Chroniques d'une Mercenaire - Tome 2 : Amnésie [Terminé]

Chapitre 8

Asha marcha durant toute la nuit sans se reposer.
Elle se sentait mieux physiquement, son corps pouvait à nouveau la porter sur plusieurs kilomètres sans faiblir mais mentalement, elle avait la sensation d'être en ruines. Les souvenirs qui l'avaient assailli à Orquia l'avaient détruite. Tous les doutes et les mauvais pressentiments qu'elle avait déjà eu se confirmaient. Elle avait assassiné un homme sans ciller. Peut-être avait-elle de bonnes raisons, tenta t-elle de se rassurer.
L'aube pointait et Sango n'était plus qu'à quelques kilomètres.
Asha fit plusieurs pas et se figea au premier croisement du village. Elle regarda dans la direction où se trouvait la maison de Léyan mais ne la prit pas. Au lieu de cela, elle se rendit vers la gauche et frappa à une porte.
Zaïnne ne fut pas longue à ouvrir. Certainement s'attendait-elle à une urgence grave et c'était également les raisons de sa surprise en découvrant Asha sur son porche. Sa première réaction fut d'être agacée. La jeune fille n'avait pas de justification pour venir la voir sans cesse. Certes, elle était amnésique mais Zaïnne abandonna ces pensées contrariées lorsqu'elle remarqua les larmes luisant dans les yeux gris d'Asha.

« Asha, qui y a t-il ? Ne devrais-tu pas être à Orquia ?
- Je...j'en suis revenue. Je n'ai pas eu le courage d'aller plus loin. Un...un souvenir m'est revenu et je...je n'ai pas pu continuer. Zaïnne, j'ai tué quelqu'un.
- Quoi ? Que me racontes-tu là ? Ne reste pas dehors, viens.

Zaïnne fit entrer Asha et l'invita à s'asseoir dans un fauteuil. La guérisseuse remit une bûche dans le feu et servit une tasse de thé à sa jeune visiteuse.
- Bien, explique moi tout à présent.
- Je me trouvais dans une ruelle quand je me suis rappelé d'une chose. Je suis une meurtrière, Zaïnne !
- Calme toi Asha. Il y a forcément une explication. Il est possible que ce fut en état de légitime défense.
- Cela m'étonnerait énormément.
- Peut-être que ce n'était pas toi.
- Mais je me suis reconnu !
- As-tu vu ton visage ?
- Non...
- Alors il y a une chance pour que tu aies été témoin de cette scène et que ce traumatisme, peut-être le même ayant causé ton amnésie, ait inversé les rôles.
- Tu penses que c'est possible ?
- Oui, tout à fait.
- J'espère que tu as raison, murmura Asha en buvant une gorgé de thé. Si j'ai vraiment assisté à un meurtre, est-ce que mon amnésie a pu être volontairement provoquée pour me faire taire ?
- C'est une hypothèse. En mélangeant certains simples on peut obtenir une potion qui efface les souvenirs.
- Cela serait donc ce qu'il m'est arrivé...
- Je l'ignore mais ce qui est certain c'est que tu as vécu d'horribles choses.
- Fais-tu allusion à mon bras ?
- Pas seulement. J'ai remarqué d'autres marques beaucoup plus récentes sur ton corps la première fois que je t'ai examiné. Le genre de blessure résultant d'une séance de torture.
- De torture ? J'ai été torturée ?
- Oui et par quelqu'un s'y connaissant. Les plaies qu'on t'a infligé ne mettaient pas ta vie en danger mais étaient fort douloureuses.
- Je ne me souviens de rien...
- Peut-être est-ce mieux pour toi.
- J'ai tout de même envie de savoir qui je suis et tu m'as rassuré sur cette histoire de meurtre alors...
- Mais où sont Léyan et Emmid ?
- Toujours à Orquia. Ils reviendront certainement demain.
- Très bien. Tu devrais te reposer à présent. Tu n'as pas dormis de la nuit. Reste si tu veux. »

Zaïnne prépara la couchette située dans un coin de la pièce, normalement utilisée pour les patients de la guérisseuse.
Asha s'y installa mais elle eut grand mal à trouver le repos. Même si les propos de Zaïnne l'avaient quelque peu rassuré, elle n'était pas encore totalement convaincue d'être innocente.
Le sommeil fini tout de même par la prendre.
Asha se réveilla à cause des rayons du soleil entrant à flot par la fenêtre et titillant ses paupières. La jeune fille s'étira puis évalua l'heure grâce à l'astre du jour.
Elle jura entre ses dents en s'apercevant qu'il était déjà tard.

« C'est pas vrai !

Asha se leva prestement à l'instant où Zaïnne entrait.
La guérisseuse demanda :