Confidences glacées contre désir brûlant

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Je ne savais plus où je me trouvais, le corps fait prisonnier d'un cocon de douceur, ma boule de nerfs dénouée, l'esprit transporté par une magie que je ne connaissais pas. Mon stress envolé, mon nuage noir disparu, mes yeux ne pouvaient se détacher de ce spectacle unique, dont j'étais le témoin solitaire et privilégié. La chance me souriait enfin, sa forme la plus sublime revêtue devant moi, cet humain au nom d'Izuku Midoriya.

La culpabilité de réchappé à un funeste sort tenace, il imaginait porter malheur, le syndrome du survivant tatoué à l'intérieur de son âme. Je comprenais l'origine du poison, la blessure profonde de cette marque au fer rouge gravée en lui. Toutefois, à certains moments, en particulier celui-ci, je brûlais de crier qu'il représentait le plus brillant des joyaux à mes yeux, sa pureté inégalée.

L'agacement qui m'avait traversé en entendant sa proposition devint souvenir lointain, anéanti par le soleil de son sourire, ses mouvements graciles, le bruit de ses patins sur la glace. À cet instant, cette chose que j'éprouvais, terrée au fond de moi, me submergeait le nom finalement découvert.

« L'amour ».

Accueillir cette vérité, moins effrayante que je ne l'aurais crue, plongea mon être au cœur d'une tempête d'émotions libératoires, toutes les réponses à mes questions enfin obtenues. Je m'aperçus que cette transcendance existait déjà dans une perception beaucoup moins nette, lorsque mon essence vibra au son déchiré de la sienne à notre première rencontre. À mesure de mon observation fascinée, je compris qu'elle demeurait en réalité tapie dans un coin inconnu de moi-même, attendant le moment idéal pour exploser en moi. Mon cœur réparé battait depuis seulement grâce au sien.

Soumis à cette plénitude, une excitation irrépressible dominait, dans l'attente de tout ce que ce sentiment me réservait, de bon comme de mauvais. J'avais d'ores et déjà conscience que l'exploration de ce coffre désormais ouvert allait me demander du temps, de l'énergie, une minutieuse préparation. Une avancée trop brutale sur ce fil tendu qui me menait vers lui risquerait de l'étirer, alors que le sien semblait coupé par la morale, ainsi que cette ombre menaçante, prête à le dévorer.

Un espoir fou de pouvoir confesser dans un futur lointain, cet état merveilleux émergea malgré tout, ses deux émeraudes allumées d'une pure étincelle de bonheur. Un rêve éveillé.

Soudain, propulsé par une sorte d'élan, il effectua une rotation sur lui-même, mon souffle bloqué à la vue de son corps dans les airs quelques secondes, comme pour immortaliser cette révélation. Il se réceptionna ensuite parfaitement, pas perturbé le moins du monde par l'apparente difficulté de l'exercice, sa ballade poursuivie avec finesse et élégance. Impressionné par son niveau de maîtrise, dépassant de loin celle d'un débutant d'après mon intuition, je contins mes applaudissements, incertain de sa réaction. Subjugué, le cœur sous une nouvelle vague d'émoi, je fis le souhait que jamais il ne s'arrête.

À peine ce vœu fut formulé qu'il revint se positionner face à moi, la sueur dégoulinante sur son visage, la respiration folle. Toute notion du temps écoulé perdu, je remontai le courant de la réalité à contrecœur, et lui offris une serviette avec laquelle il s'épongea en me remerciant.

- Tu es le premier... à me... regarder... patiner ainsi, depuis des... années, m'informa-t-il, le souffle court.

Une pincée de fierté déplacée vint chatouiller mes joues, chauffées malgré elles. À la lutte pour ne pas élever mes commissures en guise de triomphe, je ne pus m'empêcher de rétorquer que ce fut un honneur.

Il sourit, la tête inclinée vers moi :

- Tout le plaisir est pour moi.

J'en doutais franchement, cependant, je ne voulais pas démentir, aussi taisais-je la liste d'argument visant à le contredire. Le corps toujours tremblant, je fis le serment sourd de chérir cette offrande, vouée à résonner en moi toute ma vie.

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