Chroniques d'une Mercenaire - Tome 2 : Amnésie [Terminé]

Chapitre 39 [1/2]

Même Leïmy se sentit choquée de découvrir ce qu'il y avait dans la grotte.
Personne ne pouvait s'attendre à cela mais c'était davantage de la surprise qu'autre chose. En revanche, c'était bien de l'effroi qui se peignit sur le visage de Dévlin alors que Negg se forçait à rester impassible, tout comme Leïmy.
La lumière de la pierre de nécromancie devint brusquement aveuglante, obligeant les trois compagnons à masquer leur vue puis la lueur diminua mais elle demeura forte et ils y virent comme en plein jour. À présent, ils ne pouvaient plus douter de ce qu'ils avaient sous les yeux.
Il s'agissait d'un ancien charnier. Des centaines d'os s'entassaient dans la salle et, au centre, maintenue en l'air par une force invisible, la pierre irradiait de pouvoir.
Negg examina les ossement d'un regard expert avant de déclarer :

« C'est indéniablement des restes humains mais ils ont l'air vieux.
- Est-ce la pierre qui a fait cela ? Demanda Leïmy.
- Pourquoi serait-ce elle ?
- Parce que c'est la pierre de nécromancie et que, par conséquent, elle donne la mort. Nous avons vu de quoi étaient capables les pierres lorsqu'elles enclenchaient leur mécanisme de défense. Peut-être qu'elle tue tous ceux qui l'approchent de trop près.
- La nécromancie n'est pas la magie de la mort ! S'insurgea Dévlin. C'est une magie qui permet de faire le lien entre la vie et la mort.

Leïmy haussa les épaules. Elle s'en moquait.
La jeune fille éteignit sa lanterne avant de la poser au sol puis elle s'approcha des ossements mais en faisant attention à ne pas pénétrer dans ce qu'elle pensait être le cercle d'action de la pierre et ramassa un crâne.
Le contact avec ce corps mort ne la dérangeait pas plus qu'il ne la dégoûtait.
Elle observa cette tête avec attention avant de lancer à Negg :

- Je ne suis pas aussi convaincue que toi qu'ils étaient humains.
- Pourquoi cela ?

Leïmy montra le crâne dont l'arrière était étrangement allongé en commentant :

- Si j'avais une telle boîte crânienne, je m'en serais aperçu.
- Peut-être était-ce simplement une personne souffrant d'une malformation. Suggéra Dévlin.
- Cela m'étonnerait beaucoup, le contredit Negg en s'emparant à son tour d'un crâne qui présentait les mêmes caractéristiques que celui que tenait Leïmy. Ils sont tous comme cela.

Dévlin fronça les sourcils et s'obligea à prendre lui aussi un os, qui, effectivement, avait l'arrière allongé.

- Peut-être une ethnie qui a disparu aujourd'hui.
- On ne demandera pas la cause de cette extinction.
- Très amusant, Leïmy. Maintenant, je vais vous montrer ce qu'un "magicien de la mort" est capable de faire.

Dévlin passa la main au-dessus du charnier et se concentra un court instant puis il informa les deux autres :

- Ces personnes sont mortes il y a de très nombreuses années, je n'ai pas la date précise mais je dirais plusieurs centaines d'années au moins et tous de la même chose.
- La pierre.
- Cela me surprendrait qu'ils aient soudain décidé de tous se jeter sur la pierre car leurs décès ont été proches les uns des autres, presque simultanés.
- Nous n'en avons rien à faire ! S'exclama Leïmy. Tout ce qui nous importe c'est la pierre !

Leïmy prit le talisman entre ses doigts et fit quelque chose qu'elle n'avait pas fait depuis de nombreux jours. Elle invoqua Molwen.
Cette dernière surgit du médaillon en s'écriant, visiblement furieuse :

- Ah bah quand même ! Vous aviez oublié que j'existais, avouez ! Que vous n'ayez pas besoin de moi, d'accord, je peux éventuellement le concevoir mais vous auriez pu me faire prendre l'air ! Vous croyez que c'est agréable d'être enfermée dans ce morceau de métal ? Mais je rêve !
- Nous comprenons, tenta de l'apaiser Dévlin, mais les derniers événements ne nous ont pas...
- Je suis parfaitement au courant de ce qu'il s'est passé ! Et vous n'allez pas me faire croire que vous étiez trop occupés entre vos beuveries et vos lamentations sur vous-même !
- Tu as passé cinquante ans à errer sur le mont Kieff et, à présent, tu te plains pour quelques semaines sans voir le ciel ? Tu vas te calmer tout de suite, la morte !