Aveux cachés

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~~~ ATTENTION, IL Y A DU CITRON ~~~

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Nos mains se touchèrent, nos doigts se joignirent dans un contact qui me fit frémir. Je n'aurais pas dû me trouver là, dans son loft, une erreur à ajouter sur mon ardoise de bêtise à son nom, dont la création datait du jour de notre rencontre. Tout sens commun me fuyait sous l'emprise de cet idiot, il fallait me rendre à l'évidence.

Je tentai pourtant de repousser ses invocations, et pendant une durée limitée, je me pensais à l'abri, à l'intérieur de mon périmètre de sécurité, mais ses prières à l'efficacité toujours plus redoutables augmentaient en intensité. Une fois ma protection envolée, mes pieds me portèrent chez lui dès le premier accord reconnu, sa supplique dans les moindres recoins de mon âme en perdition.

Mon palpitant battait la chamade, à mesure que mes pas me rapprochaient de sa chambre, où il trônait, nu et seul sur le lit. Il m'attendait. La lubricité allumée au fond de mes émeraudes, le souffle rendu court par le désir propulsé dans mes entrailles enflammées, je l'avais contemplé, avant qu'il ne se décidât à franchir l'ultime distance entre nous.

À présent à quelques centimètres, ses pupilles dans les miennes, ma lamentable croyance évaporée, je réalisai que ma prétendue maîtrise de la situation n'existait pas. Cette douleur lancinante, diffusée en continu n'était pas apprivoisée non plus. Néanmoins cette illusion m'empêchait de sombrer totalement et permettait de camoufler ma chair brûlée, mon air raréfié, mes os broyés, mon organe vital étouffé dans sa cage, les effets de notre fossé.

Deux mois et une semaine sans le toucher, sans la sensation magique de ses mains, sa bouche, sa voix, sa respiration, son cœur, son être entier ; un laps de temps beaucoup trop long, durant lequel, j'avais cru mourir, où le simple fait d'ouvrir les yeux me poignardait, ma vue brouillée à chacun de mes efforts.

Tous les jours. À chaque heure, chaque minute, chaque seconde.

Maintenant proche de lui, cette interminable torture prenait fin, je pouvais enfin joindre les deux bouts de la corde de mon existence.

Je ne rêvais pas cette fois. Il était là, je pouvais le sentir, le palper, me noyer dans ce désir indécent qu'il m'inspirait, mon corps d'ores et déjà enflammé à l'idée de sombrer.

Ne pars plus, cherchèrent à articuler mes lèvres. En vain, son sourire triomphant coupait cet élan. Cet idiot lisait mes envies qui se résumaient à un unique mot : lui. Sans cesse, en dépit de la souffrance engendrée, les avertissements incessants de chagrin à venir. Je fatiguais de ses assauts répétés, mes défenses à force usées tant par ses appels, que par le trouble de mes sentiments.

Mais je pouvais encore fuir, je devais fuir.

Il devinait mon dilemme, et décida pour moi en réduisant les millimètres, nos bustes en contact. Le sien dénudé, contre le mien recouvert. Cette promiscuité renouvelée ébranla mes sens ; sa peau, son odeur de nouveau à ma portée m'avaient tant manqué... La gorge nouée, je fermais les yeux, afin de mieux m'imprégner de ses effluves enivrants, l'ensemble de mon corps bientôt possédé.

À la lutte pour ne pas me jeter à son cou, je le sentis se pencher vers le mien, la marque de ses dents anticipée. Si les créatures des contes et légendes existaient, il serait sans nul doute un vampire, tant il semblait apprécier ce rituel, pas vraiment douloureux. La douceur esquivait sa personnalité avec précaution, pourtant, il ne me faisait jamais mal physiquement. Sans incarner la délicatesse, il restait attentif, assez pour ne pas le ranger dans la catégorie des causes perdues. Cette étrange attraction à l'intérêt accru au fil de nos échanges ne se limitait pas qu'à une simple attirance sexuelle. Elle touchait un niveau inexplicable de ma logique, frustrée et démunie face à elle. Bien que conscient du cercle vicieux de notre relation, que je le veuille ou non, je revenais encore et toujours vers lui.

UnderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant