Le petit groupe progressait d'un bon pas. Le massif d'Allique se rapprochait et ses formes se précisaient un peu plus à chaque heure.
Si seulement l'amélioration pouvait être la même en ce qui concernait l'ambiance entre les trois compagnons. Ils ne s'adressaient pas la parole. Negg et Leïmy toujours pour les mêmes raisons et Negg en voulait à Dévlin pour les reproches qui lui avait fait à l'auberge.
La convivialité entre eux était aussi basse et inexistante que le temps était ensoleillé et la chaleur accablante. Leïmy avait soulevé ses cheveux en un chignon haut pour tenter de soulager un peu la moiteur qui l'enveloppait et Dévlin s'était débarrassé de sa cape qu'il avait rangée dans son sac. Quant à Negg, il faisait comme si de rien n'était malgré la sueur lui coulant dans les yeux et collant ses boucles rousses à son front.
Le niveau d'eau dans les gourdes baissait rapidement, trop rapidement. Ils seraient à court dans quelques jours.« Nous ne tiendrons pas, annonça Negg, prononçant à voix haute ce que tous savaient et craignaient. À cette cadence, nous serons morts avant d'avoir traversé le massif d'Allique.
- Les montagnes ne sont pas aussi loin que cela, répondit Dévlin sans cesser d'avancer. Nous trouverons certainement de l'eau là-bas, j'en suis sûr.
- Peut-être devrions-nous tout de même ralentir quelque peu le pas. Cela nous permettra d'économiser un peu d'eau.Proposa Leïmy en s'épongeant le front de son bras.
La chaleur étouffante la rendait bien moins vindicative qu'à l'accoutumée.
Dévlin regarda derrière eux. A part le chemin caillouteux traversant la plaine poussiéreuse parsemée de pins parasols et de buissons aux branches grêles, il n'y avait rien, comme à chacune des fois où il avait inspecté les alentour pourtant, il avait la très nette sensation d'être épié et en danger.
Il revint à la conversation en cours et secoua négativement la tête en réponse à la suggestion de Leïmy.- Cela serait inutile, précisa t-il. L'eau que nous épargnerons en ne progressant pas nous permettra effectivement de gagner un ou deux jours mais cela reviendra au même, nous n'avancerons pas davantage.
- Depuis quand est-ce toi qui commandes dans le groupe ? Lui lança Leïmy.
- Depuis que je suis le seul à qui le soleil n'a pas grillé la cervelle. Nous devons avancer le plus loin et le plus rapidement possible.Negg observa son frère qui mettait un pied devant l'autre avec détermination malgré les rayons brûlants et qui ne cessait de vérifier leurs arrières avec ce qui semblait être de l'inquiétude, comme le confirmait la ride barrant son front perlant de sueur.
- Est-ce moi où tu as peur qu'on nous suive ? Demanda Negg à Dévlin.
- J'ai en effet cette impression. C'est pour cela que je voudrais me déplacer aussi vite que possible.
- Et c'est sur nos crânes que le soleil a tapé... Grogna Leïmy, mais pour te rassurer, nous ne nous arrêterons qu'une fois au pied du massif. Prenons notre mal en patience. »Leïmy reprit son habituel ton sans appel de commandement, mais pas la tête du groupe.
Ils atteignirent le pied des montagnes deux heures plus tard.
Bien moins hautes que le mont Kieff, leurs sommets n'étaient pas saupoudrés de neige et leurs flancs dépourvues de forêt. À la place des pins, il n'y avait que les pentes caillouteuses.
Tous trois épuisés, ils se laissèrent tomber au sol, les jambes coupées par la chaleur. La première chose qu'ils firent fut de sortir leurs gourdes pour les déboucher.
Les lèvres craquelées de Leïmy se fendirent en plusieurs endroits alors qu'elle les posait autour du goulot.
L'eau tiède fit un bien fou à sa gorge irritée par la sécheresse mais elle ne s'autorisa pas plus de quelques gorgées où se mêlait le goût du sang. Elle fut tentée un instant de se renverser une partie du contenu de la gourde sur le visage mais il était inutile de gaspiller cette ressource devenue précieuse.
Elle releva son regard vers la montagne au pied de laquelle ils s'étaient écroulé. La luminosité du soleil ne permettait pas de voir bien haut. La pente était douce pour l'instant mais pleine d'éclats de pierres et d'irrégularités sur tout le chemin. Quelques arbres poussaient ça et là.
Avec un soupir de résignation, Leïmy laissa tomber sa gourde dans le fond de son sac.
Tout comme la jeune fille, Negg n'avait avalé que quelques gorgées, contrairement à Dévlin qui s'était contenté d'ingurgiter une lampée d'alcool.
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Chroniques d'une Mercenaire - Tome 2 : Amnésie [Terminé]
FantasyAlors que deux des pierres de magie sont encore dans la nature et que les effets de la réunification des cinq magies se font de plus en plus sentir de manière inattendue et dangereuse, la quête pour sauver le monde de Welkonn semble devenir difficil...