Chroniques d'une Mercenaire - Tome 2 : Amnésie [Terminé]

Chapitre 4

Asha se figea à ce nom et son dos se raidit.

« Que dis-tu ? Demanda t-elle avec empressement à Léyan.
- Calme-toi ! Il n'y a pas qu'avec Emmid que tu sur-réagis.
- Qui est cette Leïmy ? Je connais ce nom...
- Cela ne m'étonne pas. Tout le monde la connait. Tu as dû oublier de qui il s'agissait.
- Oui mais qui est-ce ?
- Doucement ! Je vais te l'expliquer ! Comme je te l'ai dit, tout le monde la connait pourtant, très, très peu de personnes l'ont vu et la grande majorité n'a pas survécu. Leïmy est le membre le plus redoutable de la guilde des mercenaires. Je préférerais me retrouver devant leur chef que face à elle. Si quelqu'un l'a payé pour te tuer, il est inutile de fuir, elle te retrouvera toujours et tu ferais mieux de te suicider tout de suite, cela reviendra au même mais ce n'est pas cela le pire. C'est une tueuse, certes, mais pas n'importe quelle tueuse. Cette femme ne ressent rien, aucun sentiment. Elle tranche la gorge de quelqu'un sans ciller ni état d'âme. Le sang qu'elle a sur les mains ne la dérange pas, elle en est même fière. Certains disent qu'elle a perdu son humanité en vivant parmi les monstres d'Yolle. D'autres qu'elle a retiré son âme de son corps par un rituel magique et dangereux. La seule émotion qu'elle connait est la joie de tuer. Elle aime le sang, elle en est assoiffée. Il lui en faut toujours plus. Elle assassinerait les clients qui ne la paient pas suffisamment car la seule chose qui surpasse son envie de mort est son envie d'argent. L'argent et le sang, les deux raisons pour lesquelles elle vit. Pourtant, on raconte qu'elle est très belle et beaucoup se sont laissé prendre par son physique plaisant. Grâce à cela, elle s'amuserait avec les hommes avant de leur ouvrir la gorge. Oui, elle est aussi belle que cruelle. Léyan termina son terrible récit en pensant jeter un froid entre Asha et elle mais cette dernière éclata de rire, contre toute attente, la laissant ébahie. Qu'est-ce qui te prend ?
- Cela ressemble à une histoire effrayante que l'on conte autour du feu à la veillée.
- Ce n'est pas une histoire ! C'est la vérité !
- Sais-tu pourquoi je n'y crois pas ? Personne ne peut vivre sans sentiments ou sans âme. Non, si cette Leïmy existe, elle enfouit ses émotions.
- Comment peux-tu en être sûre ? Il n'y a pas cinq minutes, tu ne te souvenais même pas de Leïmy.
- Tu as raison.
(Léyan sourit, satisfaite d'avoir le dernier mot alors qu'Asha baissait le regard sur la dague qu'elle avait toujours en main).
- Tu comptes la garder ? S'enquit Léyan, tirant Asha de ses pensées, mais la jeune fille amnésique reposa l'arme sur le comptoir en répondant :
- Je crois... il me semble que j'en avais une comme ça.
- Ah ? Sécurité oblige ou paranoïa ?
- Je ne sais pas. Dis-moi, Leïmy, tu l'as déjà vu ?
- Grands dieux non ! J'espère que cela ne se produira jamais !
- Tu m'as dit qu'elle était très belle. À quoi ressemble t-elle exactement ?
- Je l'ignore. J'ai déjà entendu des personnes la décrire comme une ombre alors certainement est-elle foncée de peau, de cheveux ou les deux. Pourquoi cet intérêt soudain pour cette tueuse ?
- Je ne sais pas.

Leïmy... Ce nom ne cessait de tourner dans l'esprit d'Asha en y trouvant un écho indéfinissable. Asha sentait que c'était d'avantage que la réputation de cette femme qu'elle connaissait et qu'elle avait oublié. Il y avait quelque chose là-dessous. Peut-être une piste sur qui elle était, à moins que ce ne soit seulement les sentiments effrayants que le récit de Léyan avait réveillé en elle.
La porte de la boutique s'ouvrit sur le père de Léyan.

- Bonjour Papa ! L'accueillit joyeusement sa fille et Asha grommela une parole de salut, toujours obnubilée parce ce que Léyan venait de lui raconter.
- Merci pour l'ouverture, Léyan. Lui dit l'armurier.
- De rien. Nous allons te laisser. Tu viens Asha ?

Léyan n'attendit pas qu'elle lui réponde. Elle la saisit par la manche et l'entraîna à l'extérieur.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Asha.
- Je préférerais que mon père n'entende pas que nous étions en train de parler de Leïmy. Il ne supporte pas les sujets comme la guilde des mercenaires.
- Ah bon ? C'est étrange...
- Mon père l'est souvent. Je t'avais promis de te faire visiter le village alors suis-moi.