Conseils, inquiétudes, et conséquences

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- Coucou, Eri ! lançais-je gaiement en pénétrant dans sa chambre.

Le service pédiatrique était le seul de la clinique à ne pas s'encombrer de lit médicalisé, tant que le cas ne l'exigeait pas. Les pièces de cette partie pouvaient se personnaliser à loisir aux goûts des résidents, hospitalisés à court ou long terme. Dans celle de mon adorable patiente, toute la décoration respirait l'innocence de petite fille.

Les murs roses formaient dans une vue d'ensemble un arc-en-ciel disputé par plusieurs licornes, pendant que quelques autres se dissimulaient derrière de malicieux nuages ; même l'armoire blanche, pas loin de la fenêtre, suivait la tendance, avec ses autocollants aux couleurs du prisme ; seul le plafond, vierge de motifs, semblait avoir été épargné.

Lors de ma première visite, le dénommé Mirio m'avait confié que Fuyumi et Natsuo Todoroki s'étaient eux-mêmes chargés de l'aménager, quand la permission d'accueillir l'orpheline fut accordée. L'occupante vivait depuis la majorité de son quotidien dans cette bulle de douceur, un peu à l'écart de l'ambiance lourde des structures médicales.

Eri tourna la tête vers moi, son livre délaissé sur la table qui lui servait de bureau, pour se précipiter dans mes bras ouverts. La petite fille nichée avec allégresse à l'intérieur de mon étreinte protectrice, nous restâmes un moment ainsi, à écouter nos souffles apaisés, quand la voix de mon autre senior s'éleva derrière nous.

- Je ne sais pas comment elle l'a deviné, mais cette demoiselle se doutait que tu repasserais la voir. Elle refusait obstinément de se coucher avant ton arrivée.

Il éclata de rire, sa silhouette massive devant moi d'un pas.

- Surtout, ne crois pas que je ne suis pas ravi de ta présence, mais que fais-tu ici, alors que ta journée est terminée ?

- J'avais besoin de la voir, répondis-je, Eri toujours contre moi.

Le chef du service pédiatrique soupira.

- Izuku... tu t'impliques beaucoup trop. Ce n'est pas un reproche, s'empressa-t-il d'ajouter, mais j'ai peur qu'on finisse par te faire la remarque.

- À vrai dire, c'est déjà le cas, et je m'en fiche.

À l'image de beaucoup de choses en ce moment, à quelques exceptions près.

Une brève seconde de réflexion plus tard, Mirio déclara :

- Je crois que j'ai compris... C'est ta fille, en fait. Ton attachement ressemble en tout cas à celui d'un père pour son enfant.

Il disait vrai, les démarches en vue d'une adoption sûrement déclenchée, si je possédais les ressources nécessaires.

- Je ne vois pas où est le mal, me défendis-je.

- Je n'ai pas dit le contraire, souligna mon vis-à-vis en s'agenouillant à notre hauteur. Je suis le premier témoin de ses progrès depuis ton intégration, je te rappelle. Votre lien marche dans les deux sens, je ne te fais pas la morale. Cependant, n'oublie pas qu'elle reste ta patiente avant tout. Si moi je ne te reproche rien, d'autres se chargeront de te le remémorer autant de fois que nécessaire.

- Tant pis, conclus-je simplement.

Mon ton détaché le laissa songeur. Il s'apprêtait à répliquer quand il me vit m'adresser à la petite fille dans l'oreille :

- Puisque je suis là, si je t'aidais à te mettre sous la couette ?

Elle acquiesça, toujours accrochée à mon cou, mon corps dirigé vers son lit à baldaquin. Je l'allongeais avec précaution sur le matelas ; une fois certain qu'elle se fut installée comme elle le désirait, je rabattis délicatement les couvertures sur elle, un sourire charmeur offert en guise de remerciement ; pris d'une envie irrésistible, je me penchai déposer un baiser sur son front. Aussitôt, ses joues se peinturèrent d'une couleur cramoisie, qu'elle ne souhaita pas montrer plus que quelques secondes, toute sa silhouette très vite dissimulée.

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