Chroniques d'une Mercenaire - Tome 2 : Amnésie [Terminé]

Chapitre 32

Trois jours s'étaient écoulé depuis que Leïmy, Dévlin et Negg avaient quitté Sango.
Les deux mercenaires ne s'étaient pas adressé un mot, tout comme ils n'échangeaient pas un regard et s'évitaient. Dévlin préférait, bien évidemment, ne pas se mêler de cette histoire mais il craignait que cette situation ne mette en péril leur mission.
Ils venaient juste de passer la partie du fleuve nord traversant la région de Tessol et, comme c'était à la nage, ils eurent besoin de se sécher. Chacun prépara son propre feu, principalement pour que Leïmy et Negg ne partagent pas la moindre proximité et Dévlin ne se voyait pas profiter des flammes l'un ou de l'autre.
Leïmy retira son veston et le plaça devant le foyer puis essora ses longs cheveux noirs en pestant. Cela leur faisait perdre du temps seulement pour le petit confort de Dévlin.
En relevant son regard vers l'horizon, elle apercevait les formes du massif d'Allique. Ce dernier se trouvait encore à plusieurs jours de voyage. C'était trop long. Non pas que le temps soit devenu un facteur d'une importance capitale pour elle mais la situation avec Negg la mettait mal-à-l'aise à lui donner envie que tout se termine au plus vite.
Elle fit remarquer aux deux autres en secouant sa chevelure :

« Nous avançons trop lentement. Nous avons encore douze jours de marche avant d'atteindre la frontière de Morka. Sans compter que nous devrons certainement nous mouiller à nouveau pour traverser le fleuve est.
- Que pouvons-nous faire ? Répliqua Negg. Nous ne pouvons pas nous téléporter comme Rilin mais peut-être es-tu encore en contact avec lui.
- Que veux-tu insinuer ?
- Je ne sais pas mais ta subite envie de trouver les pierres manquantes peut cacher quelque chose. Il t'a achetée une fois, pourquoi pas une deuxième ?
- Il est possible que j'ai reconsidéré la question avant de vous rejoindre.

Dévlin jeta sa cape, qu'il était en train d'essorer, à terre avant de s'écrier :

- Ça suffit maintenant ! Disputez-vous si vous voulez mais évitez de dire des choses prêtant à confusion uniquement pour narguer l'autre ! Leïmy, es-tu encore sous les ordres de Rilin et répond sans mentir.
- Évidemment que non mais il m'a fait une proposition il y a quelques temps déjà et si vous en doutiez, j'ai refusé. À présent, revenons-en à ma remarque : nous ne progressons pas à un rythme suffisant.
- Nous faisons notre possible et notre maximum.
- Moi, ce n'est pas tellement notre cadence qui me fait soucis mais je vois le fond de mon sac, ce que veut dire que je n'ai presque plus de vivres.
- Je suis dans le même cas.

Indiqua Leïmy.
Negg réfléchit un instant, visualisant la région de Tessol dans son esprit, se souvenant de la topographie des environs puis il déclara :

- Il y a un village à quelques kilomètres vers l'ouest. Dévlin, il me semble que tu as emporté une belle bourse. Nous aurons de quoi nous payer de la nourriture et peut-être une nuit dans un lit.
- Et perdre ainsi encore davantage de temps ? Le cingla Leïmy.
- Qu'as-tu de si urgent à accomplir ?

Leïmy ouvrit la bouche pour répondre mais la referma aussitôt. Elle n'avait aucune réponse à fournir. Elle recherchait seulement les pierres, elle n'avait pas de projet pour la suite, plus rien.
Ne sachant plus que faire, elle ramassa son sac et, après avoir étouffé son feu sous sa semelle, elle se dirigea vers l'ouest en grommelant :

- Puisqu'il faut se rendre à ce village, autant le faire sans tarder.

Negg fixa ses étranges yeux sur la jeune fille. Il sentait que quelque chose n'allait pas, en plus de leur différend.
Il versa le fond de sa gourde sur les flammes. Dévlin envoya un regard réprobateur à son frère.

- Gaspiller de l'eau alors que nous manquons de vivres est stupide.
- La distance nous séparant du village est courte. Nous remplirons nos gourdes dans deux heures. Pressons-nous avant de perdre Leïmy de vue. »