Tu me manquais

65.

À la fin de leur contrat de travail, les deux garçons ne vivent pas la même situation. À Marc, on dit juste au revoir, comme tous les soirs, sans en faire plus, sachant qu'on ne le reverra pas. Dany, par contre, a droit à une grande fête. Ses collègues sont vraiment tristes de le voir partir. Il s'est rapidement intégré et vu son niveau en informatique, il est même devenu la référence pour tous ceux qui ont bossé avec lui.

– On dirait que tu es plutôt content.

– Oui, c'est une super expérience. J'aimerais bien rester.

– Il faut d'abord avoir des diplômes.

– Mais je sais déjà tout faire.

– Oui, sauf que c'est la règle. Si tu veux prétendre à un CDI il faut avoir fait des études.

– C'est nul.

– Si ça se trouve, avec tes capacités tu vas réussir plus vite que les autres.

– Ce serait super !

– Bon, prépare ta valise, je viens inspecter tout à l'heure.

– Oui maman !

Assez rapidement, Dany s'épanouit. Ce job d'été lui a permis de prendre confiance en lui. Marc ne sait pas trop ce qu'il en pense. Il a pris l'habitude de le couver, de le protéger, on dirait bien que les choses changent et que son petit copain pourrait réussir bien plus rapidement que lui. Il n'est pas jaloux, évidemment, mais au fond il se demande s'il aura encore longtemps une place dans la vie de Dany.

Pour l'instant, les garçons pensent aux vacances. Avec Romain, ils prennent le train direction le sud, avec pour seul objectif de s'amuser. Le voyage semble interminable et ils ne sont soulagés que lorsqu'ils déposent leurs affaires dans le mobile home.

– On va à la plage ?

– Oui, oui, juste un instant.

– Je veux y aller maintenant.

– On se change d'abord.

Dany baisse son jeans et enlève son tee-shirt.

– Tu portes ton short de bain depuis le début ?

– Je suis prêt.

Marc se dépêche de se changer.

– Tu crois que tu fais quoi, mec ?

– Bah, je mets mon maillot.

– Ici, sans même te cacher ?

– Romain, on est entre mecs. Dany n'a aucune pudeur et il a raison, la plupart du temps. On se connaît depuis quand ?

– Ouais, mais quand même.

– Allez, fous toi à poil, je vais pas fantasmer sur ce que t'as entre les jambes.

Pendant qu'il se change, Romain regarde par la fenêtre.

– Il fait quoi, là ?

– Bah, il gonfle sa bouée.

– C'est la honte.

– Il ne sait pas nager. Mais il va apprendre. Le maître-nageur du camping a accepté de le prendre comme élève, individuellement. Sinon il serait avec des gamins de neuf ans.

– Mais c'est la honte une bouée, pourquoi pas des brassards aussi ?

– C'est ce qu'il voulait au départ et après une longue discussion dans le magasin, je lui ai fait accepter la bouée.

Tous les trois se dirigent vers la plage. Une fois arrivés, Dany retire ses tongs.

– Qu'est-ce que tu fous ?

– Je veux marcher dans le sable, je ne sais pas ce que ça fait. C'est chaud !

Romain et Marc le regardent, en souriant. L'innocence est tellement belle à observer.

– Qu'est-ce qui se passe ?

Dany a juste les pieds dans l'eau.

– Ça fait peur les vagues.

– Tu as ta bouée et on reste à côté de toi.

Il avance doucement.

– C'est super en fait.

– Tu vois, t'as juste à te laisser flotter.

– Et on peut faire quoi d'autre dans la mer ?

– Plein de trucs mais il faut savoir nager. Qu'est-ce que tu regardes ?

– Ils font quoi les enfants là-bas ?

– Ils construisent des châteaux de sable.

– Je veux aussi.

– On n'a ni pelle ni seau.

– Donc il nous en faut.

Les voilà partis pour un magasin en bord de plage afin d'acheter le matériel nécessaire. Au moins cette activité a le mérite d'occuper Dany pendant trois heures.

– Salut.

Un enfant s'est approché du château, assez réussi. Puis soudain, il donne un coup de pied dans une des tours et s'enfuit en courant. Marc se précipite auprès de Dany.

– Ne te mets pas à pleurer.

– Il a cassé mon château.

– Je sais, mais reste calme et ne pleure pas !

– Je vais lui casser le sien.

– Non, tu n'as pas le droit. Un enfant qui donne un coup de pied dans ton château c'est tolérable, un adulte qui détruit le château d'un enfant c'est cruel.

– Mais j'ai mis des heures à le construire.

– Le principe du château de sable c'est de ne pas être éternel.

Et ce n'était pas très malin de le construire trop près du terrain de volley. Pour rattraper une balle, un joueur court en direction du château, plonge en avant et s'écrase pour définitivement achever la construction.

– Désolé.

– Vous êtes tout sale.

Dany commence à enlever le sable sur la peau du joueur, enfin il est surtout en train d'en profiter pour lui caresser le torse.

– Bon, ça suffit, on retourne au camping.

Marc prend Dany par la main et l'éloigne du beau gosse qui n'a pas vraiment trouvé désagréable de se faire caresser.

– Tu as ton cours de natation.

– Je ne veux pas.

– Ne fais pas ta mauvaise tête !