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Dany rôde autour du sapin de Noël, suivi fidèlement par Looping.

– Les cadeaux, c'est seulement à minuit.

– Marc ! Pourquoi tu es en costume ?

– On s'habille bien pour le réveillon.

– Mais moi je suis en jogging.

– T'as bien de la chance. Avec ta cicatrice on ne peut pas te mettre un pantalon, c'est trop serré.

– Je peux au moins mettre une chemise et une cravate, comme toi.

– Avec un bas de jogging, ce serait ridicule.

– Y a plein de cadeaux.

– Et à Noël on apprend la patience, on ne touche à rien avant d'être le 25.

– On mange quand ?

– Quand les autres reviennent de la messe. Tu m'as évité cette corvée. T'es sûr que tout va bien ? Tu as mal quelque part ?

– Y a plein de cadeaux.

– Je sais, tu n'arrêtes pas de le dire depuis des heures.

Soudain, Dany fond en larmes. Décontenancé, Marc s'approche pour le prendre dans ses bras.

– Qu'est-ce que t'as ?

– Je veux pas qu'on ouvre les cadeaux.

– Mais qu'est-ce que tu racontes maintenant ?

– C'est nul.

– Et pourquoi ce serait nul ? Regarde, il y en a même un pour Looping.

– Y en a pas pour toi.

– Bah si, j'ai au moins une dizaine de paquets.

– Y en a pas de moi.


Ils s'installent sur le canapé.

– Arrête de pleurer et essaie de m'expliquer ce que tu dis parce que là je suis perdu.

– À cause de l'hôpital, j'ai pas pu t'acheter de cadeau.

Marc serre Dany un peu plus fort dans ses bras.

– Faut pas te mettre dans cet état pour si peu. Évidemment que tu n'as pas pu faire les courses et on s'en fout.

– Mais je voulais te faire un joli cadeau.

– Tu es guéri, c'est ça mon plus cadeau.

– C'est naze.

– Tu me feras un beau cadeau pour mon anniversaire, ne pleure pas. Déjà que Noël ça fout le cafard, on va essayer de ne pas créer de mélodrame.


La famille revient dans l'appartement : les parents de Marc, une tante et son mari, ainsi qu'un couple d'amis. Tous s'installent à table, le repas de fête peut commencer. Les discussions vont bon train et plus les bouteilles de vin se vident, plus l'ambiance est joviale. Dany se concentre pour être dans le ton, mais il ne décroche pas un mot. Après la bûche, tous se dirigent vers le sapin et Marc organise la distribution des cadeaux. Dans son coin, Dany découvre les siens : des vêtements, un iPad, une AppleWatch, chacun a essayé de le gâter au maximum. Il tente de retenir ses larmes. Voyant sa détresse, Marc le prend par la main pour qu'ils aillent dans la chambre.

– Tu es content ?

– C'est des trop beaux cadeaux.

Au pied du lit, Looping se défoule sur le jouet en plastique qu'il vient de recevoir. Il ne tiendra sûrement pas jusqu'à Nouvel An.

– Demain on installera tous ces appareils.

– Tout le monde est gentil.

– Il manquerait plus que ma famille soit méchante.

– Ils me parlent comme si je faisais partie de la famille.

– Mais c'est le cas. On ne va pas avoir cette conversation tous les jours quand même.

– C'est trop pour moi.

– Je sais, ça fait beaucoup en une soirée et Noël c'est toujours émotionnel. Mais viens, on retourne en bas, ça ne durera plus trop longtemps.

– Et demain on fait quoi ?

– Un restaurant avec toute la famille.

– Je n'ai pas ma place.

– Mais qu'est-ce qui te prend ? J'en ai un peu marre que tu te considères encore comme un étranger. On doit faire quoi pour que tu comprennes que tu es ici chez toi ?

Dany baisse la tête.

– Bon, on ne va pas s'énerver un soir comme celui-là. On rejoint les autres et essaie d'avoir l'air joyeux. C'est qu'on appelle la comédie de Noël.

Tu me manquaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant