Chroniques d'une Mercenaire - Tome 2 : Amnésie [Terminé]

Chapitre 34 [2/2]

«Je suppose que c'est toi Vargo.

Devina Leïmy et le dénommé Vargo battit des mains en sautillant d'une manière dansante, visiblement fort enjoué par les mots de la jeune fille.

- Oui ! Jolie fille a trouvé ! Jolie fille a trouvé ! Il va y aller bientôt et tu vas l'accompagner !

Les doigts grêles de Vargo se refermèrent autour du poignet de Leïmy. Cette dernière sentit comme des bosselures sous la peau granuleuse de l'homme atypique qui tira la mercenaire vers lui.
Leïmy se dégagea en s'opposant d'une voix ferme :

- Hors de question, je reste là.

La déclaration de Leïmy déplut fortement à Vargo et cela se vit dans l'attitude ainsi que dans la posture de ce dernier.
Son bras s'allongea en une longueur inhumaine et les ongles carrés de plus de quatre centimètres s'enfoncèrent dans le bras droit de Leïmy. La mercenaire laissa échapper un petit cri de douleur.
Vargo la plaqua contre lui et elle put sentir son haleine.
Le mendiant répliqua d'une voix contrariée et boudeuse :

- Si ! Jolie fille va partir d'ici ! Elle va partir parce que Vargo veut la magie dont elle est remplie.

Negg planta l'une de ses lames dans le bras de Vargo emprisonnant Leïmy.
Cette dernière en profita pour se libérer mais les ongles de Vargo n'étaient pas encore retirés de sa chair et le mouvement laissa quatre plaies sur l'avant-bras de la jeune fille, qui tenta d'ignorer la douleur.
Un sifflement furieux franchit les lèvres de Vargo alors qu'il comprimait sa plaie mais aucune goutte de sang ne s'écoulait entre ses doigts.
Leïmy ne se préoccupa pas de sa propre blessure plus longtemps et dégaina une lame à son tour qu'elle lança sur Vargo. Ce dernier fit preuve d'une vélocité incroyable et évita l'arme, qui aurait normalement dû le toucher en un point vital mais qui ne fit que l'effleurer au niveau de la gorge en déchirant l'étoffe le recouvrant.
Cela suffit à mettre Vargo hors de lui.
Sous les yeux effarés de Leïmy, Negg et Dévlin, il se redressa de toute sa hauteur qui représentait trois mètres. La capuche qui dissimulait son visage retomba sur ses épaules et aucun des trois ne put retenir un cri d'effroi devant la face hideuse de Vargo.
Sa peau était blanche mais pas du blanc de soie du teint de Leïmy, d'un blanc blême et maladif. Elle était flasque et tombante sur ses joues mais tendue à craquer sur les mâchoires. Quant à son front, il était encore plus parcheminé que celui d'un centenaire. Ses yeux porcins, tellement injectés de sang que leur couleur ne pouvait en être déterminée, n'étaient pas l'un en face de l'autre. Le droit était plus bas que le gauche. Son crâne glabre avait une forme allongée et légèrement pointue.
Il vrilla son regard de cauchemar sur Leïmy à qui il s'adressa :

- Vargo voulait partager mais à présent il va te dévorer !
- J'aimerais bien voir ça.

Répliqua la jeune fille.
Negg et elle se mirent en position de combat alors que Dévlin continuait à chercher du secours auprès des esprits qui restaient silencieux à ses appels.
Les deux mercenaires se placèrent d'un côté et de l'autre de Vargo en échangeant un regard entendu.
Negg attaqua le premier, visant les jambes de la créature pour la faire chuter, mais il fut interrompu dans son élan.
Le bras de Vargo s'allongea et sa main se referma autour de la gorge du rouquin avant de le soulever de terre pour le jeter sur Leïmy. Tout l'oxygène contenu dans leurs poumons fut expulsé d'un coup alors qu'ils s'écroulaient.
Dévlin bondit sur le côté en roulant sur son épaule pour esquiver la charge de Vargo. À peine le nécromancien se relevait-il que le monstre préparait déjà une nouvelle attaque mais il ne put aller au bout.
Quelque chose le retenait. Il se retourna vers Negg qui, tout en restant agenouillé à terre, avait enfoncé sa dague dans le sol à travers le vêtement de Vargo, l'empêchant de se déplacer sur de grandes distances.
Avant que Vargo ne retire la lame du tissu, Leïmy s'élança. Elle posa ses deux mains sur les épaules de Negg pour gagner en hauteur et, à une nouvelle reprise, envoya ses pieds sur Vargo qui, cette fois, vit le coup venir. Avec une vitesse surhumaine, il saisit la mercenaire par la cheville et la tint à un mètre du sol. Le lien qui attachait les cheveux de Leïmy se défit et tomba sur le sol.
Vargo amena le visage de la jeune fille au niveau de sa bouche tordue de laquelle sortaient d'épaisses dents carrées trop larges pour la cavité buccale et déclara :