Chapitre quatre

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Antoine

Je fixe William en face de moi, n'écoutant pas la discussion des adultes à mes côtés. Je regarde chaque détail de son visage fermé. Ses yeux perdus dans un autre monde, triste. Je baisse mon regard sur la table où reposent ses mains, tremblantes. Je lui donne un léger coup de pied et il me regarde.

<< Quoi?, dit-il.

- Ça va?, demandais-je en pointant ses mains >>

Il regarde ses mains, il les cache et lève son regard vers moi.

<< Ça va, dit-il avant de retourner à son activité, c'est-à-dire, regarder la table. >>

Pourquoi est-ce qu'il ment? Nous savons tous qu'il n'est pas bien. Il a l'air d'être triste, voire dépressif. Ses parents non pas l'air de s'en soucier. Ils s'en foutent, complètement, de leur fils...

Tout d'un coup, la respiration du jeune homme aux cheveux noirs, se fait beaucoup plus rapide et malgré ses mains cachées, je sais qu'il tremble. Il se lève brusquement faisant crier sa mère.

<< Qu'est-ce qui te prend?!, crie presque sa mère en le regardant. >>

Son regard passe sur les personnes présentes.

<< Je, commence t-il avant de s'enfuir dans un couloir. >>

Un léger malaise s'installe entre nous. J'entends sa mère souffler d'exaspération en secouant la tête.

<< Quelle honte, l'entendis-je chuchoter. >>

Je déteste ce genre de personne... Ces personnes se préoccupent plus de leur image que des membres de leur propre famille. Ça ne se fait pas, selon moi. Je l'apprécie pour ça, ma mère. Elle ne se préoccupe pas trop des regards des autres et elle est ouverte d'esprit, autant pour les homosexuels, les transsexuels et le reste des LGBTQ+. Quand j'ai fait mon coming-out, elle m'a sourit et m'avait juste dit: D'accord, on va souper? J'étais surpris, mais heureux, de sa réponse, en même temps, qu'est-ce qu'elle aurait pu répondre?

Je lance un petit regard vers ma mère et elle se tourne vers moi. Elle me dit doucement dans l'oreille.

<< Je déteste ces personnes.

- Je me suis dit la même chose, répondis-je sur le même ton. >>

Je regarde, de temps en temps, dans le couloir où William est parti.

Plus tard, je vois William revenir, la tête baissée. Les conversations s'arrêtent et tout le monde le fixe comme si c'était un revenant. Il finit par s'asseoir et ma mère s'adresse d'un ton doux à William.

<< Alors William, comme ça tu étudies la littérature?

- J'étudiais, dit-il seulement.

- Tu sais, dit-elle, Antoine aussi a fait des études en littérature.

- Hm, dit-il en regardant la table.

- William, vient m'aider, demande sa mère en le regardant méchamment. >>

Ils se lèvent. Qu'est-ce qu'elle lui veut? Elle ne s'inquiète même pas quand il se sauve, limite en courant et là, parce qu'il ne parle pas trop de lui, elle s'inquiète de ce que peut penser ma mère et moi-même. Je souffle violemment et essaye d'écouter ce qu'il se passe.

Clac

Tout le monde dans la salle à manger se tourne vers la cuisine. Nous ne voyons pas ce qu'il se passe, mais nous entendons la mère de William.

<< Je reste tout de même ta mère, alors tu me dois le respect! >>

Laurent s'excuse et se lève pour rentrer dans la cuisine. Quelques minutes plus tard, William sort de la cuisine, il nous salue rapidement et claque la porte quand il sort de la maison. Ses parents reviennent et s'assoient comme si de rien n'était.

<< Désolé, notre fils est bizarre en ce moment, dit la mère.

- Et vous vous en foutez!, lâchais-je en la regardant. >>

Elle me regarde, choquée.

<< Antoine..., souffle ma mère.

- Votre fils, je ne le connais pas, mais je sais qu'il n'est pas heureux!, dis-je en serrant les poings sur la table.

- Je sais comment gérer mon fils!, dit-elle.

- Je ne parle pas de le gérer, mais de l'aider!, dis-je en colère.

- Va l'aider, alors!, dit le père.

- Quand vous voulez! >>

Il me tend rapidement un papier après y avoir écrit quelque chose. Mon beau-père mal-à-l'aise, se lève et leur dit:

<< Je crois que l'on va y aller... On se reprendra. >>

Nous partons et nous embarquons dans la voiture, le papier dans ma poche.

<< Chéri... Je sais que tu n'apprécies pas comment ils s'y prennent avec leur fils, mais ce n'est pas de nos affaires...

- Je sais, grognais-je.

- Tu le connais William, non?, dit-elle en regardant Charles.

- Oui, la dernière fois que je l'ai vu, c'était il y a... Euh... Il y a un mois, juste avant que vous veniez chez nous.

- Il était comment?, demandais-je.

- Il était complètement différent d'aujourd'hui... Il me semble qu'il était avec son petit-ami, annonce t-il.

- Il est gay, dis-je étonné.

- Ouais.

- Ses parents n'ont rien dit?, le questionnais-je.

- Non... Malheureusement, ils ne sont pas les plus ouverts d'esprit... Ils étaient déçus de lui, mais William était tout de même heureux, parce qu'il était avec Mayson, son copain. Je ne sais pas pourquoi, il était comme ça aujourd'hui, mais ça à peut-être un lien... >>

Mayson... Ça me dit, vaguement, quelque chose... Je demanderais à Maxence, il connaît beaucoup de monde.

<< C'est dommage pour lui... C'est triste de voir ses propres parents nous rejeter à cause d'une attirance sexuelle... >>

Je soupire... Ma mère a raison... Si elle m'avait rejeté, je ne serais sûrement pas heureux, parce que je n'ai plus qu'elle comme famille...

Nous arrivons à la maison et je vais dans ma chambre. Je prends mon téléphone et envoie rapidement un sms à Maxence.

À Bébé: Salut! Tu connais Mayson?

Je m'installe sur mon lit, me calant contre le mur et sors le papier de ma poche. Un adresse est écrit dessus. Je continu de regarder la note quand mon téléphone émet un '' Ding '' m'annonçant une notification.

De Bébé: Vaguement, pourquoi? Tu as déjà fini ton souper?

À Bébé: Tu me parles un peu de lui? Ouais... Il y a eu un petit... problème...

De Bébé: C'est un gars qui est à notre lycée et il est assez populaire. Il sort souvent avec pleins de personnes et les jette comme des merdes. Quel genre de petit problème?

À Bébé: Merci! Je t'expliquerai demain! Bisous.

De Bébé: D'accord, bisous.

William m'intrigue et j'ai envie de connaître son histoire. 

Chérophobe [ BxB ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant