Chroniques d'une Mercenaire - Tome 2 : Amnésie [Terminé]

Chapitre 20

Léyan ouvrit les volets de sa chambre. Le ciel était d'un bleu profond et apaisant sans le moindre nuages mais ce temps radieux, qui aurait habituellement réjoui, Léyan ne la débarrassa pas de son humeur maussade. À peine jeta-t-elle un coup d'œil à l'azure et goûta t-elle à la douce chaleur du soleil avant de refermer la fenêtre avec un claquement sonore.
C'était comme cela depuis le départ d'Asha ou plutôt Leïmy. Le simple fait d'avoir partagé une tranche de vie, aussi fine soit-elle, avec la terrible mercenaire la faisait frissonner malgré la lettre que lui avait adressé Leïmy.
La jeune fille se tourna vers l'ancien emplacement du miroir. Leïmy l'ayant brisé, Léyan s'en était débarrassé mais elle ne l'avait pas encore remplacé. Elle tentait d'oublier et de se défaire de ces pensées qui la tourmentaient mais, où qu'elle pose son regard, les choses lui rappelaient celle qu'elle avait eu comme amie. Les bancs de la place de la fontaine, sa propre chambre, l'absence du miroir, les vêtements qu'elle lui avait prêté et, évidemment le canal.
Ces événements l'avaient secouée et elle ne parvenait pas à reprendre le dessus d'où son humeur exécrable.
Elle était la seule à connaître la véritable identité d'Asha au village. Aux autres, elle s'était contenté de dire que la jeune fille était partie et n'avait rien précisé de plus malgré les questions innombrables de Zaïnne et surtout d'Emmid. Cela faisait deux semaines, depuis le départ de Leïmy, que le fils du joaillier l'interrogeait dès qu'il la croisait et comme le village n'était guère étendu, cela se produisait souvent.
Léyan s'assit sur son lit et écarta sa chemise pour examiner sa blessure. L'entaille était bien cicatrisée mais il restait toujours une fine marque sur sa peau. Un élan de peur la saisit en repensant à ce jour-là, lorsque l'homme qui cherchait Leïmy l'avait blessée.
Elle brossa ses cheveux caramels coupés au carré et les noua avec un ruban de couleur rouge puis elle sortit de sa chambre.
Elle fouilla les placards qu'elle trouva vides. Il était temps de faire des courses. Léyan prit un panier, un peu d'argent et un poignard. Depuis qu'elle avait été enlevée, elle ne sortait plus sans arme. Elle descendit les escaliers.
Dans la réserve, elle hésita à pousser la porte. Cela faisait deux semaines que la crainte la poursuivait dès qu'elle quittait la sécurité de son domicile. Elle prit une inspiration pour se donner du courage et franchit le seuil. Là, elle se dit qu'elle aurait dû écouter sa peur et rester chez elle. Emmid vint vers elle à pas pressés. À croire qu'il attendait qu'elle sorte pour l'assommer de question.
La jeune fille soupira en lui lançant :

« Déjà? Tu aurais au moins pu attendre que j'ai mangé
- J'ai quelque chose à te demander.
- Cela me surprend vraiment. Tu ne m'avais pas dit cela depuis deux jours.
- Pourquoi es-tu si dure depuis la disparition d'Asha ? Tu n'es plus la même depuis qu'elle est partie.

Léyan haussa les épaules en réajustant son panier sous son bras en feignant de ne pas comprendre le sens des paroles d'Emmid alors qu'elle savait parfaitement qu'il avait raison. Elle avait été terrifiée sauf que ce n'était pas tellement le fait d'avoir manqué de mourir qui l'avait bouleversée à ce point mais bien celui d'avoir découvert qui était Asha. Elle se sentait glacée par cette histoire.
Emmid reprit :

- Alors, tu me racontes ce qu'il s'est passé ou pas ?
- Raconter quoi ? J'ai déjà tout expliqué.
- Non ! Tout ce qui a franchi tes lèvres est que Asha ne reviendrait pas mais tu n'as pas précisé pourquoi ni comment tu as été blessée !
- J'ai chuté sur une pierre.
- Ne mens pas ! Zaïnne est formelle. C'était une plaie causée par une lame. Quelques centimètres plus bas et tu serais morte !
- Tu penses que je ne le sais pas ? Je n'ai rien de plus à révéler que ce que j'ai déjà dit.

Léyan voulut s'éloigner, laissant Emmid sur place, mais le jeune homme la retint en la saisissant par le bras.
En colère et agacé par le mutisme de Léyan, il s'exclama :

- Bon sang Léyan ! Pourquoi t'obstines-tu à garder le silence ? Savoir ce qui est arrivé à Asha est plus important que tout pour moi ! C'est la femme que j'aime !
- Je l'avais compris.
- Tu saisis donc pourquoi j'ai besoin de connaître...
- Oublie la. »