Chapitre 25

56 18 17
                                    

Quelques minutes s'écoulèrent sans qu'il n'y ait de signe de Leïmy ni qu'elle ne produise le moindre son.
Inquiet, culpabilisant et désireux d'obtenir le pardon de la jeune fille, Negg délaissa son frère qui s'était assoupi et contourna les joncs dissimulant Leïmy. Il la découvrit gisant de tout son long dans l'herbe, son visage et sa main gauche submergés. Negg se précipita vers elle et la sortit de l'eau. Il chercha son pouls qu'il ne trouva pas.

« Non, Leïmy, je t'en prie (il l'allongea sur le dos sur le sol et pressa sa poitrine pour tenter de lui faire recracher l'eau ainsi que de faire repartir son cœur). Je t'interdis de me faire ce coup-là, Leïmy. Je regrette ce que j'ai pu te dire.

Au bout d'une minute de ce massage cardiaque sans résultat, Negg dû se rendre à l'évidence. Il cessa de s'échiner et s'assit lourdement à côté de Leïmy, inerte en versant ses premières larmes. Il écarta l'une des mèches de cheveux noirs collée à la joue pâle par l'eau avant de saisir le visage de la jeune fille entre ses mains.

- Je suis désolé, souffla-il à Leïmy même si elle n'entendait pas. Tu avais raison. J'aurais dû rester et te protéger, ne pas avoir été aussi lâche. Nous n'en serions pas là aujourd'hui. Pardonne moi. Si tout pouvait être recommencé, je ne partirais pas. Je demeurerais avec toi. Je ne me montrerais pas couard comme je l'ai été il y a quatre ans.

Negg baissa les épaules et sa tête ploya sous le poids de sa douleur. Il sentit soudainement Leïmy s'agiter.
La jeune fille toussa en crachant l'eau qui s'était déversé dans ses poumons. Elle eut le réflexe de se retourner pour régurgiter un mélange d'eau et de bile sur l'herbe. Cela lui laissa un goût amère sur la langue. Negg s'agenouilla à côté d'elle en la soutenant. Lorsqu'elle eût terminé de vomir, elle se laissa tomber sur le dos, son souffle haletant soulevant sa poitrine à un rythme frénétique.
Negg passa une main dans ses cheveux noirs encore lourds d'eau en tentant de l'apaiser :

- Chute, calme-toi. Ça va aller.

La respiration de Leïmy sembla se calmer quelque peu puis elle entrouvrit les paupières. Sa vision était trouble mais les traits de Negg penché au-dessus d'elle se précisèrent.

- C'est pas possible, murmura t-elle d'une voix rauque. Je suis encore en vie.
- Tu as voulu te suicider ?

S'exclama Negg.
Leïmy puisa toute la force restante dans son être pour lever son bras et gifler le rouquin qui broncha à peine.

- C'est de ta faute. Grogna t-elle le souffle court.
- Oui je sais. Excuse-moi. J'ai été maladroit et je ne savais plus que penser. Tu n'as de cesse de m'assurer que tu as changé et j'ai peut-être fini par y croire mais, au grand jamais, je n'ai voulu que tu en arrives là.
- C'est réussi.
- Je ne comprend plus rien. Tu dis des choses mais tes attitudes sont en totale contradiction avec tes paroles. Il est impossible de te suivre.

Cédant à la panique qui l'avait envahi, Negg prit Leïmy dans ses bras et l'étreignit avec force et fougue.
La jeune fille tenta de se dégager mais ses muscles faibles refusèrent de lui obéirent alors elle grogna :

- Lâche-moi.

Negg s'exécuta mais il la tint toujours par les épaules de manière à plonger son regard déconcertant dans l'acier du sien.

- Tu vois, tu cultives l'incompréhension.

Leïmy détourna les yeux en se libérant de la poigne de Negg avant de répliquer par une question :

- Qu'est-ce que cela peut bien te faire ?
- Moi aussi je t'aime. Que crois-tu ?

Les battements du cœur de Leïmy s'accélèrent brusquement mais elle le sentit également sombrer dans sa poitrine. C'était une joie intense accompagnée d'une tristesse immense. Un bien qui faisait mal. Quelque chose d'incroyablement agréable mais intensément douloureux. Un plaisir teinté d'une grande peine.
Leïmy secoua négativement la tête en se mordant la lèvre inférieure.

Chroniques d'une Mercenaire - Tome 2 : Amnésie [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant