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Romain entre en trombe dans l'appartement. Il découvre Dany allongé sur le sol, inconscient et Marc à ses côtés, essayant de le réveiller.

– Qu'est-ce qui s'est passé ?

– Je ne sais pas, soudain il s'est mis à transpirer et puis il est tombé dans les pommes.

– Il est blessé ?

– Non, j'ai regardé tout son corps, il n'y a rien, c'est peut-être une hémorragie interne.

– Calme-toi, ne pense pas au pire. Tu as appelé une ambulance ?

– Évidemment, il y a dix minutes, ils ne sont toujours pas là.

– Avec les embouteillages des grèves, ça risque de prendre du temps.

– Je ne sais plus quoi faire.

À ce moment, on sonne à l'interphone. Romain se précipite.

– Ils arrivent, ils vont le soigner.

– On dirait qu'il respire à peine.

Les ambulanciers entrent dans l'appartement et commencent tout de suite les examens.

– Il a beaucoup de fièvre, est-ce qu'il s'est plaint d'une douleur ?

– Oui, au côté droit.

– Il a déjà été opéré de l'appendicite ?

– Je n'en sais rien.

– Il a vomi ?

– Oui.

– On l'emmène.

– Je viens avec vous.

– Apportez ses papiers, surtout la carte vitale.

Les ambulanciers ne perdent pas le nord, même en situation d'urgence. Alors qu'ils transportent Dany hors de l'appartement, Marc jette un regard à Romain.

– Je vous rejoins, j'apporte ses papiers.

– Merci.


Dans l'ambulance, Marc fixe son ami. Il ne donne toujours aucun signe de vie.

– Est-ce que c'est normal ?

– Il se plaint d'une douleur depuis longtemps ?

– Il n'a jamais rien dit.

– Ses constantes s'affolent, heureusement nous sommes bientôt arrivés.

Marc ne sait pas trop où est situé l'hôpital, mais il trouve que le véhicule n'avance pas assez rapidement. Peu d'automobilistes font l'effort de dégager un passage...

– Moi je me suis fait opérer dans une clinique qui était vraiment très bien.

– Monsieur, nous ne pouvons pas prendre le risque, l'hôpital le plus proche est public.

– Ils vont l'opérer ?

– Le chirurgien doit être en train de se préparer.

Ils arrivent aux urgences. Les ambulanciers poussent le brancard et demandent aux gens de se pousser :

-Urgence vitale !

En entendant ces mots, Marc reste figé, là, à l'extérieur. Il se sent totalement impuissant, il ne s'est plus quoi faire, il ne peut plus bouger.


Romain arrive vingt minutes après, il trouve Marc toujours au même endroit.

– Viens, mec, il y a sans doute des papiers à remplir.

– Je ne peux pas.

– OK, va t'installer dans la salle d'attente, je m'occupe des documents. Je crois que j'ai tout pris.

Le temps de régler les détails administratifs, Romain vient s'asseoir à côté de son ami.

– Qu'est-ce que c'est ?

– Un dernier document. Dany s'est réveillé quelques minutes avant d'entrer dans la salle d'opération. Il t'a désigné comme personne de confiance.

– Ce qui veut dire ?

– Quand personne de la famille n'est présent, le patient peut choisir une personne de confiance pour prendre toutes les décisions.

– Il n'y a rien à décider, il faut juste l'opérer.

– Et l'infirmière m'a affirmé qu'ils ont commencé. Mais tu dois signer ce document, pour donner ton accord et décharger l'hôpital de plein de risques. Je te conseille de ne pas lire, ils prévoient le pire.

Sans regarder le document, Marc le signe.

– Tu trembles.

– J'ai tellement peur.

– Il faut que tu restes fort. On aura bientôt des nouvelles.


Cinq heures plus tard, Marc ne tient plus. Il harcèle les infirmières pour avoir des informations, mais elles ont autre chose à faire. La salle d'attente des urgences s'est remplie et sera bientôt saturée.

– Monsieur de Saint-Alban ?

Un homme en blouse blanche s'approche de Marc.

– Comment va-t-il ?

– Il est en salle de réveil.

– L'opération s'est bien passée ?

– Nous le gardons en observation.

– Je veux le voir.

– C'est impossible. Vous ne pourrez pas le voir avant plusieurs heures. Rentrez chez-vous pour vous reposer, nous vous appellerons.

– C'est hors de question ! Je veux faire venir notre médecin de famille.

– Votre frère est entre de bonnes mains.

– Mon frère ?

– C'est ce qu'il a affirmé avant l'anesthésie.

Marc se rassoit. Le médecin ne pouvant rien dire de plus, et ayant de toute façon également autre chose à faire, il s'éloigne.

– Tu as besoin de quelque chose ?

– Il m'a désigné comme son frère.

– Il parle toujours de toi comme ça.

– Vraiment ?

– Oui, à la salle de boxe il dit à tout le monde que vous êtes frangins. Je ne le contredis pas, je trouve que c'est mignon.

– Il a tellement envie d'avoir une famille.

– Je crois tu lui en as donné une.

Marc s'effondre, il ne peut plus retenir ses larmes. Et tant pis s'il se donne en spectacle devant toute la salle d'attente, il n'en a rien à faire.

Tu me manquaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant