, c'est le principal après tout.

Mon ouïe et mes pensées étant d'ailleurs que trop rapidement perturbée par l'ouverture de la porte-fenêtre dans mon dos. Fais chier, j'étais bien seul là, à deux doigts de remettre mon existence en questions.

Après qu'un corps vienne s'abattre pour s'accouder à son tour contre le garde-corps me fait tourner la tête vers cette âme errante, tombant sur Diabi qui me fit un léger sourire. Sourire que j'essaya de lui rendre comme je peux, mais j'abandonna rapidement pour perdre mon regard dans la mer de lumières de la ville devant moi.

-Je sais que t'as rien écouter au plan tout à l'heure

Sa voix est monotone, sans jugement, il relève seulement un fait.

-Je sais gars.. Je suis désolé mais j'arrive pas à suivre entre la douleur, ma vie perso qui part en couilles et tout ce que j'ai à gérer dans le pro, je me perds

Je le vois du coin de mon oeil acquiescer longuement alors qu'il a, lui aussi, le regard perdu face à l'étendue de bâtiments devant nous.

-Je comprends, mais essaye de te concentrer sur toi-même et ta vie perso là mec, le reste on s'en bat les couilles, au pire ça prendra du retard et tu passeras la jauge des trois ans d'inactivité ricana t-il, emportant mon léger rire au passage

-T'es con soufflais je après lui avoir mis un coup de coude plus amical qu'emmerdant

-Peut-être mais en attendant au fond de toi tu sais que j'ai raison

Je soupire suite à ses dires car ouais, évidemment qu'il a raison et qu'il faut que je me laisse du temps pour moi dans cette situation.

-Tu te sens comment ? Finis t-il par me demander après quelques secondes

-Perdu soufflais je

Il me laissant y réfléchir quelque secondes, me laissant reprendre par la suite.

-Perdu parce que dans quelques mois ma vie va soit totalement changer, soit je vais pleurer si c'est faux car en vrai je commence à me dire que ça me ferait presque kiffer un gosse dans les bras, genre l'idée me donne par la gerbe

Il me sourit doucement avant de me questionner une nouvelle fois.

-Et pour la go ? Tu ressens quoi ?

-Je crois que je la kiff mais je suis duper, je kiff la meuf qu'elle était avec moi dans mon pied et qu'on a passé des nuits entières à refaire le monde, pas celle qu'elle est maintenant à me fuir comme si j'avais la peste

Il se dresse alors pour venir poser sa main sur mon épaule et y faire une pression, signe de sa présence pour moi ainsi que pour me rassurer.

-T'inquiète mec, avec le plan qu'on a, ça va aller, pense juste à toi

Il conclu ça en jetant son mégot par-dessus le garde-corps, rentrant de nouveau dans mon appart'.

Ouais, je vais faire ça. Les laisser me porter et voir où ça me mène, car pour le coup j'ai clairement pas la foi de chercher à comprendre le plan qu'ils veulent appliquer ou de me battre pour que sais-je d'autre.

Alors on verra bien...

OmbrageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant