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Marc a fait venir le médecin de famille. Pour tout ce qui est du domaine médical, il n'a confiance qu'en lui. Et il est pour l'instant le seul à pouvoir accéder à Dany.

– Alors ?

– Tout va bien, Marc, ne vous inquiétez pas. L'opération s'est bien déroulée, Dany se repose. Apparemment, il a été difficile de l'anesthésier, la dose qui lui a été injectée était plus forte que d'habitude. Il va dormir pour un bon moment.

– Je peux le voir ?

– Il n'y a rien de spécial à faire pour le moment. Vous devez vous reposer.

– Je veux le voir !

– Marc, soyez raisonnable.

– On ne sait pas quand il va se réveiller et je veux être là, sinon il va paniquer.

– Les infirmières prennent soin de lui.

– Je veux...

– Calme-toi Marc. Merci docteur.

– Avec plaisir, je viendrai le voir tous les jours.

Romain oblige Marc à se rasseoir.

– Respire, tu es trop stressé.

– Tu plaisantes j'espère ! Dany est là, seul, allongé sur un lit d'hôpital et personne ne me laisse le voir. J'ai juste envie de poser une bombe.

– Réfléchis, tu ne connais personne dans cet hôpital ?

– Bah non, je... Attends un instant. L'un des adhérents de la salle de sport travaille ici je crois.

– Bien, tu te souviens de son nom ?

Avec l'information, Romain va voir l'infirmier qui est à l'accueil.

– Alors ?

– Il prend son service dans une heure.


Ils doivent donc encore patienter, mais ils sont dans cette salle d'attente depuis si longtemps que quelques minutes de plus ne risquent pas de les effrayer.

– Anthony !

– Salut, Marc. On m'a dit que tu me cherchais.

– Dany s'est fait opérer cette nuit. Personne ne veut me laisser le voir, tu peux faire quelque chose ?

– J'ai regardé le dossier. Je ne savais pas que c'était ton frère.

– C'est compliqué. Je peux le voir ?

– Suis-moi. Par contre ton pote doit rester ici.

Marc se tourne vers Romain.

– T'inquiète pas, j'attends, prends le temps qu'il te faut.

Marc suit l'infirmier dans les couloirs de l'hôpital. Le stress monte, il a peur de ce qu'il va découvrir. Depuis des heures il veut voir Dany et maintenant il n'est pas sûr que ce soit une bonne idée. Personne n'est préparé au choc de voir un proche dans une chambre d'hôpital.

– Pour l'instant il est seul dans la chambre. Tu peux entrer mais n'essaie pas de le réveiller. Ne fais pas de bruit, ne le touche pas, tu n'as pas le droit d'être ici.

– Merci.

– Je reviens dans une heure, je m'occuperai personnellement de lui.


Lentement, Marc entre dans la chambre. Dany est allongé sur le lit, un drap blanc recouvrant son corps jusqu'au cou. Son visage est d'une pâleur effrayante. On dirait qu'il est... mort. Les yeux embués, Marc approche une chaise et s'assoit au plus proche de son ami. Il n'ose effectivement rien toucher, Dany étant relié à plusieurs fils, il ne faudrait pas en débrancher un par inadvertance. Longuement, il le regarde, se focalisant sont sa respiration. Il est hypnotisé par ce torse qui monte et descend lentement, seule indication d'une source de vie. Dany semble apaisé, serein. Le calme de la chambre tranche avec l'agitation de ces dernières heures. Ici, ils sont comme seuls au monde. Plus rien d'autre n'a d'importance. Marc se détend et lentement, la fatigue en profite pour prendre le dessus. Sans s'en rendre compte, il s'endort.


Lorsqu'il ouvre les yeux, il croise ceux de Dany.

– Coucou.

Il lui sourit.

– Comment tu te sens ?

– J'ai l'impression de flotter.

– Ils t'injectent pas mal d'anti-douleur. Non, n'essaie pas de bouger, je vais chercher l'infirmier.

– Reste-là.

Dany ouvre la paume de sa main. Marc y glisse la sienne.

– J'ai eu tellement peur. Tu as besoin de quelque chose ?

– Tu es là, c'est tout ce qui compte.

– Je ne bouge pas.

Le sourire aux lèvres, Dany replonge doucement dans le sommeil.


Anthony entre pour la quatrième fois dans la chambre. Il vérifie simplement que tout est en ordre.

– Marc, tu es là depuis presque vingt-quatre heures, tu ne veux pas rentrer ? Dany va continuer à dormir.

– Je reste. Si j'ai le droit.

– Normalement non, les heures de visite sont terminées. Mais je sais à quel point tu es têtu donc j'ai prévenu mes collègues de garde que tu vas dormir ici.

– Merci.

– N'embête pas les infirmières, elles peuvent t'ordonner de sortir.

– Je serai sage comme une image.

– Tu en es capable ?

Anthony arrive à faire sourire Marc.

– Moi j'ai fini mon service, je te laisse.

– Je te dois beaucoup.

– Mais non, c'est normal. Essaie de dormir, dans les prochains jours tu devras être fort pour deux.

Le conseil est inutile, la fatigue est si intense que même inconfortablement assis sur une chaise, Marc va passer une nuit assez paisible.

Tu me manquaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant