Chroniques d'une Mercenaire - Tome 2 : Amnésie [Terminé]

Chapitre 3

Les émotions ayant été fortes dans la journée, Asha et Léyan s'étaient couché tôt.
Le divan du salon-salle à manger avait été installé en lit pour que Asha puisse y dormir. La jeune fille avait des difficultés à trouver le sommeil, tourmentée par les mêmes questions que celles qui la hantaient depuis son réveil dans les eaux du canal. Qui était-elle ? D'où venait-elle ? Pourquoi était-elle dans ce cours d'eau ? Que signifiaient ces affreuses cicatrices sur son bras ?  Tellement d'autres encore.
Cela ne l'attristait pas d'ignorer les réponses mais la mettait en colère. Pourquoi cela lui arrivait-il à elle ? C'était injuste. On lui avait arraché sa vie et ce qu'elle était. Bouillonnante de rage et incapable de s'endormir dans de telles conditions, elle se leva,prit ses bottes et quitta silencieusement la maison.
Les bras frais de la nuit se refermèrent sur elle. Elle avait la sensation qu'elle avait l'habitude des heures tardives et qu'elle n'avait pas de problèmes à y évoluer. Les rues étaient évidemment désertes mais ce n'était pas cela qui intéressait Asha. Elle désirait se rendre sur les berges du canal. Peut-être y découvrirait-elle des indices sur son identité.
Lorsque Léyan l'avait amené chez Zaïnne, elles avaient marche vers l'ouest. Asha s'étonna de connaître instinctivement les orientations mais elle décida de s'interroger ultérieurement et se mit en route.
Elle laissa le village quelques mètres derrière elle. Asha pouvait apercevoir les eaux du canal scintiller à la lumière des étoiles mais elle ne les atteint pas. La jeune fille se figea soudainement en entendant un craquement derrière elle. Elle était suivie. Une main se posa sur son épaule. Les gestes d'Asha lui vinrent immédiatement et sans qu'elle n'y exerce un contrôle. Elle saisit le poignet de la personne et, fauchant ses jambes de la sienne, la jeta au sol.

« Non mais ça va pas ! S'écria une voix masculine alors que Asha reculait d'un pas en balbutiant :

- Je...je suis désolée. Je...je ne sais pas ce qu'il m'a prit. Pardon.

Asha fit demi-tour et s'empressa de regagner le village en courant.
L'autre la rappela :

- Attendez ! »

Asha ne l'écouta pas et elle retourna au domicile de Léyan. Elle gravit les escaliers rapidement sans se soucier du bruit qu'elle faisait et s'effondra sur le divan. Cette agitation réveilla Léyan qui sortit de sa chambre. Elle fronça les sourcils en voyant Asha assise au bord du divan, déjà habillée et essoufflée.

« Asha, qui y a t-il ? As-tu fait un cauchemar ? (La jeune fille secoua négativement la tête en répondant :)
- Je n'ai pas dormi. Je n'y arrivais pas alors j'ai voulu marcher jusqu'au canal. Il y avait quelqu'un et il m'a effrayé...
- Tu as juste eu peur. Ce n'est pas très grave.
- Si seulement ça n'avait été que cela...
- Comment cela ?
- Donc, il m'a effrayé et...et je l'ai agressé.
- Tu as quoi ?
- Il va bien, il me semble. Je l'ai à moitié assommé, rien de grave. Je ne crois pas qu'il ait été blessé.
- Qui était-ce ?
- Je ne sais pas. Tu es la seule que je connaisse au village mais peut-être que tu pourrais trouver de qui il s'agit. C'était un jeune homme d'environ notre âge. Je crois qu'il avait les cheveux châtains. Le genre de physique passe-partout qu'on oublie facilement (Léyan réfléchit un instant puis répondit :)
- Cela pourrait correspondre à Emmid mais je ne suis pas d'accord. Il n'a pas un physique banal.
- Si tu le dis.
- Quoi qu'il en soit, il faut à tout prix éviter qu'il raconte cela à tout le monde. Tu as bien vu le comportement de mon père. Les villageois sont déjà suffisamment méfiants à ton égard sans en rajouter.
- Comment va t-on le faire taire ? Nous n'allons tout de même pas le tuer.
- Là, c'est moi qui suis effrayée que cette idée t'ait effleuré l'esprit.
- Cela ne m'a pas effleuré l'esprit, c'est... Bon, ce n'est pas l'important. Quel est ton plan ?
- Nous irons le trouver très tôt demain matin et nous le prierons de ne pas ébruiter cette histoire. Profite des quelques heures qu'il reste pour te reposer. Tu as subi un choc, il ne faut pas l'oublier. Dors. »