A brûle-pourpoint

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C'était comme si la foudre s'était abattue sur lui, il se mit à trembler de la tête au pied. Sa meilleure amie baragouina quelque chose à son attention avant de détaler en vitesse, me laissant seul savourer cette confrontation. Je me délectai de ses traits révulsés, la brûlure de son visage. Il observait les alentours, mille signaux de secours inscrits, en vain. Il m'appartenait entièrement.

J'offris mon plus beau sourire carnassier.

- Alors tu veux commencer quand ? Ce soir, tout de suite ?

Il bégaya des termes incompréhensibles, en évitant tout contact visuel, visiblement affolé par les situations qu'il ne maîtrisait pas. « Mon jouet », hein ? Cette blague. Il ne tiendrait pas vingt minutes à mon rythme.

Je croisai les bras.

- Du coup ? m'impatientai-je, j'attends ta réponse, Deku.

Selon le profil de mes proies, les réactions différaient une fois la chasse débutée : certains tombaient tout de suite dans mes filets, d'autres se donnaient un air inabordable en surface, alors qu'ils ne voulaient que succomber. Tous, pensaient posséder ce quelque chose de spécial censé titiller mon intérêt et j'entretenais l'illusion pendant un temps. En réalité, il s'agissait plus de satisfaire un besoin primaire, prendre du plaisir en provoquant le leur de mille façons.

Ce n'était pas amusant, c'était primitif, ces hommes équivalant à des capotes à usage unique ; un soir, voire deux, mon maximum. La parfaite petite routine à la conception réfléchie dans ses moindres détails. Ligne au dessin parfait, je restais suffisamment sur mes gardes pour ne pas déborder. Ma proie potentielle perturbait cependant un peu le trait, même si je gloussai en silence de son attitude sans avoir pu le toucher. D'après mon observation, il avait perdu sa virginité depuis un moment, mais ne devait pas avoir voyagé très souvent au pays de l'orgasme ultime, je salivai d'avance à l'idée de le lui faire découvrir. Au moins, il connaitrait son meilleur coup, avant de finir dans une maison de retraite à tricoter accompagné de la fille aux cheveux châtains.

- Qu'est-ce... (Il déglutit en passant la main dans sa forêt crânienne) qu'est-ce que... tu fais... là ?

Il paniquait, sa glande sudoripare affolée. Je dus me faire violence pour ne pas exploser de rire. Une première que j'étais spectateur direct de mon propre effet sur quelqu'un, c'était franchement plaisant. Pendant une seconde je souhaitai pousser le vice à m'appeler « Maître » avant de me raviser. Je voulais le marquer dans tous les sens, non le faire fuir avec des délires sadomasochistes, pas ma tasse de thé, au demeurant. N'empêche, vu sa dégaine, il pourrait bien devenir ma...

Katchan...

Ah oui, ça.

Je m'approchai de lui. Il recula par réflexe, tétanisé, reflet de la peur que je lui inspirai. Disparut le regard ardent trois soirs auparavant. Que craignait-il au juste, que je le bouffe ? Il ne fallait pas me tenter, ma patience avait ses limites. Dans mon imagination en tout cas, je ne me privais pas. Les scénarii différaient, la finalité en revanche inchangée : je le dévorai en entier, sans laisser une miette.

Les silhouettes présentes trop éloignées du spectacle, personne ne pouvait voler à son secours.

Parfait.

Il buta contre un tronc d'arbre, esquissa un pas pour se décaler sur le côté dans le but de me fuir, pas assez vite pour tromper ma vigilance. Je saisis son bras pour stopper la manœuvre et le plaquai de nouveau contre la plante ligneuse. Bordel, son cœur battait à une allure... un miracle qu'il tînt debout. Ses yeux me suppliaient de ne rien tenter, il manquait de préparation. Peine perdue, dès la cible en vue, je pourchassai, paré à bondir tel un animal sur son repas. Cependant, avant d'enclencher ce mode, il nous fallait éclaircir un point important.

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