Chapitre 42

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Le voyage qui les ramena dans la région de Psiga fut placé sous le signe de la morosité.
Negg se montrait étrangement irritable et renfermé. Quant à Leïmy et Dévlin, ils étaient encore quelque peu traumatisés par le décès du jeune homme. Ce dernier échangeait le moins de paroles possibles avec les deux autres et évitait le regard de Leïmy.
Le canal scintillait le long de la route sur laquelle ils progressaient.
À présent, c'était Dévlin et Leïmy qui partageaient le dos de Brume.
Sango n'était plus très loin et chacun avait hâte que les accusation pesant sur son crâne soient réfutées.
Les sabots des chevaux claquèrent sur les pavés, annonçant leur arrivée.
Leïmy se dit que Léyan et son père avaient déjà dû quitter le village et qu'il était donc inutile de passer les saluer.
Ils se dirigèrent tous trois vers la joaillerie qui, étrangement pour cette heure où l'activité était élevée, était fermée.
Leïmy posa pied à terre, trouvant cela étrange.

« Que se passe t-il ? Murmura t-elle pour elle-même avant de hausser le ton pour les deux frères. Allons chez eux.
- Ce n'est pas obligé, la contredit Negg. Il suffit de vérifier si la pierre est à l'intérieur et, si c'est bien le cas, nous entrons, nous la volons et nous repartons. Rapide et silencieux.

Leïmy se mordit la lèvre inférieure mais se pressa de dissimuler son trouble.
Trop préoccupée par l'état de Negg après leur affrontement contre Vargo, elle ne s'était pas soucié du talisman et ce n'était qu'ensuite qu'elle s'était aperçu qu'elle ne le portait plus à sa ceinture ni nulle part ailleurs.
Certainement était-ce Vargo qui l'avait emporté, attiré par la magie qu'il contenait et elle n'en avait pas informé les deux autres. Elle savait que Dévlin sortirait de ses gonds mais elle s'en moquait complètement. Le nécromancien ne l'effrayait pas, même lorsqu'il était en colère.
Elle annonça d'une voix calme et détachée :

- C'est impossible. J'ai perdu le talisman.
- Pardon ? S'exclama Dévlin en s'étranglant presque.
- Je pense que c'est la créature qui l'a pris mais, lorsque j'ai remarqué son absence, il était déjà trop tard. De toute manière, nous n'en avons plus besoin puisque nous savons exactement où sont les pierres.

Dévlin descendit à son tour de la jument et se piqua devant la mercenaire en s'énervant encore davantage :

- Ça reste un artefact magique rarissime et d'une valeur inestimable et tu l'as égaré stupidement !

Leïmy plaqua Dévlin contre le mur de la joaillerie et se justifia sur le ton de la menace :

- Désolée mais j'étais un peu plus inquiétée par la mort de ton frère que par ce morceau de métal !
- Je préférais éviter ce sujet.

Intervint Negg en détournant le regard. Leïmy lâcha Dévlin pour diriger sa colère permanente vers le frère du nécromancien dont la manie de faire comme si de rien ne s'était produit commençait sérieusement à avoir raison de sa très courte patience mais elle n'eut pas le temps de déverser son venin car une voix qu'elle connaissait s'éleva derrière le trio :

- Leïmy ? Cela est surprenant. Je pensais que vous ne reviendriez pas.

La mercenaire se tourna vers Garoze.
L'armurier semblait avoir vieilli de plusieurs années ces dernières semaines. Son visage était marqué de nouvelles rides très profondes et ses yeux étaient rougis soit par le manque de sommeil soit par les larmes.
Leïmy dissimula sa surprise de le voir ici et demanda de son habituelle voix froide :

- Que faîtes-vous encore là ? Je vous croyais déjà loin, Léyan et vous.
- Léyan l'est sûrement, je l'espère. Répondit l'armurier d'un ton extrêmement désolé.
- Que voulez-vous dire ? Savez-vous pourquoi la joaillerie est fermée ?
- Harran est en plein deuil. Il ne sort plus de chez lui.

Chroniques d'une Mercenaire - Tome 2 : Amnésie [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant