60.

1.9K 116 9
                                    

La suite des événements est assez facile à deviner. Après que Marc a définitivement fait son coming-out devant ses amis, ces derniers en ont discuté entre eux et avec leurs copines. À partir de là, difficile de retenir l'information. Ce matin, dans la cour du lycée, les regards ont bien changé, ce n'est plus seulement une impression. Tout le monde est désormais au courant de la situation. Et la différence est assez brutale. Dany n'ose pas aborder le sujet avant d'être en sécurité à la maison.

– Qu'est-ce qui se passe, Marc ?

– Tout a changé, Dany.

– Quoi par exemple ?

– Bah, normalement je reçois des dizaines de textos par jour. Mais là, je crois que mes potes ont créé un nouveau groupe de discussion sur WhatsApp parce que sur celui où je suis il ne se passe plus rien. Habituellement c'est la folie, il y a un message toutes les cinq minutes.

– Ils ne t'aiment plus ? Ils sont vexés ?

– Je ne sais pas, Dany, je ne suis pas dans la tête des autres.

– C'est débile de changer d'attitude juste à cause de ça. Tu es le même, juste qu'ils savent que tu aimes les garçons.

– Et pour beaucoup ça fait une grosse différence. Tu vas voir que certains ne viendront plus se doucher avec nous après le sport.

– Pourquoi ?

– Réfléchis avant de poser une question. Se montrer nu devant un autre hétéro ce n'est rien, on en a l'habitude. Être à poil devant un gay c'est différent, il peut y avoir de l'envie, des fantasmes. Les hétéros n'ont pas envie qu'on fantasme sur leur sexe.

– Mais ce n'est pas le cas.

– On regarde peut-être un peu plus, même si effectivement on ne fantasme pas sur tout le monde. Enfin, tu vois bien qu'on a des douches séparées pour les filles et les garçons, justement à cause de ces désirs sexuels qui pourraient naître.

– Il faudrait donc des douches séparées pour les gays et les hétéros.

– Ce serait terrible, on doit quand même pouvoir cohabiter.

– Tu es triste ?

– Là je ne peux pas te répondre. Je ne sais pas ce que je ressens. Nathan a sans doute raison, j'ai fait une erreur, j'aurais dû le dire tout de suite, ne pas me cacher.

– Tu faisais vraiment semblant en sortant avec des filles ?

– Pas vraiment, j'en étais amoureux, même si une petite voix au fond de moi me disait bien que j'étais plus attiré par les garçons.

– C'est compliqué.

– Oui, Dany, c'est très compliqué et il faudra du temps pour reprendre un rythme de croisière, si on y arrive un jour.

– Ça aurait été plus simple qu'il ne se passe rien.

– On ne contrôle pas l'amour et je t'aime. C'est finalement tout ce qui compte, le reste du monde en s'en fiche.

– Tu n'y crois pas.

– Bah, c'est plus facile à dire qu'à supporter.

– Je n'aime pas cette situation.

– Moi non plus.

– Qu'est-ce que je peux faire ?

– Prends-moi dans tes bras.

Dany s'exécute immédiatement et Marc se sent déjà mieux.


La semaine n'a pas été plus simple. Effectivement, on vient moins parler à Marc, il n'est sans doute plus le mec populaire d'avant. De toute évidence les filles ne s'intéressent plus à lui. Ses potes prennent leurs distances. Il ne reste plus que Romain et, dans une moindre mesure, Nathan. Romain qui passe à la maison tous les soirs, parfois simplement pour être là, sans rien dire, à jouer à la console, pour être présent, soutenir ses amis. Le week-end, Dany et Marc restent entre eux. Ils sortent juste pour aller à la salle de sport.

– Tu ne veux pas aller dans une boîte de nuit gay ?

– Non, j'ai pas vraiment envie, Dany.

– Bon, moi je trouverais ça sympa.

– Il me faut du temps.

– Mais combien ?

– Je ne sais pas. Figure-toi que la situation est nouvelle pour moi.

– Tu es toujours en colère.

– Pas contre toi, c'est juste que je ne sais pas maîtriser tout ce que je ressens et que tes questions sont énervantes.

Dany s'approche et dépose un baiser sur la bouche de Marc.

– J'ai envie de toi.

Ils se déshabillent lentement. Marc s'allonge sur le corps de Dany.

– C'est toujours bon quand on fait l'amour.

– Chut, Dany, savoure le moment.

– D'accord.

Leurs corps se frottent, l'excitation n'est pas longue à monter. Dany écarte lentement les jambes, Marc se met en position.

– Les jeunes, je...

La porte de la chambre s'ouvre. Le père de Marc reste sur le seuil, figé, tout comme les deux amoureux. Plus personne ne bouge, comme si l'instant était en mode pause. Il n'y a rien à faire. Encore une fois, Marc et Dany sont surpris en pleine action. Impossible de se cacher, impossible de trouver une excuse.

– Papa, je...

– Rhabillez-vous, je vous attends dans le salon.

Les garçons sont tétanisés.

– J'ai peur.

– Calme-toi, Dany. On va affronter ça ensemble.

– On aurait dû fermer la porte à clé.

– Trop tard pour y penser, le mal est fait.

Ils se rhabillent doucement.

– Tu crois que ton père va me mettre à la porte ?

– Je ne sais pas !

Ils se dirigent lentement vers le salon. Le père est assis sur son fauteuil, face au canapé sur lequel doivent prendre place Marc et Dany. Cette mise en scène ressemble à un procès, les amoureux attendent la sentence...

Tu me manquaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant