Chapitre 16

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La nuit tomba.
Le corps douloureux et les muscles ankylosés, Leïmy s'était endormi d'un sommeil peu profond qui ne dura pas. Elle se réveilla en sentant une présence entrer dans la tente.

« Qu'est-ce que tu viens faire là ? Cracha t-elle à Leïje qui s'installa sur la couchette poussée contre la toile huilée de la paroi.
- C'est ma tente.
- Et pourquoi me gardes-tu dedans ?
- Il faut bien que tu dormes quelque part.
- Tu ne me feras pas croire qu'il n'y avait pas de tente libre. Tu veux m'avoir sous les yeux.
- En effet. Je ne veux pas courir le risque que tu t'échappes. L'une des prisons d'Orquia n'est pas parvenue à te retenir. Les nouvelles vont vite entre les guildes.
- Quelle est la somme que tu as exigé d'Orzan ?

Leïje eut un large sourire qui découvrit ses dents blanches et parfaites pour unique réponse. Même si il ne lui avait pas donné de réponse précise, l'expression du voleur était suffisante pour que Leïmy devine qu'il s'agissait de beaucoup d'argent. Ses yeux aciers s'allumèrent d'un éclat de convoitise.
La jeune fille tenta de prendre une posture langoureuse et aguicheuse dans la mesure de ce que lui permettaient ses liens.
Elle prit la parole d'une voix suave :

- Peut-être pourrions-nous rediscuter d'un arrangement mais sérieusement cette fois.
- Pas la peine d'étaler tes charmes. J'ai déjà fait une proposition à Orzan et il est hors de question que je revienne dessus. Il ne faut pas prendre les mercenaires à la légère. Je le sais car l'un des mes hommes l'a appris aux dépends de l'une de ses mains et par ta faute.

Leïmy eut besoin de quelques secondes avant de comprendre de quoi parlait Leïje.
Elle s'exclama :

- Arick fait partie de ta guilde ?
- Oui et grâce à lui je sais qu'il vaut mieux se tenir loin de toi pour sa sécurité.
- Cela, je l'ai toujours dit mais, si c'est ta santé qui te préoccupe, ne fais pas en sorte que je t'en veuille.
- Oh non. Ceux qui ont eu des problèmes sont ceux qui t'ont aidé. Je préfère t'avoir comme ennemie que comme amie. Tu es un danger pour ceux qui t'aiment.

Leïmy garda son regard luisant de rage sur Leïje en contractant les mâchoires. En voyant la haine suinter des pores de la mercenaire, Leïje se fit la remarque qu'il était certainement allé trop loin.
Il n'était pas bon de s'attirer les foudres de la redoutable Leïmy mais qu'aurait-elle pu lui faire ? Les cordes l'immobilisaient fermement.
Leïje aurait dû savoir que, lorsqu'on plongeait Leïmy dans un tel état de rage, rien ne la retenait.
La jeune fille évalua rapidement la distance la séparant du chef des voleurs, qui n'était pas grande. La mercenaire se ramassa sur elle-même puis bondit, détendant ses muscles et envoya ses pieds sous le menton de Leïje, le faisant durement chuter.
Terminant son mouvement plein d'élan en pirouette, Leïmy retomba sur ses pieds mais en restant accroupie pour être à la hauteur de Leïje qui se tenait à quatre pattes devant elle. Il releva le visage pour recevoir un coup de tête de Leïmy. Il retomba.

- Alors, lança la mercenaire, toujours aussi convaincu qu'il vaut mieux m'avoir en adversaire que comme alliée ?

Leïje se releva en tenant son nez que le coup de Leïmy avait fait saigner. Le voleur faucha les jambes de Leïmy qui s'écroula sans parvenir à se relever à cause de ses entraves. Il saisit le crâne de la mercenaire qu'il cogna contre le sol de pierre. Leïmy resta inerte, assommée.
Le chef des voleurs essuya son sang avec un morceau de tissus et déclara à l'attention de la jeune fille inconsciente :

- Ce n'est pas parce que je ne suis pas un mercenaire que je suis incapable de me défendre. »

***

Leïmy resta sans connaissance durant de longues heures puis elle commença lentement à s'éveiller.
Lorsqu'elle entrouvrit les yeux, elle n'eut même pas le temps de distinguer la tente de Leïje car une nouvelle crise la saisit. De violentes convulsions l'agitèrent. Son bras droit et son épaules gauche s'entaillèrent contre la pierre composant le sol.
La tente étant vide, personne n'assista à la crise de Leïmy.
Comme à chaque fois, elle finit par s'immobiliser mais ce n'était pas la fin de son malaise. La crise la laissa sans connaissance, prolongeant son inconscience de nombreuses heures.

Chroniques d'une Mercenaire - Tome 2 : Amnésie [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant