Chapitre 11

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 - Elle est où ?

Voilà, je l'ai posée. Cette question que j'ai au bord des lèvres depuis maintenant un mois. Elle n'est pas passée depuis un mois. Elle passait tous les jours de cours depuis le début de l'année scolaire. Je la voyais depuis ma fenêtre. Mais elle n'est as passée depuis un mois. Pas un jour, pas une semaine. Un mois. Elle doit passer. Elle n'a pas le choix, c'est comme ça.

 - Elle est où bordel ?

Cette fois j'ai crié. C'est pas normal, elle devrait être là. Elle devrait être passée. Cette fille est la seule forme de continuité dans ma vie actuellement. Clément est retourné chez lui, ma mère est de moins en moins souvent là et quand c'est le cas, elle est distante. Même l'ordre de passage des infirmiers a changé ! Et cette fille, ce joli visage harmonieux de fille timide, c'est le seul repère que j'ai encore.
Et maintenant elle ne passe plus.

 - Elle est où ? Qu'est-ce qu'elle fout ? Où est-ce qu'elle est passée ?

Adina déboule dans la chambre. Elle est toute en sueur, elle sort sûrement du sport. Pourquoi elle est là ?

 - Un infirmier est venu me dire que tu criais et vu que c'est une flipette, il m'a dit de venir te voir alors calme toi s'il-te-plait, j'ai autre chose à faire.

Je soupire, tourne en rond, marmonne en boucle la même ristourne, la seule chose à laquelle je pense : "Elle est où ?"

 - Bon sérieux tu vas te calmer, on dirait un gosse ! Tu parles de la fille que tu traques dès qu'elle passe dans la rue je parie ? Elle a sûrement changé d'itinéraire en se disant que c'état glauque de passer tous les jours devant un hôpital, surtout si un taré te fixe à chaque fois. Et rien que ton état actuel prouve qu'elle a eu raison.

 - TA GUEULE ! Arrête avec ton putain de sarcasme. On a tous compris que tu me détestes, pas la peine d'en rajouter ! Et c'est quoi ton histoire à toi ? Hein ? Tu sais tout de nous, Anne-Lise, mes potes, mon père, mais toi ? Alors tu vas arrêter de te prendre mon amie et te taire !

 - Putain de comportement de gamin. Je parle pas de ma vie aux gens qui se comportent comme des bébés. Et la prochaine fois que tu me gueules dessus, tu t'en prends une, compris ? Maintenant calme toi.

 - Non ! Je vais pas me calmer ! J'ai peut-être un cancer, tout le monde m'abandonne mais pas elle ! Cette fille c'est mon seul putain de divertissement, la seule chose dans TOUTE ma vie qui n'est pas en train de s'écrouler, la seule qui me fait oublier pendant cinq secondes chaque jour que je vais potentiellement crever. Alors elle peut pas partir.

Elle se tait enfin. J'ai envie de la frapper. Elle m'a menacé ! Et c'est vrai ce que j'ai dit, on ne sait rien d'elle. Qui c'est en dehors de l'hôpital ? Je recommence comme il y a quelques secondes, avant son intervention, à tourner en rond en marmonnant encore et toujours la même phrase.

 - Je me casse, j'aime pas les rageux. Et arrête de chouiner !

Elle se part et je réalise que je pleure. Je ne peux pas pleurer, je suis un garçon ! Je dois garder la face. Je suis allé beaucoup trop loin.

 - Elle est où putain ? Elle est où ? Elle est où ?

Je continue encore comme ça pendant une demi-heure, quand Adina revient dans ma chambre, accompagnée cette fois d'une infirmière.

 - Elle est ici.


FIN DE LA PREMIRE PARTIE

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